La création de programmes de formation d'appoint est l'une des principales solutions mises de l'avant pour pallier la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.
C'est la voie qu'a adoptée notamment l'Ordre professionnel des technologistes médicaux du Québec, un des secteurs où le manque imminent de spécialistes soulève de vives inquiétudes. "D'ici 2015, 60 % de nos membres [soit 2 580] auront quitté la profession, soit parce qu'ils seront partis à la retraite, soit parce qu'il ont changé de travail", dit la présidente, Nathalie Rodrigue.
Onze diplômés de la cuvée 2007
Cet Ordre a élaboré avec le Collège de Rosemont un programme de formation d'appoint intitulé Intégration à la profession de technologiste médical qui s'adresse aux nouveaux arrivants.
"La plupart des gens qui s'y sont inscrits venaient des pays du Maghreb. Le programme, dont la durée était de 18 mois, a accueilli ses premiers étudiants à l'automne 2007. Sur 18 personnes inscrites, 11 ont complété le cours et obtenu leur attestation d'études collégiales. Tous ces diplômés ont rapidement trouvé un emploi dans leur domaine d'étude."
Pour pouvoir s'inscrire, les nouveaux arrivants devaient avoir décroché un diplôme en technologie médicale dans leur pays d'origine ou avoir complété une formation équivalente. Le programme a pris fin en mai 2008, mais il est question de le remettre sur les rails.
"Nous devons apporter des modifications à ce programme, car il a produit seulement 11 diplômés alors qu'il nous en faut beaucoup plus. Une des raisons qui expliquent pourquoi seulement 11 étudiants sur 18 ont complété la formation d'appoint tient à l'horaire (de 16 h à 22 h) qui ne convenait pas adapté à des travailleurs ou à des personnes ayant des responsabilités familiales."
L'Ordre des technologistes médicaux souhaiterait que la formation soit plus courte ou que des cours sur mesure soient offerts.
Manque d'ouverture
À Montréal, le Cégep de Rosemont et le Collège Dawson sont les seuls établissements à offrir un programme de technologie d'analyses biomédicales, mais ces deux collèges n'offrent pas de programmes d'appoint.
De plus, il arrive fréquemment que les collèges ne respectent pas les prescriptions de formation de l'Ordre et ne reconnaissent pas les études antérieures des immigrants. "Je déplore le manque d'ouverture de certains établissements, dit Mme Rodrigue. Cependant, les cégeps de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Saint-Hyacinthe et de Saint-Jérôme respectent nos prescriptions de formation et intègrent les immigrants aux cohortes existantes, et cela fonctionne. Le hic, c'est que ces établissements sont situés à l'extérieur de Montréal."
En l'absence de programmes de formation d'appoint, l'Ordre des technologistes médicaux songe à recourir à une autre solution : le maintien en emploi des personnes de 50 ans et plus grâce à un éventuel programme du ministère de la Santé et des Services sociaux. "Nous travaillons également à sensibiliser les conseillers en orientation pour qu'ils informent les jeunes de notre besoin criant de spécialistes."
Pour l'Ordre, il s'agit d'une course contre la montre, et toutes les solutions sont mises en oeuvre. "Par exemple, nous participons à des salons de l'emploi et nous avons élaboré une trousse d'information que nos membres ambassadeurs remettent aux étudiants du secondaire."
