Photo : Deloitte, 19 janvier 2010 au Reine Elizabeth, Montréal
BLOGUE. Le débat du paiement de contenu en ligne renaît une fois de plus. C’est lors des « Prédictions TMT 2010 » de Deloitte Canada, dévoilées ce matin à Montréal, que la question du modèle de publication gratuite en ligne a resurgi.
PLUS: Les dix prédictions TMT 2010 de Deloitte Canada
La prédiction de Deloitte : « Les éditeurs de journaux et de magazines canadiens se demandent s’ils peuvent faire payer les éditions en ligne aux lecteurs. Les lecteurs en ligne pourraient donc devenir des clients (abonnés) moyennant des micropaiements. Le contenu serait probablement acheté davantage une tranche à la fois, comme ce qui a été fait pour les téléphones intelligents et la musique sur iTunes. Toutefois, il est peu probable que plus d’une poignée d’entre eux fassent payer pour leur contenu et pour ceux qui le feront, les revenus tirés des abonnements ne seront pas très substantiels. »
Malgré cette sombre prédiction, au Québec, certains médias ont déjà emboîté le pas des abonnements en ligne payants, dont Protegez-vous.ca et ledevoir.com. Les sites plus généralistes, comme Cyberpresse et Canoë, n’ont pas encore pris cette voie, mais qui sait?
Du côté des publications économiques, Stéphane Lavallée, vice-président, Groupe des solutions d'affaires et éditeur du Groupe Les Affaires et magazines chez Médias Transcontinental, est catégorique. « Ce n’est qu’une question de temps avant que le journal Les Affaires soit offert en édition numérique. Nous sommes également en train de regarder pour intégrer des services et du contenu payants pour lesaffaires.com », explique-t-il.
Offrir plus de services est une stratégie en laquelle Stéphane Lavallée croit profondément. Le journal Les Affaires a d'ailleurs pris cette voie avec ses Grandes Conférences et ses nombreux projets spéciaux.
Du côté des médias américains, le président du conseil du New York Times, Arthur Sulzberger Jr., serait sur le point d’annoncer que le journal chargera pour l’accès au contenu de son site Internet. Le New York Times adopterait un modèle similaire à celui du Financial Times où les lecteurs peuvent consulter un certain nombre d’articles gratuits, puis décider ou non de s’abonner pour en lire davantage. L’abonnement en ligne du New York Times avait été aboli en 2007.
Cette stratégie sera-t-elle fructueuse pour le Times ? Duncan Stewart, directeur de la recherche de Deloitte Canada, croit systématique que non. « C’est certain que si le New York Times commence à faire payer ses internautes, son lectorat en ligne va considérablement diminuer.» M. Stewart a toutefois reconnu le succès du contenu payant du Wall Street Journal, publié par le géant News Corp.
Par ailleurs, quatre des plus importantes entreprises technologiques de la planète, Google, Microsoft, Sun et Oracle, ont exprimé leur désir de mettre en place un système de paiement en ligne pour les éditeurs.
Les internautes ne sont pas prêts à payer
Une récente étude menée par l'Institut de la presse américaine (IPA) auprès de dirigeants de journaux canadiens et américains dévoilait que la majorité des éditeurs songeaient à imposer des frais pour le contenu en ligne.
Paul Cauchon, journaliste au Devoir, écrivait le 27 octobre 2009 que même si de plus en plus de journaux veulent faire payer pour leur contenu en ligne, « les internautes ne se laisseront pas convaincre facilement ». Il citait un sondage selon lequel seulement 16 % des Américains étaient prêts à payer, alors que 55,5 % n'approuvaient pas du tout.
Certes, le Wall Street Journal a connu du succès avec son modèle payant, mais cette stratégie a été adoptée dès le départ. Il est difficile d’offrir du contenu gratuit pendant plusieurs années, puis de changer de façon de faire...
