Attention à ce que vous écrivez sur les réseaux sociaux

Publié le 22/01/2010 à 10:00

Attention à ce que vous écrivez sur les réseaux sociaux

Publié le 22/01/2010 à 10:00

" Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. " Cette phrase que récitent systématiquement les policiers aux personnes qu'ils mettent en état d'arrestation s'applique parfaitement aux réseaux sociaux sur Internet, comme Facebook, MySpace et Twitter.

" Un juge de l'Ontario a été clair : une personne n'a pas d'expectative de vie privée sur ces réseaux sociaux. Tout est public. Et les employeurs sont de plus en plus nombreux à demander à une tierce personne, à un employé chouchou, par exemple, de devenir ami d'un autre employé sur Facebook [ou autre] pour accéder aux renseignements qui s'y trouvent ", dit Nancy Boyle, avocate spécialisée en droit du travail et de l'emploi du cabinet BCF.

Le juge en question avait fait cette déclaration au sujet de l'affaire Leduc c. Roman.

Les réseaux sociaux sont un phénomène récent, et ceux qui les utilisent ne sont pas toujours conscients des conséquences qu'il y a d'étaler leur vie privée au grand jour. Par exemple, pensez au grand party de fin d'année scolaire. Une soirée un peu trop arrosée, au cours de laquelle des filles et des gars ne se sont pas gênés pour danser en petite tenue. Plusieurs invités ont pris des photos de cette soirée mémorable, et les ont publiées sur leur site Facebook. Sans aucune mauvaise intention. Vingt ans plus tard, un des participants éméchés devient le dirigeant d'une entreprise en vue ou amorce une carrière politique. Et on trouve encore des photos de cette soirée sur Internet. De quoi alimenter la controverse.

Janine Krieber, l'épouse de l'ancien chef du Parti libéral du Canada, Stéphane Dion, a pu constater qu'une opinion ne demeure pas confidentielle sur les réseaux sociaux.

En décembre, elle a émis sur sa page Facebook des opinions négatives au sujet de Michael Ignatieff, l'actuel chef du PLC. Rapidement, ses propos ont alimenté la chronique politique. Tant et si bien qu'elle a retiré ses commentaires. Mais le mal était fait.

En principe, chacun est libre d'accepter ou de refuser des demandes d'amité sur Facebook. Par contre, dans la réalité, il existe une forme de concurrence pour avoir le plus d'amis possible. Si bien que souvent, on accepte à peu près n'importe qui. En plus, si vous parlez à des utilisateurs réguliers de ce site de réseautage, plusieurs vous diront qu'on peut, sans trop de difficulté trouver des informations au sujet d'un individu sans être son ami.

" La jurisprudence canadienne montre que les tribunaux canadiens admettent en preuve les informations contenues sur ces réseaux sociaux ", dit Me Boyle.

Utile pour les enquêteurs

L'avocat Thomas-A. Lavin, de Cowansville, représente Nathalie Bouchard. La jeune femme de 29 ans, en congé prolongé pour dépression, a vu ses prestations coupées par son assureur, Financière Manuvie. Mme Bouchard avait affiché sur sa page Facebook des photos où elle s'amusait ferme. L'assureur soutient qu'il n'a pas mis fin aux prestations de Mme Bouchard à cause de ces photos. Toutefois, l'assureur reconnaît qu'il utilise les réseaux sociaux pour s'informer sur ses clients. Ce qui est tout à fait légal, d'ailleurs.

" Tous les enquêteurs utilisent ces sites comme outils de recherche, dit Me Lavin. La Société de l'assurance automobile du Québec, les assureurs, la Commission de la santé et de la sécurité du travail l'utilisent tous. Les gens devront faire preuve de plus de discernement sur ce qu'ils publient sur ces sites. "

Par exemple, dans les causes Jessy Renaud c. Ali Excavation et Garderie Les Chatouilleux, la Commission des lésions professionnelles n'a pas contesté l'admissibilité d'informations tirées de Facebook à titre de preuve.

De son côté, Florent Francoeur, pdg de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, admet que les sites sociaux sont des outils d'usage courant chez les responsables du recrutement dans les entreprises.

" Essentiellement, ces sites servent à vérifier la conformité du curriculum vitæ, et si le candidat n'a pas publié sur son site des commentaires peu flatteurs sur un ancien employeur. "

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