Entrevue: Dana White, président, Ultimate Fighting Association

Publié le 01/05/2010 à 00:00

Entrevue: Dana White, président, Ultimate Fighting Association

Publié le 01/05/2010 à 00:00

Par Diane Bérard

Dana White, président, Ultimate Fighting Association

Le 8 mai prochain, la Ultimate Fighting Association (UFC) s'installe au Centre Bell. Un spectacle controversé que certains associent davantage à un combat de coqs qu'à un sport. Son président, Dana White, affirme pourtant qu'il détrônera le soccer et le football américain. Avec sa tête de videur de bar et un talent inouï pour le marketing, cet Américain de 40 ans a transformé la UFC en machine à imprimer de l'argent : combats, jeux vidéo, émissions télé, magazine, figurines, droit de diffusion... L'empire vaudrait un milliard de dollars américains, et Montréal y contribue largement; en 2008, lors du premier combat, les 22 000 billets se sont envolés en cinq minutes. Un record. Nous avons joint Dana White à Las Vegas, où il réside avec sa femme et ses trois enfants.

Diane Bérard - Le 17 avril, la UFC s'est encore retrouvée au centre d'une controverse à la suite d'une bataille générale après un combat.

Dana White - Ce n'était pas la UFC, c'était Strikeforce, une ligue qui n'a rien à voir avec nous. Il a fallu que je rétablisse les faits et notre réputation.

D.B. - La mauvaise réputation colle à la UFC depuis ses débuts...

D.W. - Il faut blâmer ceux qui ont lancée la UFC, organisée et promue comme une ligue où les protagonistes se battent comme des animaux.

D.B. - En 2001, vous avez payé deux millions de dollars américains (M$ US) pour racheter la UFC au bord de la faillite. Comment est-elle devenue rentable ?

D.W. - J'ai travaillé comme un forcené! Il a fallu revoir l'image de ce sport, l'encadrer - pas de morsures ni de coups aux parties génitales - et amorcer un travail d'éducation. J'ai fait de la UFC ce qu'elle aurait dû être au départ : un vrai sport, avec de vrais athlètes. Car c'est ce que la majorité de la population veut voir. Seule une minorité est friande de freak show.

D.B. - Vous dites souvent que 70% de vos combattants ont un diplôme, comme Chuck Liddell, qui est titulaire d'un baccalauréat en comptabilité. Cela s'inscrit-il dans votre stratégie marketing ?

D.W. - Bien sûr. Les athlètes sont nos vedettes, et leur image devient celle du sport.

D.B. - Depuis janvier, Flash Entertainment, propriété du gouvernement d'Abu Dhabi, possède 10% de la UFC, pourquoi eux?

D.W. - Cette entreprise a le réseau et l'argent pour nous aider à réaliser notre expansion internationale à la vitesse que nous avons prévue. Ces gens-là investissent partout, ils ont des participations dans plusieurs grandes sociétés du monde, comme General Electric.

D.B. - Avant Flash, d'autres sociétés ont voulu investir dans la UFC, mais vous avez toujours refusé. Pourquoi?

D.W. - Nous avons subi des pertes et nettoyé ce sport. Maintenant qu'il est profitable, plusieurs veulent faire un coup d'argent facile. Je n'ai pas besoin de ce type d'investisseurs, il ne sert pas ma stratégie.

D.B. - Vous avez été videur de bar, portier, boxeur amateur et j'en passe. Où avez-vous appris la gestion ?

D.W. - Je suis en affaires depuis l'âge de 19 ans et j'en ai 40, cela compense pour n'importe quel diplôme. Et puis je suis un promoteur né. Les idées me viennent naturellement.

D.B. - Votre produit est particulier. Dans plusieurs marchés, avant de pouvoir le vendre, vous avez dû vous conformer à la réglementation...

D.W. - Oui, cela a été le cas à Vancouver, par exemple. Il a fallu convaincre la Commission athlétique de la ville qu'il s'agit d'un vrai sport. Heureusement, nous avons 10 ans de réussite à notre actif.

D.B. - Embauchez-vous des lobbyistes ?

D.W. - Non, je suis mon meilleur lobbyiste, et nos spectacles sont mes principaux arguments de vente. J'emmène les autorités en voir un, et généralement, leurs préjugés tombent. Mon autre argument est économique : chaque spectacle de la UFC amène des retombées financières à la ville-hôte. Pour conclure, je présente notre feuille de route en matière de sécurité.

D.B. - Votre source de revenus la plus importante n'est pas la vente de billets, mais la transmission des matchs à la carte. Comment cela fonctionne-t-il ?

Nos événements sont diffusés en direct dans plus de 100 pays et les spectateurs paient de 45 à 55 $ pour chaque téléchargement. (N.D.L.R. Un événement génère des revenus moyens de transmission de 31 M$ US.)

D.B. - Vous partez en guerre contre les téléchargements illégaux.

D.W. - Si vous volez nos revenus de diffusion, nous vous traquerons jusqu'à ce que vous soyez derrière les barreaux. Ce n'est pas une menace, c'est une promesse !

D.B. - Quel rôle jouent les filles (ring girls) dans le succès de la UFC ?

D.W. - Elles font partie de notre organisation au même titre que les combattants. L'idée est inspirée de la boxe, quand on recrutait des serveuses pour monter sur le ring avant les combats. Nous avons revu le concept pour en faire un élément de marketing : nos filles ne sont pas anonymes, elles font la une des magazines Playboy et Maxim.

D.B. - Vous ne manquez pas d'idées !

D.W. - J'ai la promotion dans le sang.

D.B. - Votre prochaine étape ?

D.W. - L'expansion internationale : l'Inde ou la Chine, le premier marché qui m'accueillera.

Le pourquoi

La UFC était moribonde lorsque Dana White a convaincu les frères Fertitta de l'acheter avec lui pour deux millions de dollars en 2001. Le plan de match que Dana White a exécuté pour la redresser pourrait servir d'étude de cas en marketing. Depuis la série de télé-réalité The Ultimate Fighter que la UFC a financée elle-même jusqu'à l'utilisation de Twitter pour entretenir le contact avec les fans, Dana White joue ses cartes habilement.

Le chiffre

1 021 000 $

Masse salariale moyenne versée aux combattants lors d'un événement. Le mieux payé gagne 250 000 $, et le moins payé, 6000 $.

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