Le lab: Comment pressentir une tendance?


Édition du 22 Mars 2014

Le lab: Comment pressentir une tendance?


Édition du 22 Mars 2014

Par Olivier Schmouker

C'est le fantasme, le Graal de tout entrepreneur : sentir d'où vient le vent et être le tout premier à en profiter. Puis, tirer parti de cet avantage pour voguer vers l'horizon, loin devant les autres. Mais comment y parvenir ? Et surtout, comment savoir s'il s'agit d'un vent porteur et non d'une brise éphémère ?

Une réponse intéressante à ces interrogations existentielles m'a été donnée par deux Montréalais de 25 ans, Simon Poulin et Jean-Philippe Boivin. Deux gars pétillants d'énergie qui sont persuadés d'avoir trouvé le filon agroalimentaire que les multinationales s'arracheront demain. Comme vous allez le voir...

Tout a commencé par une journée glaciale de l'hiver 2012. Jean-Philippe avait à peine franchi la ligne d'arrivée d'un triathlon, exténué et transi de froid, quand un homme lui a tendu un gobelet. Dedans, une concoction à base de thé qui l'a revigoré en un rien de temps. Ça a fait «tilt» dans sa tête, et il a fait part de son idée à son ami Simon dès le lendemain, au gym : «Ce serait top si on pouvait prendre du thé de qualité n'importe où et n'importe quand, comme on prend du super bon café chez un barista», lui a-t-il dit.

Aussitôt, Simon s'est lancé dans de vastes recherches sur le Web. Il voulait savoir si un tel concept avait déjà vu le jour, ou pas, sur la planète. Et là, bingo : il n'y avait a priori rien de semblable. «Bien entendu, il existe des chaînes de boutiques spécialisées dans le thé de qualité, comme David's Tea, mais leur modèle commercial repose essentiellement sur la vente de thé en vrac, et très peu sur la dégustation en boutique ou à emporter», m'a-t-il indiqué.

Jean-Philippe et Simon ont alors décidé de pousser l'analyse plus loin, comme ils ont appris à le faire à HEC Montréal, là où ils sont devenus des amis inséparables. Ils se sont documentés à fond sur le thé, et sur le café aussi ; ils ont assisté à des conférences internationales sur le thé, et sur le café aussi ; etc. Tout cela leur a permis de faire une découverte. Oui, une vraie découverte.

Laquelle ? La voici : l'histoire de la commercialisation du café peut se résumer à trois étapes, et - ce qui passe encore inaperçu - celle du thé est en train de suivre les mêmes étapes, avec un temps de retard :

Démocratisation

Dans les années 1960-1980, les grandes sociétés se sont mises à vendre du café de qualité modeste, en se livrant une guerre des prix. Le même phénomène est survenu pour le thé dans les années 1980-2000.

Spécialisation

Dans les années 1980-1990, les consommateurs se sont mis à rechercher des saveurs plus raffinées, quitte à y mettre le prix. La dégustation de bon café s'est dès lors fait de plus en plus à la maison, et moins au bistro. Idem pour le thé, au cours des années 2000.

Sophistication

Toujours en quête d'expériences de plus en plus sophistiquées, les amateurs de café ont commencé à courir les baristi pour déguster un café d'exception. À partir des années 2000, ils se sont donc remis à sortir de chez eux pour trouver ce qu'il y a de mieux, pas trop loin toutefois de leur domicile ou de leur lieu de travail. «Quant au thé, eh bien, on n'en est pas encore là», m'a confié Jean-Philippe Boivin.

Telle est donc leur trouvaille ! Dans les années à venir, les amateurs de thé, et de manière plus générale les personnes branchées soucieuses de leur santé, vont partir à la recherche d'endroits agréables où savourer des thés originaux, voire où en acheter en passant pour le boire tranquillement chez eux ou au bureau. «Découvrir ça nous a donné des frissons ! Nous avions là le moyen de satisfaire un besoin dont les consommateurs n'avaient même pas encore conscience !» m'a dit Simon Poulin.

Jean-Philippe a quitté en février 2013 son poste de banquier d'affaires à la Banque Scotia et Simon, celui de responsable du marketing et des ventes de Prana, un fabricant montréalais de produits biovégétaliens, pour lancer Hestia, en juin dernier. L'espace de quelques mois, ils ont parfait leur savoir en thé et, surtout, mis au point des boissons tonifiantes à base de thé, à l'image du Cappuccino Vert, fait de café et de thé matcha, ou encore du Montréal Fog, composé de maté, de noisette et de chocolat. Et ils ont ouvert leur boutique près de l'Université Concordia.

«Le succès dépasse nos attentes. La boutique ne désemplit pas : les étudiants travaillent ici même en prenant une boisson et les employés du coin en achètent en passant. C'est clair, nous avons vu juste et nous allons continuer d'en tirer parti en grossissant au plus vite», m'a confié Simon Poulin.

Pour découvrir avant tout le monde quelle sera la prochaine tendance dans votre secteur d'activité, il faut analyser à fond l'histoire récente de celui-ci ainsi que celle des secteurs voisins, en cherchant un détail qui a jusqu'alors échappé à tout le monde (un créneau inexploité, etc.). Certes, cela peut prendre du temps, mais cela peut tout changer !

Présenté par C2ML

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