Commercialisation de l'innovation : un remède à l'anémie québécoise


Édition du 31 Octobre 2015

Commercialisation de l'innovation : un remède à l'anémie québécoise


Édition du 31 Octobre 2015

Par Matthieu Charest

« Vu la croissance anémique au Québec, il nous faut des entrepreneurs innovants. » – Stéphane Pallage, doyen de l’ESG UQAM.

De façon générale, le Québec fait très bonne figure en matière d'innovation. Mais lorsqu'il est question de commercialiser ses avancées, la performance de la province s'écroule. Pour tenter de renverser la vapeur, l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) lance l'Observatoire des stratégies de commercialisation de l'innovation (OSCI), a appris le journal Les Affaires.

Selon le bulletin sur l'innovation publié par le Conference Board du Canada en septembre, le Québec se classe au deuxième rang des provinces canadiennes (derrière l'Ontario) et au huitième rang parmi les 26 États étudiés (devant l'Allemagne, la Norvège et le Japon, entre autres).

La province se démarque quant à la R-D dans le secteur public, aux investissements des fonds de capital de risque, à la publication de recherches scientifiques et aux ambitions entrepreneuriales de ses citoyens.

Mais le Québec se distingue nettement moins au chapitre du nombre de brevets déposés, de la productivité au travail et de la création d'entreprises.

Ces résultats suggèrent « que la province a des problèmes de commercialisation et ne récolte pas les bénéfices de l'innovation », a déclaré Daniel Muzyka, président et chef de la direction du Conference Board.

Autrement dit, nous avons les capacités, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Des initiatives pratiques

« Vu la croissance anémique au Québec, il nous faut des entrepreneurs innovants, dit Stéphane Pallage, doyen de l'ESG UQAM. Et ces entrepreneurs, il faut les soutenir avec des données et des conseils. »

Justement, l'OSCI tentera de pallier les lacunes québécoises en commercialisation de l'innovation par un volet théorique et des initiatives pratiques.

D'abord, il tracera le portrait annuel de l'innovation au Québec afin de repérer les défis et les progrès, et de produire des études sectorielles. Puis, il assurera une veille des meilleures pratiques dans le monde et, ensuite, diffusera l'information recueillie par l'intermédiaire de webinaires et de séminaires.

Quant à l'aspect pratique, l'OSCI veut mettre sur pied des laboratoires pour appuyer des associations sectorielles, comme la Fédération des plastiques et alliances composites (FEPAC). L'équipe veut constituer des cohortes d'entreprises qui seront amenées à intégrer de nouvelles pratiques de gestion de l'innovation sous forme de plateformes technologiques et de commercialisation (PTC).

« Nous voulons comprendre ce qui se fait dans les technologies de rupture (comme l'impression 3D), étudier d'autres pays, l'Allemagne par exemple, qui pourrait avoir 10 ans d'avance sur certains points, et mobiliser nos étudiants pour qu'ils puissent travailler sur ces enjeux », explique Vincent Sabourin, professeur titulaire de stratégie de gestion et de gestion internationale à l'UQAM, et copilote du nouvel Observatoire.

La structure de l'OSCI sera très « lean, avec quatre ou cinq personnes pour assurer la permanence », souligne Michel Langelier, président d'Alliance Gestalt, une firme-conseil en gestion, et second copilote de l'Observatoire. « Pour ce qui est du financement, l'UQAM est en train de travailler pour nous allouer un financement de 1 à 1,5 million de dollars sur cinq ans, que nous espérons pouvoir annoncer d'ici la fin de novembre.

« Par ailleurs, nous avons conclu une entente avec la FEPAC et sommes en discussion avec d'autres organismes, dont Hydro-Québec », ajoute M. Langelier.

La plasturgie comme pionnier

Avec la FEPAC, son premier partenaire majeur, l'OSCI a signé une entente de trois ans en vue de créer une première cohorte d'entreprises spécialisées en plasturgie, dès mars 2016.

« Ça va coûter environ 5 000 $ par entreprise, précise Pierre G. Fillion, pdg de la FEPAC. Et nous allons les accompagner pendant 30 mois. Ça sera du concret. Nous, du pelletage de nuages, nous n'en voulons pas. Après notre programme, nous voulons que nos entreprises puissent commercialiser leurs produits partout dans le monde. »

Le temps presse. « Il faut collaborer pour innover, et il n'y a pas de commercialisation sans innovation. C'est un continuum, et nos entreprises doivent se positionner plus haut dans la chaîne de valeur, croit M. Fillion. Arrêtons de nous péter les bretelles. Depuis le bras canadien, il n'est pas sorti grande innovation du pays. Là, ce n'est plus la Chine qui nous menace ; ce sont maintenant le Vietnam et l'Afrique qui commencent à nous damer le pion. »

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