60 secondes avec: Isabelle Deschamps, professeure associée, Polytechnique Montréal


Édition du 14 Juin 2014

60 secondes avec: Isabelle Deschamps, professeure associée, Polytechnique Montréal


Édition du 14 Juin 2014

Par Suzanne Dansereau

« L’innovation exige un style de gestion plus diffus » — Isabelle Deschamps, professeure associée, Polytechnique Montréal

Polytechnique Montréal vient de lancer un programme de gestion de l'innovation technologique. Pourquoi avoir mis sur pied un tel programme ?

Parce qu'on ne gère pas l'innovation de la même façon qu'on gère les industries traditionnelles de produits ou de services. Tous les vieux préceptes doivent être mis aux poubelles. On gère des idées, de l'intangible, et non une chaîne de montage. Cela demande un style de gestion plus diffus, plus décentralisé, qui accorde plus d'autonomie aux employés, fait moins appel au contrôle et davantage au leadership. La prise de décision doit être plus rapide, car les technologies évoluent très vite. Des outils traditionnels de gestion, comme la planification stratégique, ne sont pas indiqués. Parce que dans les firmes qui produisent des logiciels, le cycle de marché est de trois mois !

Est-ce que le Québec affronte des problématiques spécifiques par rapport à la gestion de l'innovation ?

Les PME québécoises développaient un produit qu'elles vendaient d'abord localement, puis quatre ou cinq ans plus tard, aux États-Unis, et ensuite, à l'international. Résultat : le Québec manque de bons vendeurs à l'international. De plus, on était concentrés dans des secteurs où on n'avait pas besoin de pousser, le marché venait à nous. Maintenant, en innovation technologique, il faut s'intégrer rapidement dans des réseaux de vente mondiaux, et la concurrence est féroce. Du fait que le Québec est une petite économie, composée surtout de PME et de très peu de multinationales, nous sommes peu intégrés à des chaînes d'approvisionnement mondiales, et nos entreprises ne croissent pas. L'aérospatiale fait exception. Par exemple, dans le secteur pharmaceutique, les grands donneurs d'ordre ont fermé leurs centres de R-D ici. Ces problématiques d'éloignement des chaînes d'approvisionnement doivent être surmontées et compensées.

Comment ?

En matière de politiques gouvernementales, il faut chercher à attirer et à retenir des sièges sociaux de grands donneurs d'ordres au Québec.

Et de notre côté [les universités], nous voulons former de meilleurs gestionnaires d'innovations technologiques, capables de se rendre à l'étape de la commercialisation, et ce, dans les entreprises de toutes tailles. C'est une roue qui tourne. Si au Québec on peut compter sur d'excellents ingénieurs capables d'inventer et d'excellents gestionnaires qui savent comment conclure des alliances stratégiques, négocier la propriété intellectuelle et gérer les risques en technologie, les grands donneurs d'ordres auront une raison de plus de venir s'établir ici. Inspirons-nous du MIT ou de Stanford, où la gestion de l'innovation est enseignée depuis longtemps.

Isabelle Deschamps, Professeure associée, Polytechnique Montréal
Ingénieure, Mme Deschamps cumule 35 années d'expérience en gestion de l'innovation et entrepreneuriat technologique. Elle a été professeure à HEC Montréal, à l'École de technologie supérieure et à Polytechnique Montréal, ainsi que gestionnaire dans un incubateur technologique.

10 % - Pourcentage des entreprises qui établissent des projets réels d'innovation en collaboration avec les universités, et seulement de 1 % à 3 % d'entre elles font aboutir ces projets sous forme de contrats, démarrages ou licences d'innovations commercialisables.
Source : Chambre de commerce du Montréal métropolitain, « Regard des entreprises sur le réseau universitaire québécois », automne 2010

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