Diane Fellice et Laurent Matte. Photo : Gilles Delisle
Quand Diane Fellice a commencé dans le métier, on lui demandait si les lettres C. O. inscrites sur sa carte professionnelle signifiaient comptable ordinaire. Mais aujourd'hui, Fellice stratégies humaines, grâce à son équipe de 10 conseillers d'orientation (C. O.), est peut-être la plus importante société de ce secteur auprès des entreprises au Québec.
Traditionnellement identifiés au secteur scolaire, les conseillers d'orientation se sont faits un nom dans le monde du travail. De nombreuses sociétés emploient des conseillers d'orientation : Bell Canada, Desjardins, Loto-Québec, Raymond Chabot Grant Thornton, Telus, CGI, Premier Tech, Sun Life du Canada, etc.
Dans ces organisations, les C.O. sont notamment conseillers en gestion des ressources humaines, agents de perfectionnement du leadership, conseillers en gestion de la santé, conseillers au recrutement, conseillers en formation, spécialistes en réadaptation et chargés de projet en développement.
Un des mandats que les entreprises confient à Mme Fellice consiste à coacher les nouveaux employés pendant leurs 100 premiers jours. " Vingt heures en trois mois passées auprès du nouvel employé et de son supérieur, cela augmente de beaucoup les chances de réussite ", affirme Mme Fellice, dont la clientèle est formée majoritairement de PME qui n'ont pas de service des ressources humaines.
Chez Techno Diesel, par exemple, elle a conseillé Marcel Thuot et Jacinte Mailhot pendant six ans sur la façon de passer le flambeau à leurs trois filles.
MmeFellice a réussi à requinquer l'employé clé d'une PME qui avait perdu sa motivation. La formation des conseillers d'orientation leur permet aussi de faire passer des tests psychométriques.
La polyvalence au coeur de leur travail
Jean-François Gagnon est conseiller en développement organisationnel chez Desjardins. Son travail peut se traduire par la modification d'emplois existants ou la création de nouveaux postes. Il doit alors définir le profil de chacun de ces postes : compétences requises, formation pertinente, rémunération, responsabilités, etc.
" Le coeur de la formation du conseiller d'orientation porte sur le triangle individu-travail-société, dit M. Gagnon. Cela a des applications multiples. Par exemple, j'ai des collègues C. O. qui font de la formation, de la dotation, du développement des compétences et même de la mise sur pied d'un modèle de mentorat. "
Mais en quoi le conseiller d'orientation se distingue-t-il du conseiller en ressources humaines ? " Le conseiller en ressources humaines est formé en gestion, alors que le conseiller d'orientation est formé en counseling ", explique Laurent Matte, président de l'Ordre des conseillers et conseillères d'orientation du Québec. Le counseling est une forme d'intervention psychologique et sociale qui a pour but d'aider quelqu'un à surmonter les difficultés qui l'empêchent de fonctionner adéquatement dans une situation donnée. Ils diffèrent en cela des psychologues, qui travaillent surtout en fonction de la performance. Les conseillers d'orientation axent quant à eux leur intervention sur le développement de l'identité en milieu de travail.
Un nouvel ordre
L'Ordre des conseillers et conseillères d'orientation et des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec deviendra en septembre l'Ordre des conseillers et conseillères d'orientation; les psychoéducateurs auront leur propre ordre.
De 5 400 membres, l'Ordre des conseillers d'orientation passera du coup à 2 300 membres, dont 48 % travaillent en milieu scolaire. Environ 20 % interviennent dans les entreprises, en tant que conseillers internes ou consultants externes. La profession se féminise à la vitesse grand V : les femmes représentent déjà plus de la moitié de l'ordre, et au sein des nouvelles cohortes, elles sont 9 sur 10.
Il faut avoir fait une maîtrise (cinq ans d'université) pour devenir conseiller d'orientation. " N'importe qui peut se dire coach, mais les conseillers d'orientation eux, c'est vrai ", dit Mme Fellice, qui est également présidente de la Chambre de commerce et d'industrie de Laval et vice-présidente de la Société québécoise de psychologie du travail et des organisations.
