Le cercle, le secret de la collaboration


Édition du 18 Octobre 2014

Le cercle, le secret de la collaboration


Édition du 18 Octobre 2014

Par Olivier Schmouker

Fonctionner en cercle, ça signifie adopter un tout nouveau style de leadership, à l’image de ce qu’expérimentent certaines entreprises. Par exemple, au Cirque du Soleil, les décisions sont habituellement prises par consensus.

Absentéisme, fatigue, épuisement professionnel... Travailler, aujourd'hui, est plus que jamais synonyme de souffrance. Pourquoi ? Essentiellement en raison d'un mal insoupçonnable : le triangle. «Nos organisations sont structurées en forme de triangle, à tous les niveaux. Le patron est toujours en haut, les autres en-dessous, et c'est la source de dysfonctionnements majeurs, qui nuisent directement à la productivité individuelle et collective», a expliqué Elisabeth Bucci, présidente fondatrice de la firme de conseil montréalaise Projissima, à l'occasion du dernier Symposium PMI-Montréal, au début d'octobre.

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Le remède ? Le cercle, à savoir la forme géométrique contraire à celle du triangle. «Il est harmonieux, et permet donc un meilleur fonctionnement en équipe», a-t-elle dit. Et d'ajouter : «Au 20e siècle, le triangle fonctionnait bien : le chef donnait les ordres et les pions agissaient sans trop réfléchir. Nous sommes entrés dans le 21e siècle, et la donne a changé, car les pions sont maintenant éduqués et intelligents».

Nectarios Economakis, jusqu'à peu directeur des comptes chez Google Montréal, abondait dans le même sens : «Nous voici dans une nouvelle ère, où chacun veut à tout prix être l'acteur de sa vie. Et les entreprises doivent en prendre conscience au plus vite si elles ne veulent pas disparaître».

Identité, vision, valeurs

Fonctionner en cercle, ça signifie adopter un tout nouveau style de leadership, à l'image de ce qu'expérimentent, avec succès, certaines entreprises. Un exemple frappant : Valve, le studio américain de jeux vidéo qui a notamment signé Half-Life et Dota 2. «Il n'y a là aucun patron. Aucun. Personne pour dire aux autres ce qu'ils doivent faire. Chacun se greffe au projet qui le tente le plus et donne naturellement le meilleur de lui-même», a raconté Mme Bucci.

L'intérêt principal du cercle est qu'il procure une nouvelle dynamique aux équipes de travail. C'est que l'engagement de chacun en est renforcé. Selon Danny Labrecque, président fondateur de la firme de conseil montréalaise Alpha Prisma : «Quand on réussit à faire passer un employé du "Qu'est-ce que j'y gagne ?" au "Comment puis-je me sentir important aux yeux des autres ?", c'est-à-dire du moi au nous, on a touché le jackpot. Cela peut se faire plus simplement qu'on ne l'imagine, en développant le savoir-être de chacun. C'est-à-dire en permettant à chacun d'exprimer au travail les trois dimensions fondamentales de sa personnalité, soit son identité, sa vision et ses valeurs».

Cela revient-il à laisser chacun faire ce qu'il veut, sans plus tenir compte de ce que dit et pense le leader ? Non, bien entendu. L'idée est, pour le leader, de continuer à assumer son rôle, mais d'user de ce que M. Labrecque appelle «l'autorité humble». Il doit avoir assez confiance en lui-même et en son autorité naturelle pour laisser les autres s'exprimer davantage et, surtout, à leur façon. «Il se peut qu'un leader ne se sente pas à l'aise au sein d'un cercle, croyant qu'il lui faut rogner son pouvoir. Voilà pourquoi il peut être intéressant de confier les rênes, à ce moment, à un gestionnaire de projet, quelqu'un qui a l'habitude d'être là pour faciliter le travail des uns et des autres», selon Mme Bucci.

Au Québec, une entreprise s'oriente intuitivement vers le cercle : le Cirque du Soleil. «Autant que possible, les décisions sont prises par consensus. On veille à ce que chacun tienne compte de tous les autres dans son travail. Si l'opérateur dit au costumier qu'il sera impossible à l'acrobate de monter sur l'échelle à cause du volume extravagant du costume, il faut que les deux trouvent un compromis : modifier le costume, l'échelle ou les deux», a illustré Nicolas Marion, gestionnaire de projet au Cirque. Et à ceux qui redoutent a priori ce mode de fonctionnement, il lance : «Mieux vaut prendre une contrainte comme un tremplin plutôt que le tremplin comme une contrainte».

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