" Difficile de dire si nous atteindrons notre objectif de devenir un pôle majeur d'innovation en 2012, comme nous en avions déjà exprimé le souhait. On ne devient pas un pôle majeur du jour au lendemain, ça se construit avec le temps. Mais d'ici là, la région sera assurément plus innovante ", affirme Pierre Bélanger, directeur général de l'organisme Innovation et Développement économique Sherbrooke (IDES), qui occupe ses nouvelles fonctions depuis février.
C'est pour mieux marquer cette nouvelle stratégie économique que l'ancienne Société de développement économique de Sherbrooke changeait d'appellation, en début d'année.
Longtemps dépendante d'industries traditionnelles, la région de Sherbrooke s'est résolument tournée vers l'innovation et la transformation de biens à valeur ajoutée.
Dans la foulée d'un Sommet économique qu'elle a tenu en 2007 pour réfléchir à son avenir, la Ville a d'ailleurs lancé une série de chantiers visant à réaliser son ambition : devenir un pôle majeur d'innovation d'ici 2012. Un plan auquel adhèrent tant les entreprises et les maisons d'enseignement que les organismes de développement économique.
Plusieurs initiatives
La région a depuis multiplié les initiatives pour s'assurer que l'innovation soit au coeur de son développement économique. Début septembre, IDES se joignait à Montréal InVivo et au Pôle Québec Chaudière-Appalaches pour la signature d'une entente de coopération d'une durée de trois ans pour le développement du secteur des sciences de la vie et des technologies de la santé.
Les trois grandes organisations québécoises qui oeuvrent dans ce secteur ont uni leurs forces pour promouvoir l'offre québécoise, d'une seule voix, dit Pierre Bélanger, qui a contribué à la création de Laval Technopole et de la Cité de la biotech de Laval.
" Grâce à ce partenariat, le Québec se dote d'une force de frappe qui permettra de bonifier nos efforts de développement et de promotion des entreprises québécoises ici et à l'étranger ", précise-t-il.
À cet égard, la région mise notamment su¬¬r son Parc biomédical, dont le développement a toutefois stagné ces dernières années. L'implantation récente d'un laboratoire de la multinationale américaine Charles River pourrait apporter de l'eau au moulin.
" Son arrivée contribue à créer une masse critique nécessaire à la création d'un pôle ", ajoute M. Bélanger, qui reconnaît qu'il manque encore certains ingrédients. Par exemple, un incubateur ou un bâtiment multilocatif qui favoriserait la création ou le développement de jeunes pousses.
" La région a déjà perdu des spin-off et des nouvelles entreprises parce qu'il n'y avait pas de lieux adéquats pour les accueillir. On ne veut pas répéter ces erreurs ", note Pierre Bélanger.
Autres partenariats
Outre l'industrie des biotechnologies et des sciences de la vie, la région entend aussi mettre l'accent sur le développement des secteurs des technologies de l'information, des technologies environnementales, de la micro électronique et des nanotechnologies.
Elle compte déjà plusieurs entreprises actives dans ces domaines, notamment Tekna Systèmes Plasma et Enerkem, fondées pour exploiter des technologies innovatrices développées à l'Université de Sherbrooke.
D'ailleurs " le développement de ces secteurs d'activité et d'une culture innovante repose grandement sur le soutien de l'Université ", souligne Pierre Bélanger.
Un rôle qu'entend jouer l'institution. En plus de ses activités de recherche, " l'Université cherche à promouvoir l'innovation dans les entreprises de la région, notamment en se faisant connaître davantage auprès des entrepreneurs ", dit la nouvelle rectrice, Luce Samoisette.
Elle fera d'ailleurs une de ses premières sorties publiques devant le milieu des affaires à l'occasion d'un dîner-conférence organisé par la Chambre de commerce de Sherbrooke en novembre.
" Il faut que les entreprises se rapprochent du milieu universitaire, des chercheurs ", souligne Louise Bourgault, directrice générale de la Chambre de commerce de Sherbrooke.
Ces dernières années, l'organisme a aussi contribué à créer un contexte régional favorable à l'innovation en organisant le Forum Innovalia. L'événement réunissait les grandes entreprises, les PME, les sociétés de capital de risque, les maisons d'enseignement, les chercheurs et les inventeurs venus y tisser des liens et développer des partenariats.
Enfin, IDES et la Société de commercialisation des produits de la recherche appliquée de l'Université de Sherbrooke (SOCPRA) ont aussi convenu de travailler plus étroitement ensemble.
Les deux organismes viennent de signer une entente de coopération pour que " les technologies et innovations issues de l'Université profitent davantage aux entreprises de la région ", explique Josée Fortin, pdg de la SOCPRA.
pierre.theroux@transcontinental.ca
