Comment éviter un conflit de travail ou y mettre un terme


Édition du 30 Août 2014

Comment éviter un conflit de travail ou y mettre un terme


Édition du 30 Août 2014

Par François Normand

La simplicité a bien meilleur goût. Ce célèbre adage semble avoir des vertus même dans les relations de travail, car il a permis à l'Association des employeurs maritimes et au Syndicat des débardeurs de Montréal de signer l'actuelle convention collective sans provoquer un conflit. Comment ? En réduisant au minimum les demandes patronales et syndicales lors des négociations.

«Avant d'entamer les négociations, la direction et le syndicat ont accepté de discuter seulement de quelques enjeux importants au lieu d'aborder une cinquantaine de priorités, discutées ensuite dans 32 sous-comités !» explique Jean Bédard, président et chef de la direction de l'Association des employeurs maritimes, qui regroupe des opérateurs de terminaux, des lignes maritimes et des agences maritimes.

Cette stratégie a permis aux deux parties de concentrer leurs énergies et d'en arriver rapidement à la signature d'un nouveau contrat de travail, le 4 janvier 2013. Une approche qui n'était pas non plus étrangère au lock-out qui a paralysé le Port de Montréal durant cinq jours, en juillet 2010. Étant en concurrence avec les ports de la côte est, Montréal pouvait difficilement se permettre de vivre une grève ou un lock-out.

«Il y a eu une sensibilité à la concurrence internationale qui fait en sorte que les gens ont réalisé que c'était important de stabiliser les relations de travail et d'éviter les conflits, et ce, pour ne pas permettre à un autre port de tirer avantage d'une telle situation», explique Jacques Lessard, médiateur en relations de travail et consultant, qui a conseillé les deux parties lors de cette négociation.

Le Syndicat des débardeurs n'a pas répondu à nos demandes d'interview.

Poursuivre les négociations malgré des tensions

Chez le Groupe ADF, un fabricant de charpentes métalliques, patrons et syndicats ont réussi à négocier un premier contrat de travail, et ce, sans que l'une des deux parties ne menace de recourir à la grève ou à un lock-out. Dans ce cas, c'est le dynamisme de l'industrie (ADF décroche des contrats aux États-Unis, notamment à New York) et les relations cordiales entre les deux parties qui auraient pesé dans la balance.

Cela dit, il y a quand même eu des moments plus tendus, quand les négociations se sont enlisées à un moment donné, admet Donat Thibault, le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs ADF, affilié à la CSN. «On nous a suggéré d'aller en grève si nous n'étions pas contents ! Mais ce n'était pas notre inttention, et nous l'avons indiqué à la direction. Nous avons donc poursuivi la négociation, et nous avons finalement trouvé un compromis acceptable, principalement au sujet du recours à la sous-traitance.» La direction d'ADF a refusé de donner sa version pour ce reportage.

Accepter de mettre de l'eau dans son vin de part et d'autre, voilà la clé qui a permis d'éviter une grève ou un lock-out chez ADF, estime Donat Thibault. «Il faut être prêt à céder sur certains points. C'est ça la négociation.»

Équilibrer les rapports de force

Quand patrons et syndicats n'arrivent pas à s'entendre durant la phase de négociation, c'est le conflit de travail (grève ou lock-out). Et les spécialistes sont unanimes : plus un conflit s'étire, plus on limite les chances d'un règlement négocié. «Il y a un risque de personnalisation du conflit, où les deux parties n'arrivent plus à se parler», explique Sid Ahmed Soussi, un spécialiste du syndicalisme à l'UQAM.

Et pour arriver à une entente acceptable, les rapports de force doivent être équilibrés. Ce rapport de force équilibré, les travailleurs de l'usine de Rio Tinto Alcan à Alma, au Lac-Saint-Jean, ont dû le construire pour mettre un terme au lock-out déclenché par la direction de l'entreprise, le 31 décembre 2011.

L'enjeu était la sous-traitance : RTA voulait pouvoir recourir à la sous-traitance de manière illimitée pour réduire ses coûts, tandis que le Syndicat des Métallos (FTQ) voulait l'encadrer pour garder un maximum d'emplois bien payés dans la région.

Pendant six mois, les syndiqués ont rencontré les principaux acteurs socioéconomiques de la région pour leur expliquer leur position, en plus de faire une campagne mondiale auprès des autres employés de RTA. Les syndiqués ont assisté à une assemblée des actionnaires de la multinationale anglo-australienne, en Australie, et ont même posé des questions.

«C'est à ce moment-là selon moi que le conflit s'est réglé», affirme le représentant syndical Dominique Lemieux. C'est après cette assemblée que RTA a manifesté le souhait de trouver un compromis à propos de la sous-traitance. L'entreprise, qui refusait un plancher d'emplois syndiqués, a finalement accepté un plafond pour recourir à la sous-traitance.

La direction de RTA a refusé de nous parler pour ce reportage.

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