Sept incubateurs créés par des entreprises

Offert par Les Affaires


Édition du 31 Octobre 2015

Sept incubateurs créés par des entreprises

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Édition du 31 Octobre 2015

Pas moins du tiers des grandes entreprises des pays du G20 auraient déjà mis en place un programme d'incubation de start-up, selon un sondage réalisé par Accenture. De plus, 9 % des revenus de ces entreprises seraient issus de leur collaboration avec des start-up, et leurs décideurs s'attendent à ce que cette proportion grimpe à 20 % d'ici cinq ans. Ce sont ainsi des entreprises issues de tous les secteurs qui, conscientes de la nécessité d'innover plus rapidement, se sont mises à courtiser les start-up. Voici sept exemples d'incubateurs de start-up constitués par des entreprises qui ont soif d'innovation.

1. Digital Garage

Le Digital Garage de Canadian Tire n'est pas un incubateur de start-up au sens propre. En effet, plutôt que d'inviter des entreprises en démarrage à venir travailler dans ses bureaux, Canadian Tire a décidé d'envoyer ses employés travailler au coeur de l'écosystème de start-up de Kitchener/Waterloo.

Depuis 2013, une dizaine de ses employés travaillent pour Communitech, la principale plaque tournante techno de la région. Et depuis peu, une cinquantaine d'employés du détaillant canadien sont intégrés au Digital Garage, un bureau situé en face, inauguré en mai dernier. « Le fait d'avoir des employés à l'intérieur de Communitech nous aide, car la communauté de start-up nous perçoit comme étant des leurs », dit Eugene Roman, directeur des technologies de Canadian Tire.

Le but avoué du détaillant, en affectant une partie de son personnel des TI chez les entrepreneurs, est de les placer dans un environnement propice à l'innovation. Canadian Tire profite aussi de sa présence à Kitchener/Waterloo pour tisser des partenariats avec des jeunes entreprises locales, mais n'a mis en place aucun programme d'incubation proprement dit. « Il n'y a pas de processus formel, car le caractère informel de nos échanges est essentiel pour avoir un dialogue avec des start-up », précise Eugene Roman.

Lorsque Canadian Tire décèle une start-up dont la technologie pourrait lui être utile, le détaillant canadien n'hésite toutefois pas à lui donner un coup de main. Notamment, Canadian Tire peut lui octroyer un contrat, partager son expertise avec elle ou la présenter à ses fournisseurs. Par exemple, Canadian Tire a équipé un de ses magasins albertains d'un panneau géant, réalisé par MappedIn, qui permet aux clients de trouver leur chemin à l'intérieur du commerce.

2. Cossette Lab

Pour l'agence de publicité Cossette, accueillir des start-up dans ses bureaux n'est pas une question d'image. L'incubation de jeunes entreprises permettrait à Cossette de se démarquer en offrant à ses clients des technologies émergentes passées sous le radar des concurrents. « Ça nous donne un avantage technologique auprès des clients », affirme Malik Yacoubi, vice-président des technologies de Cossette.

Ainsi, la plupart des neuf entreprises qui sont passées par le Cossette Lab à Montréal depuis 2012 auraient obtenu des contrats auprès des clients de Cossette. Ces start-up ont également bénéficié collectivement de 16,8 millions de dollars de financement en capital de risque, et trois d'entre elles ont été acquises, soit PasswordBox, 5by et Infoactive. Il s'agit d'une validation intéressante des choix du Cossette Lab, qui a fait des investissements en capital de risque dans deux des entreprises qu'il a incubées.

Forte de ce succès, Cossette a décidé d'implanter ce modèle dans son bureau torontois en 2014 et fera de même dans son bureau de Vancouver en janvier 2016. Au-delà des partenariats stratégiques qui découlent du programme, Malik Yacoubi juge que la présence de start-up dans les bureaux de Cossette est source d'innovation : « Ce qui fonctionne vraiment, ce sont les rencontres impromptues, devant la machine à café », relève le vice-président de Cossette.

« Créer des liens avec des start-up est un moyen pour nous de lancer rapidement et efficacement de nouveaux services. » – Hugues Hansen, directeur général de Start’inPost, l’incubateur de La Poste.

3. Start'inPost

Lancé en juin 2014, l'incubateur de La Poste, en France, vise à accélérer le virage numérique de la société de distribution de courrier, qui est pourtant déjà bien amorcé. En effet, alors que les services postaux de plusieurs pays sont dans l'impasse, La Poste a su se diversifier, si bien que la distribution de lettres et de colis en France génère aujourd'hui moins de la moitié du chiffre d'affaires du groupe, qui s'élevait à plus de 22 milliards d'euros en 2014.

La société a étendu ses tentacules au secteur bancaire, à celui des télécommunications ainsi qu'à celui du marketing en ligne. C'est pour accélérer la transformation numérique de La Poste, qui avait déjà réalisé plusieurs acquisitions dans le secteur du marketing en ligne, que Hugues Hansen a eu l'idée de lancer Start'inPost : « Quand on a voulu développer la publicité mobile, c'était difficile pour le groupe de justifier les valorisations des start-up dans ce créneau, relate le directeur général de Start'inPost. L'idée, c'était de rentrer avant ou en même temps que les capital-risqueurs dans ces sociétés ».

L'incubateur de La Poste a permis à la société française d'augmenter ses revenus numériques sans faire d'acquisition. D'une durée totale de 12 mois, le programme d'incubation s'adresse à des entreprises dont les produits peuvent bénéficier aux clients de La Poste. Durant les trois premiers mois, La Poste met à l'essai le produit ou la technologie de la start-up. Si la période d'essai est concluante, le programme s'accélère durant neuf mois. « L'objectif stratégique de La Poste est d'attaquer de nouveaux territoires en lançant de nouveaux services, explique Hugues Hansen. Créer des liens avec des start-up est un moyen pour nous de lancer rapidement et efficacement de nouveaux services. »

Conscient de la rigidité d'une grande société comme La Poste, Hugues Hansen considère son rôle comme celui d'un médiateur entre la culture de son employeur et celle des entreprises en démarrage, dont le rythme est beaucoup plus rapide. Près de 14 start-up ont bénéficié du programme à ce jour. Le rôle de l'incubateur est avant tout d'outiller ces dernières pour qu'elles parviennent à profiter de leur partenariat avec La Poste, mais aucun local ne leur est fourni. La Poste a toutefois fait des investissements, qui peuvent aller jusqu'à 500 000 $ dans certains cas.

Julien Denaes vient d’achever le programme de Barclays Accelerator à New York avec son entreprise Logrr.

4. Barclays Accelerator

Cet accélérateur est le fruit d'un partenariat entre la vénérable banque britannique Barclays et Techstars, un des accélérateurs américains les plus renommés avec Y Combinator et 500 Startups. Le Barclays Accelerator offre un programme de 13 semaines aux jeunes entreprises spécialisées en finance, en cybersécurité et en paiement. Techstars, qui gère l'accélérateur pour Barclays, investit 20 000 $ US dans les start-up sélectionnées, en échange d'une participation de 6 %. Malgré tout, des employés de Barclays sont sur place durant toute la durée du programme, qui est offert à Londres, New York, Tel-Aviv et Le Cap. Barclays obtient ainsi un accès direct aux technologies émergentes dans son secteur, et les start-up choisies bénéficient en retour d'un accès direct aux preneurs de décisions de la banque. Julien Denaes, qui vient d'achever le programme à New York avec son entreprise Logrr, dit que Barclays a mis son produit à l'essai et l'a soumis à plusieurs de ses clients.

5. Intel Education Accelerator

En août dernier, l'Intel Education Accelerator a accueilli sa première cohorte de huit start-up oeuvrant en éducation. Chacune d'elles a fait l'objet d'un investissement pouvant aller jusqu'à 100 000 $ US en échange d'une participation de 6 %. L'investissement provient d'Intel Capital, le bras du capital de risque du géant des microprocesseurs. Le programme d'incubation de quatre mois, qui a lieu à la plaque tournante techno GSVlabs dans la Silicon Valley, est pour sa part géré par Intel Éducation. « Dans le secteur de l'éducation, nous travaillons avec des gouvernements autour du monde, et nous sommes toujours à la recherche de produits innovateurs qui pourraient bénéficier à nos clients », note Elizabeth Broers, directrice de programme au sein de l'Intel Education Accelerator.

Faisant valoir que les entreprises incubées peuvent bénéficier de son expertise et de ses équipes de vente, Elizabeth Broers considère qu'exploiter un accélérateur bénéficie à toutes les parties impliquées. « Je pense que lancer un accélérateur est un bon moyen pour les entreprises d'obtenir une belle fenêtre sur le monde des start-up, qui n'est pas si facile d'accès pour une grande entreprise », conclut-elle.

6. Microsoft Ventures Accelerator


Les accélérateurs de Microsoft servent moins à déceler des cibles d’acquisition qu’à tisser des liens avec de jeunes entreprises prometteuses.

Lancé en 2011, cet accélérateur est aujourd'hui présent dans sept villes du monde. Il est une initiative de la branche de capital de risque du géant de Redmond, Microsoft Ventures. Toutefois, Microsoft Ventures ne prend pas de participation dans les entreprises incubées par son accélérateur, même si elle leur fait parfois des offres.

Les start-up n'ont donc pas besoin de tisser des liens avec Microsoft pour participer au programme qui dure de trois à six mois. « Notre objectif est d'aider de belles entreprises à grandir. Ainsi, elles n'ont pas besoin d'utiliser les produits de Microsoft, même si on aimerait qu'elles le fassent », explique Alec Saunders, évangéliste techno principal chez Microsoft Ventures.

Microsoft, qui offre des logiciels pour les entreprises, des services d'hébergement et des plateformes de développement, utilise néanmoins Microsoft Ventures pour amener des start-up prometteuses à adopter sa technologie. En raison des crédits qui leurs sont offerts, 70 % des entreprises incubées seraient sur la plateforme Microsoft lorsqu'elles quittent le Microsoft Ventures Accelerator.

Microsoft souhaite également découvrir des technologies qui seraient passées sous son radar, indique Alec Saunders. Malgré tout, les accélérateurs de Microsoft servent moins à déceler des cibles d'acquisition qu'à tisser des liens avec de jeunes entreprises prometteuses. Dans les faits, parmi les 410 start-up qui ont suivi le programme d'accélération de Microsoft, 79 ont fait l'objet d'une acquisition. Toutefois, seule l'une de ces acquisitions a été réalisée par Microsoft.

7. Xerox PARC

Xerox est un exemple probant qu'il ne suffit pas d'innover pour se renouveler. En effet, l'entreprise encore associée aux photocopieurs dans l'esprit du grand public est à l'origine de technologies comme la souris d'ordinateur et le traitement de texte moderne, qui ont vu le jour au sein du Xerox PARC, à Palo Alto. Or, à l'époque ce sont des start-up, Apple et Microsoft, qui ont récolté les fruits de ces percées au début des années 1980.

Aujourd'hui, Xerox s'assure de mettre à profit les découvertes de ses quelque 4 000 chercheurs dans le monde. Pour ce faire, on a nommé des directeurs de l'innovation dans chaque division de Xerox pour faire le lien entre la recherche et les activités commerciales de l'entreprise.

Malgré tout, Xerox ne compte pas que sur ses chercheurs pour l'alimenter en innovation. Dans les faits, 50 % du centre de recherche de Palo Alto (PARC) est aujourd'hui consacré à des start-up externes. Le centre de recherche Xerox dans l'État de New York (baptisé PARC East) et celui de Grenoble, en France, ont adopté le même modèle.

« Les start-up sont plus agiles et peuvent concentrer leur effort pour devenir rapidement excellentes dans un domaine très spécifique, alors que nos chercheurs s'attaquent souvent à de plus grands problèmes et que nos clients, de grandes entreprises, ont tendance à prendre moins de risques », explique Denise Fletcher, chef de l'innovation de la division santé de Xerox.

Les start-up incubées sont invitées à travailler aux côtés des chercheurs de Xerox. Les partenariats, même s'ils ne sont pas requis, naissent souvent de cette proximité. Un tel partenariat permettrait à Xerox d'amener davantage d'innovations sur le marché.

Suivez Julien Brault sur Twitter @julienbrault

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