L’Europe à la recherche de solutions

Publié le 29/08/2009 à 15:54

L’Europe à la recherche de solutions

Publié le 29/08/2009 à 15:54

Les pays frappés par une pénurie de main-d’oeuvre et une baisse de fécondité lorgnent le modèle scandinave.

Lorsque le bassin d’hommes et d’immigrants a été littéralement «épuisé» en Suisse, pour reprendre l’expression de l’économiste suisse Stefan Wolter, le pays a commencé à regarder du côté d’une main-d’oeuvre largement sous-utilisée: les femmes. 80% de celles qui travaillent le font à temps partiel essentiellement parce que concilier boulot et vie familiale est une épreuve quotidienne. Le gouvernement vient de débloquer des sommes substantielles aux cantons afin de créer des places en garderie et instaurer dans les écoles un horaire continu, soit de 9h à 16h de prise en charge de tous les enfants. En attendant, les jeunes suisses, hormis les très pauvres qui restent à la cantine, vont à la maison dîner ce qui est un joli casse-tête lorsqu’on travaille.

«La pénurie de main-d’oeuvre a été l’unique déclencheur de ce nouveau discours», dit Lorraine Plante, directrice des communications aux Retraites Populaires, des assureurs de Lausanne. Mère d’une fillette de 9 ans, elle a dû user de beaucoup d’imagination -et débourser pas mal d’argent- pour concilier vie familiale et professionnelle. «La Suisse est une société patriarcale qui n’a jamais fait cas de ces questions. Il commence à y avoir une conscientisation tout simplement parce qu’on a besoin de femmes pour combler les postes.» Et que le taux de natalité a chuté sous la barre du 1,5.

La réaction suisse n’est pas unique, loin s’en faut. Dans tous les pays frappés à la fois par une baisse de fécondité dramatique et une pénurie de main-d’oeuvre, on cherche des solutions pour accommoder la main-d’oeuvre féminine. Pas par altruisme: aucun ne peut aujourd’hui se permettre de bouder la moitié de sa main-d’oeuvre tout en compromettant le renouvellement des générations.

S’inspirer du modèle scandinave

Chaque pays, par son histoire et sa culture, a ses problématiques propres. En Espagne, c’est la question des horaires qui est au centre des discussions. Certaines voix proposent d’abolir la très longue pause du lunch, qui s’étend, grosso modo, de 14h à 17h. Tout s’arrête, y compris les commerces, de sorte que les travailleurs ne rentrent pas à la maison avant 20h, voire 21h. La première entreprise électrique d’Espagne, Iberdrola, vient de conclure une entente qualifiée d’historique avec ses syndicats: l’implantation de l’horaire continu pour ses 9 000 salariés. «Mais ça ne sera pas facile de changer ça. La culture des horaires étendus est très ancrée dans les mentalités», dit Teresa Torns, professeure de sociologie à l’Université autonome de Barcelone.

«L’horaire espagnol est très difficile pour les femmes», dit Eva Maria Abans, partenaire chez Ernst&Young, à Barcelone. «Durant la pause du midi, c’est compliqué d’aller à la maison. Et comme les écoles et les garderies ferment à 16h, ça prend une aide ménagère, ou un appui de la famille. Sans cette aide, c’est l’enfer. La présence au bureau est importante dans ce pays, sinon on pense qu’on ne travaille pas. J’aime ce que je fais, mais l’équilibre avec la vie familiale est difficile à atteindre.»

L’État espagnol ne reste plus les bras croisés: la «loi de l’égalité» a été votée en 2007 pour baliser certaines pratiques en entreprise. L’État accorde désormais 15 jours de congé de paternité et 100% du salaire au lieu de 60% durant les 4 mois prévus du congé de maternité. «La loi ne change pas les mentalités du jour au lendemain, dit Teresa Torns, mais elle garantit des balises légales.»

Les mesures prises par le gouvernement sont importantes, dit Eva Maria Abans, mais c’est dans les bureaux qu’elle croit que la bataille doit être principalement menée. «Et plus il y aura de femmes dans les postes de direction, mieux on comprendra leur réalité et les choses commenceront à changer.»

En Allemagne, ce sont les mentalités qui doivent changer. Avec un taux de natalité catastrophique (1,32) et 80% des femmes qui travaillent à temps partiel, la situation est critique. «Même la chancelière Angela Markel en parle! C’est devenu une grande préoccupation et c’est nouveau pour l’Allemagne», dit Carl Haub, chercheur au Population Reference Bureau, une ONG basée à Washington.

Dans ce pays, comme chez le voisin autrichien, les services de garde n’ont jamais été développés, hormis dans l’ancienne Allemagne de l’Est. La différence est notable: dans l’ouest de l’Allemagne, seuls 3% des plus petits ont une place en garderie, contre 37% dans l’ex-RDA. Et ceux qui existent ferment... à 13 heures! La prise en charge des enfants en maternelle durant la journée entière n’excède pas 18%. «Je connais des gens qui vivent ça et c’est un terrible casse-tête», dit Carl Haub.

À l’instar des autres pays européens pris dans sa situation, l’Allemagne cherche des réponses du côté de la Scandinavie et tente d’adapter quelques éléments de sa recette. Dernière mesure en date: quatre semaines de congé de paternité. «Je suis curieuse de voir si les différentes mesures que les Allemands ont adopté vont donner des résultats», dit la sociologue norvégienne Trude Lappegard, chercheuse à Statistics Norway, à Oslo. «J’en doute.»

Le modèle scandinave est le résultat d’un long processus, ajoute-t-elle, qui a apporté un changement profond dans les mentalités, dans les relations hommes-femmes, dans celles en entreprise, dans la responsabilité de l’État vis-à-vis des enfants et dans l’acceptation que les femmes pouvaient à la fois travailler et avoir des enfants. «C’est plus profond que quelques mesures adoptées à la va-vite dit Trude Lappegard. C’est une société entière focusée sur l’éducation de ses enfants.»

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