Tirer parti des programmes gouvernementaux


Édition du 30 Janvier 2016

Tirer parti des programmes gouvernementaux


Édition du 30 Janvier 2016

Par Benoîte Labrosse

Pour un tiers des dirigeants de PME, l'accès difficile au financement de source externe est l'un des principaux obstacles à la croissance de leur entreprise, révèle un sondage réalisé par la Banque de développement du Canada (BDC) le printemps dernier. Pourtant, les cinq spécialistes consultés par Les Affaires sont unanimes : le moment est très bien choisi pour obtenir du financement destiné à faire croître sa PME.

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«Depuis quelques années, il y a beaucoup de capital disponible, et ça devrait se poursuivre», dit François Tellier, associé directeur des services consultatifs transactionnels pour le Québec chez EY. «Tant les institutions financières que les fonds de pension et les compagnies d'assurance ont accumulé beaucoup d'argent. Maintenant, elles ont un grand appétit d'investir», ajoute-t-il.

«Comme le marché public est moins performant, les fournisseurs de capitaux se tournent vers d'autres solutions pour aller chercher du rendement, comme l'investissement dans des entreprises, poursuit M. Tellier. Les bons dossiers trouveront donc preneur plus facilement, et auront même accès à plus de capital qu'ils n'en ont besoin.»

En 2014, le taux d'approbation des demandes de financement des PME a atteint 82 %, selon l'Enquête sur le financement et la croissance des PME publiée par Statistique Canada en novembre dernier.

L'expression «montage financier» le dit, la PME doit d'ailleurs compter sur une panoplie de sources de financement pour réunir la somme nécessaire à son projet. «Cela permet à l'entrepreneur de maximiser son financement et de diversifier ses risques», explique Martin Roy, vice-président, financement et consultation, de la BDC.

Les programmes d'appui aux projets des PME en croissance sont nombreux. «Certains sont là de façon permanente, tandis que d'autres sont circonstanciels», note François Tellier. «Nous l'avons vu lors de la dernière crise économique, alors que des programmes plus accessibles aux PME avaient été mis en place pour pallier le manque de financement de la part des institutions financières.»

François Tellier mentionne aussi que les PME admissibles à des crédits d'impôt remboursables peuvent en tirer parti auprès de certaines institutions financières privées ou organismes publics. «Pour accélérer l'entrée de fonds dans l'entreprise, il est possible de se faire autoriser un financement préalable au remboursement du gouvernement», résume-t-il.

Afin de tirer le meilleur parti des nombreuses sources de financement et programmes de soutien à la croissance offerts, les entrepreneurs ont intérêt à consulter quelques-unes de ces instances gouvernementales spécialisées dans l'aide aux PME.

Pour des PME située dans les régions du Québec

Développement économique Canada (DEC), une agence fédérale, travaille à «promouvoir le développement économique à long terme des régions du Québec», et plus particulièrement celles dont la croissance économique est faible ou «qui n'ont pas suffisamment de possibilités d'emplois productifs». Comptant 12 bureaux d'affaires régionaux, l'agence appuie les PME en croissance par des contributions remboursables et non remboursables, et son taux d'aide peut atteindre jusqu'à la moitié des coûts autorisés pour une PME.

Par exemple, l'entreprise Synapse électronique, de Shawinigan, a reçu le 20 janvier une aide remboursable de 450 000 $ de DEC «pour, notamment, automatiser la production d'une nouvelle génération de thermostats». Il s'agit du principal produit de cette PME de 65 employés fondée en 2002.

Jusqu'à 100 % des coûts

Investissement Québec, société mandataire de l'État québécois, offre du financement - qui peut couvrir jusqu'à 100 % des coûts - pour des projets de croissance, d'innovation, d'économie verte, d'exportation et de recherche de nouveaux marchés. Son financement minimal s'élève à 50 000 $ sur une période pouvant aller jusqu'à 25 ans, avec une possibilité de moratoire de remboursement du capital pouvant atteindre 24 mois. Son programme Essor - un partenariat avec ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations - donne par exemple accès à des prêts ou des garanties de prêts pour le financement à long terme de projets d'immobilisation. Investissement Québec, qui compte 17 bureaux régionaux, porte une attention particulière aux projets locaux.

Des programmes pour les PME en croissance

Le site Internet du Ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations du Québec, www.economie.gouv.qc.ca, regroupe toute l'information sur les programmes provinciaux qui touchent les PME en croissance. Ceux-ci sont classés selon l'objectif du projet, par exemple l'amélioration de la productivité, l'agrandissement et la modernisation, le développement de nouveaux produits ou leur commercialisation. «L'un des programmes les plus récents est PerforME, qui remplace celui des gazelles. Il offre du soutien aux PME qui ont un projet à l'international», mentionne Gérald St-Aubin, vice-président, investissements stratégiques et relations avec les commanditaires, de Desjardins Entreprises Capital régional et coopératif.

Cinq partenaires investisseurs, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec, Capital régional et coopératif Desjardins, le Fondaction de la CSN, le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec et Investissement Québec, ont constitué un fonds de 50 M$ pour faciliter l'accès des entreprises au capital requis pour le financement et la réalisation de leurs projets. Le ministère chapeaute également Export Québec, le pendant provincial d'EDC, qui propose aux entreprises des services visant à aider les entreprises «à réduire les délais, les coûts et les risques liés à l'exportation».

Financement en partenariat

Exportation et développement Canada (EDC) offre des produits d'assurance, de cautionnement bancaire et d'évaluation de risques, ainsi que du financement de projets d'exportation, en partenariat avec le gouvernement fédéral et certaines institutions financières. L'organisme octroie par exemple des prêts partagés avec le Mouvement Desjardins.

«Je suis toujours surpris de voir à quel point les entrepreneurs méconnaissent EDC, dit Daniel Schneider, vice-président, comptes majeurs, de Desjardins. Pourtant, ils ont une grosse équipe à Montréal.»

Des fonds locaux à explorer

Le réseau des 120 centres locaux de développement (CLD), qui octroyaient des prêts et des garanties de prêt aux entrepreneurs, a été réorganisé en 2015. La gestion des fonds locaux d'investissement a été transférée aux municipalités régionales de comté (MRC). Certaines ont repris les activités des CLD, alors que d'autres les ont transférées aux municipalités ou à des organismes de développement. À ce jour, leur fonctionnement reste méconnu. «Le gouvernement devra publiciser la nouvelle façon de faire, car les CLD accomplissaient à notre avis un excellent travail», dit Daniel Schneider.

Souplesse et flexibilité

La Banque de développement du Canada (BDC) est une société d'État qui a pour mission «de contribuer à créer et à développer des entreprises canadiennes solides», particulièrement des PME. «Nos conditions offrent une souplesse et une flexibilité qui permettent de faire des financements quasiment sur mesure pour chaque entreprise en vue de bien répondre à ses besoins», explique Martin Roy. La BDC propose par exemple du financement de fonds de roulement, des prêts pour l'achat d'immeubles, de terrains, de technologie et d'équipement, ou encore pour l'acquisition d'une autre entreprise.

En 2015, la BDC s'est aussi engagée à «faire passer à au moins 700 millions de dollars le financement à terme accordé aux entreprises majoritairement détenues par des femmes au cours des trois prochaines années». L'agence estime que «300 à 400 prêts supplémentaires» leur seront accordés. Notons que les programmes destinés exclusivement aux entrepreneures sont d'ailleurs de plus en plus nombreux dans l'ensemble des instances de financement.

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