Être administrateur d'OBNL, c'est du sérieux


Édition du 07 Juin 2014

Être administrateur d'OBNL, c'est du sérieux


Édition du 07 Juin 2014

Paulette Legault, conseillère en ressources humaines agréée et comptable professionnelle agréée.

Série 4 de 5. La gouvernance a été sous les feux des projecteurs au cours des derniers mois, notamment avec la commission Charbonneau. Découvrez des conseils de meilleures pratiques dans le domaine.

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 Un poste d'administrateur dans un petit organisme à but non lucratif (OBNL) est souvent vu comme une façon de faire ses classes en gouvernance. «C'est une bonne école, mais il ne faut pas croire que c'est moins de travail et de responsabilités pour autant», prévient Louise Champoux-Paillé, présidente du Cercle des administrateurs de sociétés certifiés (ASC).

En fait, les administrateurs de ces organismes ont les mêmes obligations de diligence et de loyauté que ceux des grandes entreprises. Et, tout comme ces derniers, ils peuvent être poursuivis. Une assurance responsabilité pour administrateurs est donc nécessaire, selon Paulette Legault, à la fois conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et comptable professionnelle agréée (CPA).

L'an dernier, elle a fait remplacer la police d'assurance du CA d'Option consommateurs, dont elle faisait alors partie. «L'ancienne ne couvrait pas les administrateurs pour les poursuites en diffamation, dit-elle. C'était pourtant un risque réel, étant donné le champ d'activité de l'organisme.»

S'engager pour la cause

Quand on siège à un conseil d'OBNL, en plus d'avoir conscience du sérieux de ses obligations, il vaut mieux s'engager par conviction. Car dans la plupart des cas, aucune rémunération n'est offerte. «On donne de notre temps, alors il faut trouver une cause qui nous interpelle», dit Louise Champoux-Paillé qui a longtemps fait partie du CA de Leucan après la mort de sa fille atteinte de la leucémie.

On peut assister en moyenne à six ou huit réunions par année, en plus des heures de préparation, des conférences téléphoniques, du travail dans un comité et des événements sociaux. Cela totalise de 50 à 150 heures. Parfois beaucoup plus. Paulette Legault en sait quelque chose. Membre du conseil du Dispensaire diététique de Montréal, elle doit créer le premier manuel de régie d'entreprise et de gouvernance de cet organisme d'aide aux femmes enceintes démunies. Elle prévoit consacrer environ 200 heures à cette seule tâche.

«Le Dispensaire a des procédures et des règles, mais presque tout est informel», dit Mme Legault, qui dotera l'organisme fondé en 1879 de ses premières politiques salariale et de placement.

Mais avant, elle et ses collègues administrateurs doivent régler une affaire autrement plus urgente : remplacer la directrice générale qui vient de prendre sa retraite après 35 ans de service. Une successeure avait bien été choisie par le CA après un processus rigoureux, mais elle a démissionné après deux mois. Et dans un OBNL comme dans une entreprise, c'est au conseil qu'il incombe d'assurer la relève du pdg.

Sauf que, dans un petit OBNL, les administrateurs peuvent être appelés à participer au processus plus activement. Paulette Legault assume ainsi la direction générale par intérim de l'organisme de 15 employés, le temps d'assurer le transfert de connaissances et de coacher une nouvelle directrice générale.

Les conseils des petits OBNL composent, en effet, avec deux défis majeurs : un financement précaire et un effectif réduit. Résultat ? Les administrateurs mettent parfois la main à la pâte. Il est fréquent qu'ils organisent des campagnes de financement, dit Mme Legault.

Mais ils en retirent aussi beaucoup. Faire partie d'un conseil permet d'élargir son réseau de relations, d'acquérir de nouvelles compétences et un savoir qui dépasse son champ d'expertise, d'exercer ses habiletés politiques, de développer une vision stratégique. Avis aux plus jeunes : «On a besoin de sang nouveau, car la moyenne d'âge des administrateurs est d'environ 60 ans», dit Lisane Dostie, présidente d'ISALégal, une firme-conseil en gouvernance.

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