Rémi Marcoux : De la Beauce au Mexique

Publié le 12/02/2011 à 00:00, mis à jour le 16/02/2012 à 08:08

Rémi Marcoux : De la Beauce au Mexique

Publié le 12/02/2011 à 00:00, mis à jour le 16/02/2012 à 08:08

R.V. - Comment avez-vous choisi l'entreprise que vous avez achetée ?

R.M. - J'ai eu l'opportunité, à la fin septembre, d'acheter un petit atelier de composition dans le parc industriel de Ville Saint-Laurent. Au départ, j'ai pris 75 % des parts. Je n'avais pas besoin d'injecter beaucoup de capital. Le propriétaire avait également une petite société d'édition, dont j'ai acquis 25 %. Les problèmes à l'atelier de composition n'étaient pas bien graves. Rapidement, cela m'a donné un gagne-pain.

Entre-temps, en novembre, l'Imprimerie Transcontinental, qui avait été lancée en 1973 par le beau-père de M. Péladeau, André Lemieux, avait accumulé beaucoup de dettes. M. Lemieux est mort subitement et son successeur n'avait pas assez d'expérience. Il a donc connu des difficultés financières.

R.V. - Qu'avez-vous fait alors ?

R.M. - Un des créanciers m'a alors approché pour que j'en fasse l'évaluation. J'ai essayé de vendre l'entreprise pour le compte de la succession, mais personne ne voulait l'acheter. J'ai entrevu la possibilité d'en devenir propriétaire. J'ai négocié une proposition serrée avec les créanciers et la succession. Je me suis donc retrouvé avec une entreprise qui n'avait pas d'équité, mais pas de dettes non plus. C'était déjà un point de départ.

R.V. - Qui s'appelait déjà Transcontinental... Comment avez-vous développé l'entreprise ?

R.M. - Quand j'étais chez Quebecor, j'étais très engagé dans le secteur de l'imprimerie. C'était le début des circulaires. Il n'y en avait pas beaucoup à cette époque-là. Les grands détaillants faisaient leur publicité dans les quotidiens. Cependant, les circulaires commençaient aux États-Unis. J'avais rencontré un imprimeur qui m'avait dit que ça allait jouer un rôle important dans le futur. Je me suis dit : " Si on se spécialise dans ce secteur, on devrait bien gagner notre vie. " Je suis allé voir Claude Dubois, avec qui j'avais travaillé chez Quebecor. Je lui ai montré mon plan de travail ; il a été enthousiaste. On a rouvert l'usine en janvier et, avec de nouveaux équipements, on s'est spécialisés, dans les circulaires dès le premier jour.

R.V. - Quel est le secret de votre réussite ?

R.M. - J'avais un bon plan de travail, qui était partagé. Claude Dubois est un grand marketer, et il est allé chercher André Kingsley, un grand vendeur. Nous sommes les trois fondateurs de Transcontinental : un excellent vendeur, un spécialiste du marketing et moi. Des gens qui s'entendaient sur le fond.

R.V. - Est-ce que ce genre d'alliance est l'élément essentiel de la réussite ?

R.M. - Oui, c'est très important. D'ailleurs, nous avons travaillé ensemble de nombreuses années et nous n'avons jamais eu de conflits. Nous avions souvent des discussions sur l'orientation de la société, mais jamais de désaccords profonds.

R.V. - Sauf que le grand patron, c'était quand même vous.

R.M. - Oui, c'était moi. Au départ, j'étais prêt à partager l'équité de l'entreprise. J'en garderais 51 %, ils se partageraient le reste. J'ai toujours cru que ça prenait un responsable, surtout quand on est une PME. C'est ce que les banques veulent : si tu es prêt à mettre ta signature au bas d'un contrat, tu vas défendre ton entreprise jusqu'à la fin. Quand on a rouvert l'usine, je peux vous dire qu'on a travaillé très fort. Je pense que j'ai travaillé sept jours par semaine pendant sept mois. Et mes associés en ont fait autant. Il fallait développer le marché des circulaires.

Rémi Marcoux voulait bâtir une entreprise aux intérêts

L'acquisition du journal Les Affaires a marqué un tournant important pour Transcontinental, qui réalise ainsi sa première incursion dans le domaine de l'édition.

R.V. - Comment le journal Les Affaires et les magazines ont-ils fini par se rejoindre chez Transcontinental ?

R.M. - La première occasion que j'ai eue, ç'a été d'acquérir le journal Les Affaires, que l'on imprimait. M. Levasseur, qui le possédait, était décédé subitement et son fils, Jean-Paul, n'était pas préparé à prendre la relève. Le journal était en difficulté. Il nous devait de l'argent. Je me suis entendu avec lui sur le prix.

R.V. - Vous étiez sûr que cela allait marcher ?

R.M. - J'avais la conviction profonde qu'un bon journal qui traite des affaires au Québec avait sa place. À cette époque, tout ce que nous avions, c'était un journal qui venait de Toronto et qui parlait très peu de ce qui se passait dans la province. Comme j'étais passé par les HEC, j'étais convaincu que le moment était parfait pour une publication qui représentait la communauté d'affaires du Québec. Je savais qu'elle aurait du succès.

R.V. - Cela a été votre premier journal ?

R.M. - Oui, et j'en suis très fier. Mais quand j'ai acquis le journal, il n'avait pas été publié depuis deux semaines et ne répondait pas aux besoins de la communauté. Le rédacteur en chef n'était pas sur la même longueur d'onde que moi. Il est donc parti. Pour le remplacer, je suis allé chercher Rosaire Morin. Il s'occupait du Conseil de l'expansion économique, qui publiait justement un journal. Il est devenu temporairement responsable du journal jusqu'à ce que je trouve quelqu'un de permanent.

R.V. - Et vous êtes allé chercher quelqu'un du domaine de l'édition.

R.M. - Finalement, j'ai recruté Claude Beauchamp, qui était alors le patron du journal Le Soleil. Il a emmené avec lui Jean-Paul Gagné [qui a été éditeur du journal Les Affaires de 1997 à 2007] et un directeur de publicité de La Presse. Cela a été le début du secteur de l'édition chez Transcontinental. Quand il était étudiant, Claude avait travaillé au journal Les Affaires. Pour lui, c'était un retour aux sources. Je dois dire qu'il a fait un sacré bon boulot.

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