Le leader qui savait écouter les Joe de ce monde

Publié le 17/12/2011 à 00:00, mis à jour le 12/01/2012 à 13:25

Le leader qui savait écouter les Joe de ce monde

Publié le 17/12/2011 à 00:00, mis à jour le 12/01/2012 à 13:25

R.V. - Comment devrait-on comprendre la fusion avec Weyerhaeuser ? À l'époque on se disait que «Domtar, c'est fini»...

R.R. - C'est un reverse takeover [prise de contrôle inversée]. La division papier de Weyerhaeuser était trois fois plus grosse que celle de Domtar. J'ai payé avec 55 % des actions de Domtar que j'ai données, non pas à la compagnie, mais à ses actionnaires, qui voulaient tous des actions de Domtar. C'est ainsi qu'on a pu garder notre siège ici et qu'on est devenu numéro un en Amérique du Nord, puis probablement à l'échelle mondiale dans les papiers de communication, ce qu'on appelle les papiers fins. Mais pas dans le papier journal, car on n'est pas dans ce marché. Il y a encore de l'espoir pour les produits forestiers. Sauf que la demande a diminué. Dans le papier journal, elle est passée de 20 millions de tonnes à environ 7 millions de tonnes par année en Amérique du Nord. Il faut que les producteurs s'ajustent. Mais tout le monde ne va pas s'en sortir. Ce sont les meilleurs qui vont rester en vie. C'est malheureux, mais c'est comme ça.

R.V. - Trouvez-vous qu'il y a de l'espoir dans le milieu des affaires en général ? Y a-t-il des gens de valeur dans notre société ?

R.R. - Oui, beaucoup. J'ai le plaisir encore, à l'occasion, de conseiller de jeunes leaders. Je suis toujours émerveillé par ce que j'entends et ce que je vois. La jeune génération de gens d'affaires doit gérer la complexité et des coutumes de vie différentes. On n'est pas juste ici des Canadiens ou des Américains d'origine : il y a des gens qui arrivent avec toutes sortes de cultures et de valeurs qui peuvent être différentes des nôtres. En plus, les nouveaux dirigeants doivent administrer à l'ère de la communication instantanée. Cela demande des gens beaucoup plus complets qu'on pouvait l'être nous-mêmes à une autre époque.

R.V. - Si vous aviez des conseils à donner à des jeunes en train de se développer, qu'est-ce qui vous viendrait à l'esprit ?

R.R. - La première chose que je dirais, c'est : «Prends le temps de te connaître. Connais-toi toi-même», comme disait Socrate. Pourquoi ? Parce qu'il faut apprendre quels sont nos qualités et nos talents. La réussite vient de l'utilisation de nos qualités et de nos talents. Il faut donc miser sur ces qualités et ces talents pour trouver un environnement qui nous rende heureux. Parce qu'une personne qui se sent bien dans sa peau, une personne heureuse, va toujours réussir. Si je retournais en poste comme CEO, je ferais participer encore davantage les gens. Ça fait partie de mes croyances profondes : c'est toujours la meilleure équipe qui gagne. Un jour, le Canadien va comprendre ça...

R.V. - Il y a quelques années, vous ouvriez le jardin Domtar, au centre-ville de Montréal, à côté de l'immeuble du siège social, tout près de la Place des Arts. Il y avait même une place pour une garderie. Vous en étiez particulièrement fier. Pourquoi était-ce si important pour vous ?

R.R. - Lorsque je suis arrivé chez Domtar, quand on demandait aux membres du personnel pour qui ils travaillaient, beaucoup répondaient : «Dans l'industrie des pâtes et papiers». Ils ne s'identifiaient pas à Domtar. Avec mes collègues à la direction, je voulais qu'on trouve une façon de rendre les employés fiers de dire qu'ils travaillaient pour Domtar. Ce que nous avons fait pour la certification des forêts en fait partie. Le jardin Domtar, c'est un signe visible de tout cela.

R.V. - Un jour, on écrira sur vous en évoquant le souvenir que vous avez laissé. À supposer que vous ayez la chance de l'écrire, que diriez-vous de vous ?

R.R. - J'aimerais que les gens disent que j'étais un homme juste.

CV

Nom : Raymond Royer

Âge : 73 ans

Titre : Administrateur de sociétés

Diplômé en commerce, en droit et en comptabilité de l'Université de Sherbrooke, Raymond Royer est entré chez Bombardier en 1974 avant d'en devenir le président et chef de l'exploitation en 1986. Il a ensuite assumé les fonctions de président et chef de la direction de Domtar, de 1996 à 2008.

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