Jeu vidéo : Dominique Brown à la conquête du monde

Publié le 16/09/2010 à 16:42, mis à jour le 14/01/2011 à 12:09

Jeu vidéo : Dominique Brown à la conquête du monde

Publié le 16/09/2010 à 16:42, mis à jour le 14/01/2011 à 12:09

«Il faut deux choses pour réussir en affaires d'après moi : une vision claire et de la passion», dit le jeune PDG de Beenox, Dominique Brown.

Ce dernier a fondé le studio de développement de jeux vidéo Beenox, en 2000, à Québec. Il avait alors 21 ans.

Aujourd'hui filiale à part entière d'Activision, Beenox compte près de 400 employés et se taille une place de leader dans l'industrie du jeu vidéo.

L'entreprise développe des jeux qui verront le jour sur les plates-formes PlayStation 3, Xbox 360 et Nintendo Wii. Tous les projets sont conçus dans son studio de Québec et bénéficient d'une visibilité internationale.

Beenox et son fondateur ont cumulé de nombreuses distinctions au fil des ans, dont le titre d'Entreprise de l'année au gala des Fidéides de 2006 et le titre de Jeune personnalité d'affaires de la Jeune chambre de commerce de Québec en 2005.

Récemment, le jeune PDG de 32 ans a été nommé au prestigieux classement du Canada's Top 40 Under 40 pour l'année 2009.

Lesaffaires.com - Avez-vous toujours souhaité être entrepreneur?

Dominique Brown - Toujours! Absolument! Je le répète souvent, mais c'est pourtant vrai, j'avais 11 ans quand j'ai dit à ma mère : «Un jour, je vais avoir ma propre entreprise de jeux vidéo». Et j'ai toujours gardé cet objectif en tête. J'ai tout fait pour y arriver. Quand j'étais jeune, j'avais plein de projets d'entreprises, mais le jeu vidéo était une passion qui me revenait toujours. Alors finalement, j'ai fait une pierre deux coups quand j'ai fondé Beenox.

La.com - Vous avez fondé Beenox à 21 ans. Avez-vous eu de la difficulté à convaincre les banquiers qu'un mordu de jeux vidéo ferait un bon gestionnaire?

DB - C'est sûr que oui! Au début c'était très difficile. J'avais fait mon plan d'affaires. J'avais même le logiciel qui allait démarrer l'entreprise, que j'avais développé en très bonne partie le soir et la fin de semaine. Aussi, je m'étais trouvé un partenaire à Austin, au Texas, et j'avais une entente de distribution pour mon logiciel avec une compagnie de Rochester. Alors, j'avais déjà des choses bien en place. Mais quand je suis allé voir les banques, je me suis un peu frappé à un mur. Probablement entre autres en raison de mon inexpérience en affaires, mais aussi parce que je n'amenais pas d'argent à la table. J'empruntais, mais je n'investissais pas autre chose que ma personne, mon savoir et mon logiciel. Alors, il a fallu que j'aille chercher de l'argent du côté familial pour pouvoir balancer le risque des banquiers.

Aussi, je travaillais avec des programmes, notamment Déclic-PME d'Investissement Québec, qui permettait des garanties de prêts. Alors une fois tout ça mis ensemble, et le contexte fiscal favorable de la province de Québec pour le développement de jeux vidéo, j'ai fini par convaincre les gens de la Caisse populaire ici à Québec. Et ça m'a permis de démarrer mes activités.

La.com - Le fait que votre produit est votre passion vous a-t-il créé des embûches dans votre parcours?

DB - Non, au contraire. En fait, cela m'a donné de la persévérance. Parce que peu importe à quel point tu peux être passionné par quelque chose, à certains moments tu vas devoir travailler sur des choses qui te plaisent moins. C'est sûr que je suis un passionné de jeux vidéo, mais pour partir en affaires, évidemment, je ne faisais pas juste jouer à des jeux vidéo!

Cette passion pour le jeu vidéo, au contraire, m'a tenu tout le long et a fait que j'y ai cru. Parce que quand j'ai commencé, je voulais devenir le numéro un au monde en jeu vidéo et je partais de nulle part. Si on regarde les premiers articles de journaux qui ont été écrits sur nous, je pense en 2002, le titre de l'article était «Beenox à la conquête du monde». Je disais déjà cela du haut de mes six personnes compactées dans le salon de mon 3 1/2 de l'époque! Finalement, on a pris des locaux, on s'est développé et aujourd'hui, on est l'un des principaux studios d'Activision, qui est le numéro un mondial en jeu vidéo. On est très fier.

La.com - Vous vous êtes mérité le titre du «Meilleur employeur au Québec 2008» et vous avez aujourd'hui près de 400 employés. Comment vous assurez-vous d'avoir des équipes gagnantes qui partagent votre vision?

DB - Pour avoir une équipe performante, il faut que les gens partagent la vision. Il faut être capable de communiquer la vision de l'entreprise. Ça fait dix ans que je répète à tout le monde qu'on va conquérir le monde. Cette ligne directrice peu sembler amusante, voire farfelue pour certaines personnes, mais ce que ça veut dire essentiellement, c'est qu'on vise toujours plus haut, plus loin. On vise le sommet, on ne se satisfera jamais de rien et le mot impossible ne fait pas partie de notre vocabulaire. Et c'est vraiment quelque chose qui a toujours guidé toutes nos décisions d'affaires.

Et pour avoir une équipe performante, il faut bien communiquer la vision. Il faut que les gens savent vers où on veut s'en aller. Évidemment, la conquête du monde est une vision qui n'est pas nécessairement claire, sinon de vouloir devenir les numéros un, alors évidemment mon rôle est d'opérer ça : de dire la vision de devenir le numéro un ou de s'en approcher concrètement cette année va vouloir dire ceci, ceci et ceci. C'est un objectif qui est disséminé à travers les équipes pour que les gens s'approprient les objectifs dans leur équipe respective et foncent dans cette direction. Alors, c'est comme ça que je vois mon rôle au jour le jour : définir la vision de l'entreprise et m'assurer qu'elle soit claire pour tout le monde, pour que tout le monde pousse dans la même direction.

La.com - Ça serait cela votre style de leadership ?

DB - Tout à fait. Avec moi, c'est vraiment : «on s'en va par là, venez-vous en, on y va»! C'est de motiver les troupes à aller dans cette direction. Et aussi les faire rêver. Je crois beaucoup qu'une partie du succès que quelqu'un peut avoir à motiver une équipe, tient à sa capacité à la faire rêver. C'est pour ça que j'ai toujours défini des objectifs plus grands que nature pour l'entreprise.

La.com - Avez-vous des mentors?

DB -  Je n'ai jamais eu de mentors comme tels. Mais il y a plein de gens qui m'ont donné des conseils à travers les années. À 21 ans, j'étais loin d'avoir la science infuse! J'étais passionné et très naïf, alors j'écoutais et apprenais beaucoup des gens autour de moi. Et je me suis entouré sur le plan financier, sur le plan technologie. Je suis allé chercher des gens de mon entourage qui m'avaient impressionné à un moment ou à un autre dans leur discipline respective pour qu'ils se joignent à moi. J'ai beaucoup appris de ces gens.

Mais sinon, j'ai toujours été extrêmement impressionné par Steve Jobs d'Apple. Il a toujours été une espèce de modèle : quelqu'un qui pousse toujours pour l'innovation, qui ne fait aucun compromis à la qualité et à l'innovation dans ses produits. Toujours vouloir pousser plus loin, toujours vouloir redéfinir son industrie, ce sont des choses qui m'ont toujours énormément impressionné.

La.com - Quel a été le moment le plus déterminant de votre carrière jusqu'à présent?

DB - Il y en a eu plusieurs. Un moment déterminant a certainement été lorsque j'ai vendu l'entreprise à Activision en 2005. Ce fut un moment déterminant positif pour ma carrière, mais aussi pour l'avenir de Beenox. En vendant l'entreprise à Activision, on s'assurait un partenaire de premier ordre pour se rendre à la conquête du monde finalement. Pour se rendre au sommet. Parce qu'Activision, numéro un mondial, a des propriétés excessivement intéressantes. Ils ont une force de frappe, une force de commercialisation incroyable. Ça faisait déjà un moment qu'on travaillait avec eux, alors je savais que c'était une compagnie qui respectait beaucoup ses développeurs de jeux vidéo, qui leur laissait une indépendance dans leur créativité.

La.com - Pensez-vous que Beenox est voué à demeurer à Québec?

DB - À ce jour, la ville de Québec nous a donné tout ce dont on avait besoin. Le soutien de la communauté d'affaires et des gens de la communauté en général est incroyable. Ça va peut-être sonner cliché, mais c'est une ville à dimension très humaine. On peut vraiment y faire des affaires excessivement bien. Mais aussi, c'est facile de faire bouger les choses parce qu'on dirait qu'on est juste la bonne grandeur de ville pour avoir le potentiel et les ressources, mais encore à une taille respectable pour que les gens puissent se parler et avoir la flexibilité nécessaire de se revirer de bord et s'ajuster.

Par exemple, à travers nos années, on a eu à prendre beaucoup d'expansion. Et on a vraiment eu du soutien de la communauté, des institutions, qui ont développé tout un programme de jeu vidéo pour pouvoir nous fournir la main-d'oeuvre qui nous permet de supporter cette expansion à Québec. Même chose pour la mairie à Québec qui nous a supporté dans la création d'une école en jeu vidéo, l'École nationale en divertissement interactif. Alors à ce jour, Québec est pour moi un environnement de rêve pour faire des affaires.

La.com - Quel est le message que vous aimeriez lancer aux jeunes leaders en affaires?

DB - Je leur dirais de s'assurer d'avoir une vision claire et de se tenir à cette vision. C'est excessivement important. Il faut deux choses pour réussir en affaires d'après moi : une vision claire et de la passion. Une vision, ça te donne ton objectif, ta direction, ton objectif ultime à atteindre. La passion, c'est une peu comme l'essence pour te rendre là, c'est le gaz qui va te permettre de te rendre à destination.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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