Pop corn et leadership

Publié le 01/10/2010 à 00:00

Pop corn et leadership

Publié le 01/10/2010 à 00:00

Uniquement source de divertissement, le cinéma ? Que non ! Voici ce qu'il peut enseigner aux leaders.

Les meilleures leçons de leadership se louent au club vidéo. Sans blague.

Certains films offrent plus que du drame, de l'aventure ou du suspense. On y trouve aussi des personnages de patrons, de chefs, de commandants et de leaders.

Certains incarnent tout le contraire de l'exemple à suivre. Prenez Miranda Priestly (Meryl Streep), dans Le diable s'habille en Prada. L'épouvantable rédactrice en chef du magazine Runway maîtrise mieux que quiconque l'art de la réplique expéditive : " Allez donc ennuyer quelqu'un d'autre avec vos questions ". Prenez aussi Blake (Alec Baldwin), l'arrogant représentant dans Glengarry Glen Ross. Son concours de vente, censé " motiver " l'équipe de courtiers immobiliers, se présente comme suit : " Le premier prix est une Cadillac Eldorado. Le deuxième est un ensemble de couteaux à steak. Le troisième : vous êtes viré ".

Heureusement, ces leaders sortis tout droit de l'enfer ne sont pas les seuls à peupler les rayons des vidéoclubs. D'autres sont autrement plus inspirants. Qui plus est, ces personnages déploient au grand écran des compé-tences de leaders tout à fait utilisables dans un cadre moins hollywoodien. Le vôtre.

Cinq exemples à imiter.

Apollo 13 (1995)

Malgré toutes les études publiées sur le sujet, on ignore encore la recette exacte du leadership. " On sait que les leaders sont un peu plus habiles que la moyenne en communication ", dit le professeur au Département de communication sociale et publique de l'UQAM, Pierre Mongeau. Cela dit, ceux qui traquent les manifestations de leadership au cinéma sont nombreux à mentionner Apollo 13. Ce film de Ron Howard relate une histoire vraie, celle du rapatriement en catastrophe de l'équipage d'un vaisseau spatial victime d'une explosion entre la Terre et la Lune. On a surtout retenu de ce suspense en apesanteur la réplique : " Houston, on a un problème ". Pourtant, chacune des répliques du directeur de vol Gene Kranz (Ed Harris) mériterait une place dans tout bon manuel de management. Le leadership de celui qui dirige les opérations depuis le centre de contrôle de Houston crève l'écran. Son gilet couleur vanille, ses cheveux en brosse, tout son être dégage le sang-froid. Au fil de cette course contre la montre, il se fait obéir sans crier, il demeure optimiste et mise sur ce qu'il a, et non sur ce qui est perdu, il sollicite l'avis de ses experts, il sait transmettre à son équipe des objectifs clairs et trouve les mots pour pousser son équipe à se dépasser. Car, pour lui, " l'échec n'est pas envisageable ". Mais par-dessus tout, Gene Kranz sait communiquer. C'est ce qui en fait un leader hors pair. Apollo 13 n'est rien d'autre qu'un film portant sur le triomphe de la communication pour parvenir à surmonter les pires épreuves.

Haut dans les airs

(v.f. de Up in the Air) (2009)

Ryan Bingham (George Clooney) passe 270 jours par année en déplacement. Toujours un avion à attraper. Ses seules possessions tiennent dans son bagage de cabine. À l'hôtel, il se sent comme chez lui. L'homme aux dix millions d'Air Miles sillonne les États-Unis, payé par de grandes entreprises pour accomplir un mandat sinistre : couper des têtes. A priori, l'histoire d'un sous-traitant spécialisé dans les compressions de personnel a peu de chances d'émouvoir qui que ce soit. Et pourtant, Ryan Bingham y parvient. L'homme est convaincu qu'on ne peut pas licencier des gens par l'entremise d'une vidéoconférence, comme le suggère la nouvelle recrue de sa firme. Il croit plutôt que l'approche humaine aide à faire passer la pilule. En regardant ceux qu'il remercie droit dans les yeux, il laisse tomber : " Tous ceux qui ont bâti un empire ou changé le monde se sont retrouvés à votre place. Et c'est parce qu'ils ont été à cette place qu'ils ont été capables de faire ces choses ". Et le truc fonctionne presque à tous les coups : le nouveau chômeur ramasse sa lampe de table, sa plante, les photos de ses enfants... avec l'ambition de conquérir le monde ! " Un bon leader sait recadrer la réalité de son groupe dans une perspective plus large, dit Jacques Tremblay, consultant en développement organisationnel. Il nomme le problème d'une autre façon ou fait voir des choses auxquelles l'autre n'avait jamais pensé. "

La société des poètes disparus

(v.f. de Dead Poets Society) (1989)

" Un leader doit savoir reconnaître la réalité de son groupe, dit Jacques Tremblay. Les gens aiment être compris. Ils suivront quelqu'un qui les comprend. " " Dans nos recherches, précise à ce propos Pierre Mongeau, on a découvert que les gens reconnaissaient comme "influent" le membre d'un groupe qui tenait le discours le plus semblable à celui des autres. " Un bel exemple : John Keating (Robin Williams), l'inoubliable professeur de lettres anglaises dans La société des poètes disparus. Il grimpe sur son bureau pour inciter ses élèves à voir le monde d'un autre point de vue et leur fait déchirer les pages de leurs manuels scolaires qu'il juge inutiles. Dans sa classe, dit-il, les élèves apprennent à penser par eux-mêmes et s'ils ne devaient retenir qu'une chose de son cours, c'est que " les mots et les idées peuvent changer le monde ". Le style flamboyant et cabotin de Keating jure avec celui, plus austère, des autres profs de l'établissement. Si ses méthodes ne séduisent pas outre mesure la direction de l'école, Keating en revanche exerce une fascination sur ses élèves. C'est qu'il sait qu'en exploitant le désir de révolte et le rejet de l'autorité de ces adolescents, il parviendra à les intéresser à un sujet aussi peu cool que la poésie. À sa façon, Keating montre que lorsqu'on connaît son public, lorsqu'on sait quelles cordes faire vibrer pour le toucher, l'émouvoir, on peut le mener n'importe où.

Karaté Kid (v.f. de The Karate Kid) (1984)

Un honnête homme à tout faire et immigrant japonais, M. Miyagi (Pat Morita), se donne pour mission d'enseigner au jeune Daniel Laruso l'essence du karaté. Noble mandat. Or, l'entraînement du jeunot a donné lieu à des scènes devenues cultes. Alors que Daniel espérait apprendre des techniques de combat, des prises et des coups, M. Miyagi lui demande de laver et cirer ses voitures, de poncer un plancher, de teindre la clôture de son jardin. Et toutes ces corvées, l'apprenti doit les faire selon une gestuelle quasi chorégraphique : lustrer-frotter, monter-descendre, etc. Au moment où Daniel en a jusque-là de ces travaux éreintants et qu'il jette l'éponge, M. Miyagi lui révèle alors que tous ces petits gestes n'étaient pas anodins. Il s'entraînait en fait à des mouvements de karaté sans le savoir. " Un leader doit pouvoir orienter l'action du groupe vers des résultats, dit Jacques Tremblay. Et des actions que les gens sont capables de réaliser ! Un des problèmes majeurs des grandes organisations, c'est que les gestionnaires de premier niveau reçoivent des directives générales de la haute direction, mais ils ne parviennent pas à les traduire en réalités concrètes pour leurs employés. "

Carnets de voyage (v.f. de Diarios de motocicleta) (2004)

Un étudiant en médecine et un jeune biochimiste entreprennent un périple en Amérique du Sud, sur une vieille moto surnommée " La Vigoureuse ". Découvrant sur le continent les injustices subies par les Indiens chassés de leurs terres, ils seront transformés par ce roadtrip devenu voyage initiatique. De cette aventure, l'étudiant en médecine, un certain Ernesto Guevara (Gael García Bernal) tirera les principes auxquels il consacrera sa vie. Bientôt, sur une île des Antilles, on l'appellera " Che ". Ce film a inspiré Philippe Le Roux, président de la firme de marketing Phéromone, à plusieurs degrés. " Il illustre l'importance de ne jamais renier ses valeurs et ses principes, quelle que soit l'adversité à laquelle on doit faire face, dit-il. C'est une chose importante dans mon rôle de chef d'entreprise, car les compromis que nous faisons sur nos valeurs finissent toujours pas nous coûter plus cher que leur respect. " Quand la moto d'Ernesto Guevara et de son copain rend l'âme, les deux s'adaptent et continuent à pied. Philippe Le Roux a tiré une autre leçon de ces embûches : " On peut bien avoir toutes sortes de méthodes pour planifier le travail, en fin de compte, on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer. " Autrement dit, la réalisation d'un projet est cent fois plus importante que sa planification. C'est une idée qu'il a intégrée à la culture de son entreprise. " Dans mon style de gestion, dit-il, je me concentre beaucoup plus sur les résultats que sur les processus qui permettent de les atteindre. " L'influence de Che Guevara à Cuba est palpable... mais qui aurait cru qu'un pan méconnu de la vie du célèbre révolutionnaire inspirerait une firme de marketing... au Québec !

COMME GENE KRANZ / APOLLO 13

" Il se fait obéir sans crier, il demeure optimiste et mise sur ce qu'il a, et non sur ce qui est perdu, il sollicite l'avis de ses experts... "

COMME RYAN BINGHAM / HAUT DANS LES AIRS

" Un bon leader sait recadrer la réalité de son groupe dans une perspective plus large... "

COMME JOHN KEATING / LA SOCIÉTÉ DES POÈTES DISPARUS

" Les gens reconnaissaient comme "influent" le membre d'un groupe qui tenait le discours le plus semblable à celui des autres... "

COMME ERNESTO GUEVARA / CARNET DE VOYAGE

" Il illustre l'importance de ne jamais renier ses valeurs et ses principes, quelle que soit l'adversité à laquelle on doit faire face... "

COMME M. MIYAGI / KARATÉ KID

" Un leader doit pouvoir orienter l'action du groupe vers des résultats... "

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