Clément Gignac dresse le bilan de sa première année comme ministre

Publié le 03/09/2010 à 09:00, mis à jour le 16/09/2010 à 09:49

Clément Gignac dresse le bilan de sa première année comme ministre

Publié le 03/09/2010 à 09:00, mis à jour le 16/09/2010 à 09:49

Par Suzanne Dansereau

Le ministre du Développement économique Clément Gignac. Photo : Gilles Delisle

Il ne donne pas dans la langue de bois, et beaucoup l'apprécient pour cette raison. Clément Gignac, l'ancien économiste en chef de la Banque Nationale, est depuis juin 2009 ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

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En pleine récession, il a dû convaincre ses collègues d'ouvrir les coffres pour financer une nouvelle stratégie sur la recherche et l'innovation. Entrevue avec un politicien candide qui n'a pas perdu son chapeau d'économiste.

Les Affaires - Vous venez de terminer votre première année en politique. Comment cela s'est-il passé ?

Clément Gignac - Disons que je ne suis pas tombé dans la marmite politique quand j'étais jeune ! Ma passion à moi, c'est l'économie. J'ai décidé de relever le défi de la politique quand ma femme m'a posé la question suivante : " Quand tu auras 75 ans, regretteras-tu de ne pas y être allé ? " Économiste, c'est un sport individuel, ministre, c'est un sport d'équipe. Il a fallu que j'apprenne à porter le ballon, mais aussi à le passer. Et il y a eu des placages.

Ce qui me motive, c'est d'être à la table pour dessiner les politiques qui auront une influence sur l'avenir économique du Québec. Je voudrais y être pendant 10 ans; c'est le temps que cela prend pour avoir un impact réel. Mon but, c'est d'effacer l'écart entre le niveau de vie du Québec et celui de l'Ontario, écart qui est de 12 % en ce moment.

L.A. - Pourtant, personne n'y est parvenu depuis 50 ans...

C.G. - Nous avons tout ce qu'il faut maintenant pour réussir. Le Québec a mieux traversé la crise que l'Ontario. Notre taux de chômage est plus bas que le leur, une première en 40 ans. Depuis 2003, de toutes les provinces canadiennes, c'est le Québec qui contrôle le mieux ses dépenses. Nous comptons 31 % des emplois scientifiques au Canada, et nous consacrons le plus haut pourcentage de notre PIB à la R-D. Cet objectif de parité, c'est ma façon d'exprimer mon nationalisme. Je crois que le jour où le PIB par habitant du Québec sera à parité avec celui de l'Ontario, les Québécois ne se verront plus de la même façon, et le reste du Canada ne nous verra plus de la même façon.

L.A. - Vous parlez de dépenses gouvernementales pour stimuler l'innovation, mais les résultats sont toujours aussi décevants : le Québec est dernier en termes de gains de productivité. Qu'est-ce qui ne va pas ?

C.G. - Notre retard s'explique notamment par un faible taux d'innovation en entreprise, associé à un sous-investissement dans les technologies et dans l'innovation organisationnelle. Manque de culture entrepreneuriale, manque de culture d'innovation, faible taux de diplomation... Nous nous attaquerons à ces problèmes dans les trois stratégies que nous proposons. Une stratégie de l'innovation, que nous venons de publier, une stratégie de l'entrepreneuriat et une stratégie d'éducation. Ces deux dernières seront dévoilées plus tard cet automne. Il faut aussi contrer le déclin démographique en incitant les 55 et plus à travailler plus longtemps.

De plus, je suis en train de revoir tous les programmes gouvernementaux de soutien aux entreprises. Pourquoi, par exemple, y a-t-il seulement 150 entreprises au Québec qui profitent du crédit d'impôt à la R-D ? J'ai l'intention de remuer ciel et terre, de retourner toutes les pierres dans mon exercice de révision. Je vous promets que rien ne sera tabou.

L.A. - En juillet dernier, vous avez même dit aux gens d'affaires que " Tant que je serai ministre, on n'empêchera pas les restructurations et les consolidations, même s'il faut fermer des usines ". Des propos aussi directs sont rares de la part d'un politicien. C'est votre approche ?

C.G. - Le gouvernement doit accompagner des projets novateurs, ne pas tenter de sauver des modèles d'entreprise qui ne fonctionnent plus depuis la mondialisation des marchés. À quoi cela sert de sauver un village pour deux ou trois ans? Il faut miser davantage sur la diversification économique.

Je ne suis pas en politique pour gagner un concours de popularité. Je suis là pour créer de la richesse et non de l'endettement. Dans ma révision de programmes, mon critère est le suivant : le contribuable va-t-il pouvoir récupérer son argent en cinq ans ? Je fais une exception pour deux secteurs : l'aérospatiale et le biopharmaceutique, où je fixe un délai de 10 ans.

"A quoi cela sert  de sauver un village pour deux ou trois ans?. Il faut miser davantage sur la diversification économique."

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