L'innovation : nouvelle matière première

Publié le 19/03/2015 à 08:02

L’industrie du recyclage au Québec met en valeur les matières recyclées issues, en grande partie, de la collecte sélective. Conditionneurs et recycleurs transforment la matière récupérée de manière innovante, rentable et socialement responsable.

Une industrie solide

Selon l’Institut de la Statistique du Québec, la Province comptait en 2011 près de 620 entreprises liées à la gestion des matières résiduelles. Ensemble, elles génèrent 4,1 milliards de dollars en chiffre d’affaires. « Bien qu’ils contribuent conjointement à la maturité du système de collecte sélective, conditionneurs, récupérateurs, centres de tri et recycleurs font face à des enjeux importants », selon Marc Olivier, spécialiste en gestion des matières résiduelles à l’Université de Sherbrooke. « Or, il faudra trouver collectivement une solution à ces enjeux pour profiter d’un créneau de développement économique d’avenir. » Pour Marc Olivier, il faudra former une alliance entre tous les acteurs de cette chaîne de valeur et « créer les conditions qui permettront de soutenir une industrie du recyclage solide ».

Malgré d’excellents taux de recyclage, il faut faire davantage pour trouver des débouchés à la matière récupérée. Heureusement, certains entrepreneurs ont du flair, et de plus en plus de filières industrielles novatrices voient le jour. Ces recycleurs utilisent les matières dites « secondaires » et les transforment en matières utilisables pour la fabrication de produits semi-finis ou finis.

Nouvelle économie : nouvelles filières

Certaines entreprises comme Tricentris permettent au système de collecte sélective québécois d’être plus performant. Cette entreprise de Lachute, qui possède aussi des usines en Outaouais et dans Lanaudière, a toujours été un acteur de premier plan dans la gestion des matières recyclables. Important centre de tri à ses débuts, l’entreprise est aussi devenue recycleur. À une certaine époque, on parlait d’intégration verticale. Depuis 2004, Tricentris travaille à la valorisation du verre. « La valorisation, ce qui permet vraiment de boucler la boucle du recyclage, est une véritable préoccupation explique Grégory Pratte, représentant aux ventes à la nouvelle usine de micronisation du verre de Tricentris. Et ça ne date pas d’hier ! C’est notre mission même et, tant qu’à trouver des solutions pour répondre aux problèmes environnementaux associés aux matières résiduelles, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et trouver des débouchés au Québec ? » Dans le contexte difficile de la dernière récession, Tricentris, comme d’autres centres de tri, a dû repenser son modèle d’affaires. Le prix des matières atteignait alors des niveaux exceptionnellement bas. En 2013, l’organisme sans but lucratif inaugurait son usine de micronisation du verre, qui produit une poudre de verre à partir de verre récupéré. La poudre et les granulats de verre peuvent être ajoutés au ciment pour en améliorer la qualité. Actuellement, l'unité pilote de Tricentris permet de produire 6 000 tonnes de poudre de verre par année. « Nous visons 30 000 tonnes dans les prochains mois. » Prochain défi : « la gestion de l’expansion ».

Daniel Normandin, directeur de l’Institut EDDEC qui soutient la recherche sur l’économie circulaire, cite l’exemple de Tricentris. « « Pour que le recyclage soit plus efficace, dans un contexte où le prix des matières premières sera inévitablement amené à grimper, une meilleure connexion entre les acteurs de la chaîne de valeur est essentielle. Ainsi, les manufacturiers, les centres de tri et les recycleurs doivent travailler de concert pour que les produits soient composés d’une plus grande quantité de matières recyclables, afin que les composantes puissent être facilement désassemblées en matériaux de base et retournées aux manufacturiers pour boucler la boucle et ainsi accroître la productivité des ressources. »

Autre exemple intéressant, celui de l’entreprise Soleno. Établie à Saint-Jean-sur-Richelieu, cette PME a acquis une expertise dans la fabrication de produits pour contrôler et maîtriser l’eau pluviale. Aujourd’hui, elle utilise du plastique recyclé pour la fabrication de certains de ces tuyaux. En 2013, Soleno est devenue partenaire majoritaire d’une usine du Groupe RCM active dans le recyclage des plastiques. L’usine de Yamachiche traite le polyéthylène haute densité, une matière « extrêmement performante et durable dont la durée de vie utile peut dépasser un siècle ». Mieux, il s’agit d’un substitut au béton, ce qui réduit considérablement l’empreinte écologique d’une nouvelle installation.

Cascades utilise de la matière recyclée depuis plusieurs années et sur une échelle beaucoup plus importante. Patrice Clerc, Directeur, Approvisionnement et services chez Cascades, explique que le modèle d’affaires même de l’entreprise repose sur l’obtention de matière recyclée de qualité. Un des experts dans le domaine du recyclage au Québec, Patrice Clerc rappelle un principe de base avec lequel Cascades compose régulièrement : « La valeur d’une matière réside dans sa relative pureté ». Il y a toujours des contaminants dans une matière recyclée. Or, les recycleurs doivent viser une qualité constante. Défi relevé ! Depuis quelques années, la division des produits spécialisés de Cascades s’est lancée dans la production de produits fabriqués à 100 % à partir de plastiques récupérés. Une grande partie de ceux-ci proviennent de la collecte sélective. Plastiques Cascades Re-Plast, une division de Cascades Canada fondée en 1989, est un manufacturier de planches pour patio et de mobilier en plastiques récupérés. Son marché ? Le Nord-Est de l’Amérique du Nord et l’Europe.

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