La reconnaissance, c'est gagnant

Publié le 29/07/2010 à 17:29, mis à jour le 04/08/2011 à 13:41

La reconnaissance, c'est gagnant

Publié le 29/07/2010 à 17:29, mis à jour le 04/08/2011 à 13:41

«Le secret du succès, c'est d'avoir la capacité de se mettre à la place de l'autre, de voir  les choses selon son point de vue, autant que du nôtre», dit Bruno Daigle.

Formateur, conférencier et président de CAD Communication, Bruno Daigle se passionne pour la gestion du capital humain par la reconnaissance.

Cet outil de gestion, peu ou pas assez fréquemment utilisé par les gestionnaires, donne pourtant à son avis des résultats impressionnants, si appliqué avec authenticité. 

Lesaffaires.com - En quoi la gestion du capital humain par la reconnaissance est-elle une approche importante?

Bruno Daigle - J'ai l'impression qu'il y a un phénomène d'usure qui s'est installé dans notre société, mais aussi dans nos organisations, nos entreprises. On tient souvent les gens, les travailleurs et les éléments qui nous entourent pour acquis. Pourtant, l'employé n'est pas obligé de venir travailler, c'est un choix qu'il fait. Et dire merci d'être là est quelque chose qu'on oublie. L'employé veut juste sentir qu'il fait partie de ce maillon qui est l'organisation, l'équipe et l'entreprise. Et ça, ça se fait par la communication, par la valorisation de l'autre. Mais on oublie trop souvent de le faire! Et pourtant, quand on le fait sur une base régulière, on obtient des résultats.  

La.com - Pourquoi faire preuve de reconnaissance est une attitude gagnante pour un leader?

BD - La reconnaissance va créer une synergie dans l'équipe. Elle va nous aider à conserver un plus grand nombre de bons employés. Elle va stimuler la productivité, stimuler nos employés à s'engager davantage dans leur travail, ce qui va générer des bénéfices plus élevés à la longue, parce que la performance passe par le plaisir. Si on est reconnaissant  envers notre capital humain, envers nos employés, les gens vont se sentir encore plus à leur place. Ils vont sentir qu'ils font partie d'une équipe. À moyen/long terme, un changement de perception va se bâtir au sein de l'équipe et cela va se refléter sur le travail, sur le service à la clientèle.

Pour avoir des fruits en santé, une récolte abondante, ça prend des racines en santé. Et nos racines, notre plus grande richesse, notre plus grande ressource, ce n'est pas notre produit, ce n'est pas nos clients. C'est d'abord notre capital humain. Sans ce capital humain, on n'a rien, on n'a même pas les clients, ni le produit. Ton succès extérieur est déterminé par ton succès intérieur. Mais si on délaisse nos racines pour se consacrer uniquement sur les fruits, je ne suis pas sûr que notre récolte sera aussi abondante.

La.com - La reconnaissance serait donc selon vous l'une des clés du succès d'une entreprise?

BD - Si vous vous intéressez véritablement au succès des entreprises qui sont les plus performantes actuellement sur l'échiquier corporatif, vous allez découvrir derrière ce succès un gestionnaire reconnaissant. Vous allez découvrir des employés qui ont du plaisir à travailler. La performance passe par le plaisir. Vous allez découvrir une entreprise qui s'occupe et qui pense à ses employés. Vous savez, le secret du succès, c'est d'avoir la capacité de se mettre à la place de l'autre, de voir  les choses selon son point de vue, autant que du nôtre.

Quand tu t'intéresses véritablement à l'autre, que ce soit ton client ou tes employés, l'autre le ressent et cela crée une relation d'affaires à long terme et à vie. Aujourd'hui, les employés sont volages et il faut trouver des moyens pour les retenir. Les combats de salaires plus élevés peuvent faire pour un an, deux ou trois, mais après, c'est son sentiment de reconnaissance, de valorisation et de réalisation que l'employé veut combler.

La.com - Comment les leaders peuvent-ils mettre en pratique cette stratégie de gestion?

BD - Si on opère la reconnaissance de façon régulière, précise et rapide, on peut obtenir des résultats probants. De façon régulière pourquoi? Parce que les comportements valorisés sont répétés. Si tu valorises un comportement, il y a bien des chances qu'il se répète. Une étude réalisée à ce sujet démontre qu'un témoignage de reconnaissance, par individu, tous les sept jours, va créer un changement durable dans le comportement de l'individu au sein de l'organisation. Et un témoignage de reconnaissance, ça prend de 10 à 20 secondes si c'est fait de façon authentique. Donc, une  reconnaissance régulière, mais aussi précise. Pourquoi il fait un bon travail? Il faut être généreux dans sa façon de remercier et le faire de façon rapide. On n'attend pas une semaine pour remercier quelqu'un d'un bon coup, d'une bonne vente ou d'un excellent service auprès d'un client.

La.com - Donc la reconnaissance à laquelle vous faites référence va bien au-delà de la reconnaissance financière?

BD - Qu'est-ce qui nous empêche de mélanger les deux? Mais il n'y a pas que la reconnaissance financière. On n'est pas obligé de donner de l'argent ou des billets pour le Grand prix pour reconnaître quelqu'un. C'est sûr que ce sont des choses qui sont bien à faire de temps en temps, mais je parle d'une reconnaissance régulière.

L'employé ne travaille pas juste pour son salaire; il travaille également pour son sentiment de réalisation. Et c'est à chaque gestionnaire de tenté de nourrir ce sentiment. Ça fait toujours plaisir de se faire dire merci par nos pairs, par nos gestionnaires, par notre patron. Ça prouve qu'ils sont à l'écoute de ce que l'on fait. Aussi, ça prouve qu'ils sont à leur place en tant que bon gestionnaire. Parce que la politique de la porte fermée, à mon sens, n'a plus sa place en 2010. Le gestionnaire est plus que celui qui s'assoit derrière son bureau et prend des décisions. Le gestionnaire efficace aujourd'hui est celui qui s'implique, qui est à l'écoute et qui va dire merci.

La.com - Cette approche part donc du principe que ce sont les gestionnaires qui sont au service de leurs employés?

BD - Avant, si on peut s'imaginer une entreprise comme une pyramide, on avait le patron, les employés et le client. Auparavant, le meilleur leader était celui qui avait les meilleures réponses. Aujourd'hui, le meilleur leader est plutôt celui qui pose les meilleures questions, qui est à l'écoute de ses employés et qui prend connaissance de la valeur de son équipe.

La.com - Comment les leaders peuvent-ils faire preuve de reconnaissance à leurs employés?

BD - Premièrement, si on se rappelait des dates importantes dans l'organisation. Et là, je ne parle pas de souligner les dates d'anniversaire des employés. Si on se souvenait des dates d'embauche? Par exemple, un employé peut recevoir un courriel disant : «ça fait aujourd'hui trois ans que tu es à notre embauche, merci pour ton travail!»  C'est une petite attention, mais qui peut prendre beaucoup d'espace dans le subconscient et dans l'envie de se réaliser encore plus au sein de l'organisation.

Autre exemple, vous devez passer tout un week-end au bureau pour travailler sur un gros dossier, en raison d'un changement abrupt. La semaine suivante, votre gestionnaire décide d'écrire une lettre d'éloges en votre nom, mais postée à votre famille, à votre épouse ou époux. L'époux reçoit et lit la lettre qui lui dit quelque chose comme «nous tenions à vous remercier de nous avoir prêté votre mari pendant ce week-end, il fait un travail extraordinaire». Un tel geste rayonne sur les enfants, la famille et sur l'employé.

Ou encore, des petites choses comme lui laisser une aire de stationnement pendant une semaine. Offrir une note de remerciement à la main. Un gestionnaire peut arriver un matin avec le café frais du Tim Hortons, pour aucune raison. Être un vrai leader, c'est de s'occuper de ses gens. Il y a un paquet de moyens de le faire, il suffit d'être attentif.

La.com - Faire preuve de reconnaissance n'est pas plus difficile lorsque l'on a des dizaines, des centaines d'employés?

BD - En effet, comment on fait si on a 50 employés? On va finir par en oublier un... Et si on mesurait nos témoignages de reconnaissance? Si on mettait tous les noms de nos employés dans une grille avec quatre semaines par mois, et on cochait pour valider que cette semaine on a donné un témoignage de reconnaissance à Bruno Daigle par exemple. Il faut suivre de façon assidue nos éléments de reconnaissance et notre façon de reconnaître les gens parce qu'on a tendance à prendre la reconnaissance pour acquis.

La.com - Et comment une PDG peut-il s'assurer que leurs gestionnaires soient reconnaissants envers leur équipe?

BD - La gestion positive par la reconnaissance est une culture d'entreprise à instaurer. Évidemment, les gestionnaires et les chefs d'équipe ont des habitudes bien ancrées avec les années. Mais cela se fait petit à petit. Si cette personne qui gère des centaines, voire des milliers d'employés, désire incorporer la gestion par la reconnaissance, à mon avis ce sur quoi tu accordes de l'attention dans la vie prend de l'expansion. C'est sûr que cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais si le premier pas vers le changement est la prise de conscience, donc si ce gestionnaire en prend conscience, il va trouver des outils, comme des formateurs ou de la documentation qui l'aideront à s'outiller.







 

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