Série 3 de 3 - Une série en trois volets sur les pratiques toute japonaises en matière de management et de ressources humaines.
Nous passons le plus clair de notre temps actif au travail. Et comme si cela ne suffisait pas, il nous arrive de faire des heures supplémentaires. Pour certains, c'en est carrément devenu une drogue !
Au Japon, ce syndrome porte un nom, le karoshi. Il vise ces employés obnubilés par leur travail au point de ne plus compter les heures, et même de mettre de côté leur vie privée et leur santé. Il s'agit là d'un véritable fléau, d'une maladie mortelle, puisqu'elle serait actuellement à l'origine d'en moyenne 27 décès par jour au pays du soleil levant, en raison du surmenage (crise cardiaque, suicide, etc.).
Le karoshi fait l'objet d'études scientifiques depuis des décennies. Dernièrement, les Japonais se sont intéressés à l'impact que ses formes les plus modérées peuvent avoir sur l'être humain. Car, à force de ne regarder que les cas extrêmes, ils en avaient perdu de vue tous les autres, à l'image de l'arbre qui cache la forêt.
Ainsi, une équipe de sept cliniciens japonais a analysé des données détaillées sur quelque 4 000 salariés travaillant plus d'heures que la norme. Cela leur a permis de découvrir que le simple fait d'avoir comme habitude de faire des heures supplémentaires accroissait fortement les risques de dépression, de maux de dos handicapants et d'absentéisme pour cause de maladie. Bref, à vouloir trop bien faire, on nuit à sa productivité.
Trois trucs pour corriger le tir
Brad Klontz, professeur de psychologie financière à l'université d'État du Kansas à Manhattan (États-Unis), est le coauteur du livre Mind over money: Overcoming the money disorders that threaten our financial health (Crown Business, 2009). Il présente dans celui-ci trois astuces permettant d'éviter de contracter le karoshi.
1. Faites le test de la chaise à bascule. Imaginez-vous à la retraite. En train de vous bercer sur sur le perron de votre chalet, la tête remplie des souvenirs les plus marquants de votre vie. Quels sont-ils ? Des moments passés avec vos collègues ? Ou bien, avec vos amis ? Ou encore, avec vos proches, par exemple ? Cela devrait vous permettre de relativiser l'importance que vous accordez actuellement à votre travail.
2. Prenez une journée de congé inopinée. Et si, demain, vous n'alliez pas au travail... La Terre arrêterait-elle de tourner ? Le projet sur lequel vous travaillez s'écroulerait-il ? Non, bien sûr. En passant, profitez de cette journée pour prendre du recul par rapport à votre travail.
3. Osez vous ouvrir aux autres. Demandez à vos proches et amis ce qu'ils pensent de votre manière de travailler. En souffrent-ils ? Insistez pour qu'ils se montrent sincères.
