Scott Blanchard baigne dans le leadership depuis son enfance. Son père, Ken, un gourou de renommée mondiale sur ce sujet, a bâti l'empire The Ken Blanchard Companies, qui offre des programmes de leadership dans plusieurs pays. Nous avons rencontré le vice-président aux solutions clients de l'entreprise familiale lors de son récent séjour à Montréal.
Journal Les Affaires - Quelles sont les qualités essentielles pour être un bon leader ?
Scott Blanchard - L'auteur Jim Collins a écrit ce que j'ai trouvé de plus intéressant à ce sujet. Il a découvert deux qualités propres aux leaders lorsqu'il a préparé son livre Good to Great. La première ne l'a pas surpris : c'est cette volonté de toujours vouloir atteindre un bon rendement. Les bons leaders ont une vision, des buts et sont motivés à les atteindre. Ils ont aussi la capacité d'inspirer les autres à vouloir atteindre ces buts. La deuxième qualité l'a surpris. C'est de faire preuve d'humilité. Le leader qui a cette qualité remercie tous ses employés lorsque l'entreprise a du succès et assume ses responsabilités lorsque les choses vont moins bien.
JLA - Ces qualités peuvent-elles être développées ou sont-elles innées ?
S.B. - Elles peuvent être cultivées, mais elles sont aussi très naturelles chez certaines personnes. D'ailleurs, on peut souvent les remarquer dès un très jeune âge. Une étude menée dans une entreprise que je connais a démontré que les meilleurs vendeurs de l'équipe avaient ces qualités innées. Ils performaient mieux, car ils avaient cette capacité d'être humbles, et donc, obtenaient la confiance de leurs clients.
JLA - Vous parlez de ces qualités chez des vendeurs. Peuvent-elles donc être exigées de tous les employés de l'organisation, peu importe leur niveau hiérarchique?
S.B.- Je crois que oui, mais je pense que c'est aussi la responsabilité des individus de développer ces qualités, car la meilleure façon de gravir les échelons est de bâtir un réseau de contacts et de bonnes relations avec ses collègues. Nous enseignons ces compétences aux employés à tous les niveaux, car un des problèmes les plus fréquents, lorsqu'une personne obtient un poste de gestion, est son soudain gain de pouvoir. Certaines personnes croient que, parce qu'elles sont devenues des cadres, les autres vont faire ce qu'ils exigent. Mais il faut comprendre que le plus grand pouvoir d'un leader est de ne pas utiliser son pouvoir.
JLA - Vous avez travaillé aux quatre coins de la planète. Avez-vous constaté des différences dans la perception du leadership ?
S.B. - C'est une notion assez universelle, mais je crois qu'il y a un plus grand désir d'avoir une harmonie entre les employés et les leaders dans les organisations européennes que dans celles de l'Amérique du Nord. Et en Asie, par exemple au Japon, la hiérarchie est plus importante. La communication du bas vers le haut de l'échelle n'est donc pas toujours encouragée, et même parfois pas permise.
( CV )
Nom : Scott Blanchard
Âge : 43 ans
Titre : Vice-président aux solutions clients
Entreprise : The Ken Blanchard Companies
Parcours : Après des débuts dans l'hôtellerie, Scott Blanchard a gravi les échelons de l'entreprise de son père.
Aujourd'hui, il parcourt le monde pour présenter des conférences et rencontrer ses clients, tels que Coca-Cola, Deloitte, Gap et TaylorMade Golf.
Cet article a été publié dans le journal Les Affaires le 28 mars 2009.
