Formation des jeunes en Allemagne: orientation précoce et forte participation des entreprises

Publié le 22/06/2010 à 15:16, mis à jour le 11/11/2010 à 14:23

Formation des jeunes en Allemagne: orientation précoce et forte participation des entreprises

Publié le 22/06/2010 à 15:16, mis à jour le 11/11/2010 à 14:23

Les Allemands se targuent de former les meilleurs techniciens du monde, ceux-là même qui fabriquent les Mercedes, Audi, Bosch et autres produits manufacturiers à la réputation de grande qualité. Pour en arriver là, le système scolaire allemand, mais aussi suisse et autrichien, qui ont suivi le même modèle, propose un cursus scolaire favorisant une spécialisation précoce des jeunes dans différentes voies (universitaire, technique ou vocationnel).

Ceux qui sont dirigés vers les métiers ont une formation «duale», c’est-à-dire que durant trois ou quatre ans, ils passeront le plus clair de leur temps comme apprentis dans des PME ou de grandes entreprises et le reste, sur les bancs d’école pour compléter leur formation académique. Une formation qui «est la raison pour laquelle l’Allemagne est le champion mondial des exportations» a dit récemment la ministre allemande de l’Éducation, Annette Schavan.

Choisir tôt

Déterminer à 11, 12 ou 13 ans quel chemin empruntera l’élève a des avantages, dont celui de prévenir le décrochage scolaire: ceux pour qui les matières académiques sont un repoussoir ont déjà droit à un enseignement plus adapté et à des notions pratiques à se mettre sous la dent.

Mais ce système n'a pas que de bons côtés. Diriger des élèves si jeunes - et essentiellement sur les notes scolaires- vers une voies plutôt que l'autre, et avec peu de possibilités de changements créent des inégalités qui auront des répercussions la vie durant, dit le Dr Heike Solga, chercheure au Centre de recherche en sciences sociales de Berlin. Les enfants d’universitaires ont quatre fois plus de chances d’être dirigés vers le Gymnasium (la voie universitaire) que ceux issus des classes ouvrières.

Implication de l’entreprise

Tout le système «dual», tant en Suisse qu’en Autriche et en Allemagne, est basé sur une collaboration étroite entre l’école et l’entreprise privée. Dès 15-16 ans, et pour une durée variant entre 3 ou 4 ans, le jeune signe un contrat avec une entreprise où il passera 4 jours sur 5. La dernière journée est consacrée à la formation académique en classe. Ce système a fonctionné à merveille jusqu’au tournant des années 2000, dit le Dr Heike Solga, mais il accuse désormais certaines lacunes.

Trop rigide?

La force du système (une formation d’apprentis de haute qualité et très ancré sur la réalité du marché du travail), est aussi sa faiblesse: les jeunes se sur-spécialisent très tôt, dit Mme Solga, ce qui rend leur reconversion plus difficile lorsque les besoins du marché changent et cela est inévitable dans le monde d’aujourd’hui. «Le nombre de spécialisation devrait être réduit, dit-elle, et les premiers apprentissages devraient être plus général, de manière à pouvoir changer de voie plus facilement. Le système est trop rigide.» 

Voie transitoire = cul-de-sac

Par ailleurs, le contexte -et les crises- économiques depuis dix ans en Allemagne ont fait en sorte que les grandes entreprises se sont retrouvés avec trop d’employés. Et le nombre de places disponibles est lié directement aux conditions économiques de chaque entreprise. «C’est donc de plus en plus difficiles pour les jeunes de trouver des places d’apprentis», dit Heike Solga.

Ceux qui n’y arrivent pas -ou qui n’ont ni les notes pour la filière universitaire ni les compétences pour celle technique- restent à l’école, celle-ci étant obligatoire jusqu’à 18 ans en Allemagne. Mais ils se retrouvent dans un genre de cul-de-sac appelé le «système transitionnel»: il les prépare théoriquement au système dual mais débouche parfois sur un abandon scolaire sans diplôme. Le nombre de «transitionnels» a quasi doublé depuis dix ans et ils forment désormais plus de 40% des effectifs. Parmi eux, 15% n’auront aucun diplôme à 25 ans, la moitié d’entre eux étant des enfants d’immigrants. 

«Il est presque impossible de se trouver un emploi en Allemagne si on n’a pas de diplôme», dit Heike Solga. 

Pour la Dre Solga, une des solutions serait que l'école fournisse en classe une formation pratique aux jeunes qui ne se trouvent pas de stage en entreprise, palliant ainsi les aléas du marché. 

À la une

Il faut concentrer les investissements en R-D, dit le Conseil de l’innovation du Québec

Il y a 47 minutes | Emmanuel Martinez

L’État devrait davantage concentrer les investissements en R-D dans certains secteurs, selon le Conseil de l’innovation.

1T: Meta dépasse les attentes avec 12,4G$US de profits

16:31 | AFP

Le marché est enthousiasmé par les perspectives du groupe américain dans l'IA.

1T: Rogers annonce une chute de 50% de son bénéfice

Mis à jour à 13:45 | La Presse Canadienne

L'entreprise a dû faire face à des coûts plus élevés liés à ses efforts d'acquisition et de restructuration de Shaw.