Les employeurs ne doivent pas prendre les gestes d'incivilité à la légère

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Les employeurs ne doivent pas prendre les gestes d'incivilité à la légère

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Sacrer comme un charretier représente une forme de harcèlement. Photo : Photos.com

Depuis un certain amendement à la Loi sur les normes du travail du Québec, en juin 2004, la plupart des employeurs savent qu'ils ont l'obligation de prendre les moyens nécessaires pour prévenir le harcèlement psychologique. Mais nombreux sont ceux qui ignorent qu'ils ont la même obligation face au manque de civilité ou, si l'on veut, en matière de protection de la dignité de leurs employés.

Au cours des cinq premières années des dispositions sur le harcèlement psychologique, seulement 9 % des 10 095 plaintes déposées par des travailleurs non syndiqués devant la Commission des normes du travail ont été renvoyées à la Commission des relations du travail.

Une partie de celles-ci ont été réglées par médiation, mais une chose est sûre, la grande majorité des personnes dont la plainte a été rejetée ont été victimes d'incivilité. " Le mal qui ronge les entreprises, ce n'est pas le harcèlement, c'est le manque de savoir-vivre ", affirme Gilles Demers, chef de pratique, climat, harcèlement et civilité chez Dolmen Capital humain.

Le savoir-vivre ou la civilité est l'ensemble des petits gestes que chacun doit poser pour rendre la vie en groupe au moins supportable. L'incivilité, c'est au contraire :

>Refuser de saluer un collègue;

>Quitter la table quand un collègue arrive;

>Consulter son BlackBerry pendant qu'un autre nous parle;

>Entrer dans un bureau sans frapper;

>Sacrer comme un charretier;

>Donner un surnom blessant;

>Utiliser des termes vulgaires pour décrire une collègue attirante;

>Tous gestes déplacés.

Bref, l'incivilité est un ensemble d'impolitesses, de mesquineries, de vulgarités, de marques d'irrespect et de manques de savoir-vivre qui ne répondent pas aux cinq critères obligatoires qui définissent le harcèlement psychologique.

Des conséquences sur la productivité

Une série d'études récentes (Cortina, L.M. & Magley, V.J.) menées aux États-Unis a permis d'apprendre que 75 % des employés d'une université avaient subi une conduite d'incivilité au cours de l'année précédant l'enquête. La prévalence était de 54 % dans un groupe d'avocats fédéraux et de 71 % chez des employés de cours de justice.

Les employeurs doivent savoir qu'il y a un coût à laisser l'incivilité détruire le climat de travail. Une autre étude (Pearson, C.M., Andersson, L.M. & Porath, C.L.) montre en effet que 28 % des victimes d'incivilité avaient perdu du temps à chercher à éviter la personne incivile alors que 53 % avaient perdu du temps à réfléchir à ce qui s'était passé.

En plus de l'article de la Loi sur les normes du travail qui interdit spécifiquement le harcèlement psychologique, au moins trois articles de loi obligent l'employeur à prendre des moyens raisonnables pour fournir des conditions de travail qui respectent la santé, la sécurité, l'intégrité physique et la dignité des employés.

Il s'agit de l'article 46 de la Charte des droits et libertés de la personne, de l'article 9 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail et de l'article 2087 du Code civil du Québec. Sans compter les clause comprises dans les conventions collectives.

Comment éviter l'incivilité

Contrairement au harcèlement psychologique, l'incivilité est généralement facile à détecter. La première chose à faire lorsqu'on est victime d'incivilité est de demander à l'instigateur de cesser son manège. Si cela ne suffit pas, il faut se plaindre à son supérieur.

" Malheureusement, celui-ci répond souvent par un Vous êtes tous les deux majeurs, parlez-vous ! ", explique M. Demers, an- cien ombudsman de Bell Canada.

Mauvaise réponse, puisque le patron doit agir. Il doit demander fermement à l'instigateur " d'éviter de sacrer au travail ", " de baisser le ton lorsqu'il a un reproche à adresser à un collègue ", " de cesser de prendre ses appels quand un collègue lui parle ", " de laisser les autres terminer leur explication ", etc.

Envers les employés récalcitrants, il convient d'utiliser la même stratégie que dans les cas de baisse de rendement. Une fois la personne informée du fait que son comportement est inacceptable, il faut imposer des pénalités graduelles qui peuvent aller jusqu'au congédiement, recommande M. Demers.

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