Le financement participatif passe aux actions


Édition du 26 Avril 2014

Le financement participatif passe aux actions


Édition du 26 Avril 2014

Par Diane Bérard

Photo: Shutterstock

Grâce aux plateformes de sociofinancement, les Internautes québécois peuvent faire des dons en ligne qui permettent aux projets ou aux produits auxquels ils croient de voir le jour. On passe à une autre étape. D'ici quelques mois, les Internautes pourront acheter des actions en ligne. Pour plusieurs PME, la somme de ces contributions de 5, 10 et 20 $ fera toute la différence. Cette approche bouleverse toutefois les règles traditionnelles du financement et pose un défi aux autorités de réglementation.

Une révolution se prépare dans le financement des PME. D'ici quelques mois, celles-ci auront le droit d'émettre des actions en ligne et de les vendre à Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Les gouvernements du Québec, de huit autres provinces et des États-Unis planchent chacun sur un régime pour encadrer le financement participatif par achat d'actions, c'est-à-dire le financement par la foule (equity crowdfunding). À coups de 20, 50 ou 100 $, les entrepreneurs québécois, canadiens et américains pourront amasser la somme nécessaire pour transformer leurs rêves en réalité. Une sorte de version élargie du love money.

Les entrepreneurs québécois peuvent déjà financer leurs projets par l'intermédiaire d'Internet, à condition que cet argent leur soit donné. Il ne peut s'agir ni de prêts ni d'achats d'actions. C'est la version «don» du financement partipatif. Plusieurs idées artistiques ont vu le jour en s'affichant sur des plateformes québécoises - haricot.ca, la ruchequebec.com et Cuban Hat Project - ou américaines - Kickstarter et Indiegogo. Mais il y a une limite à ce que les internautes sont prêts à donner. «Nous avons tous un budget pour le don et un autre pour l'investissement. En limitant le financement participatif au don, nous privons l'économie de sommes importantes. Cet argent pourrait créer des entreprises et des emplois et stimuler la relance», souligne l'entrepreneur montréalais Raphael Bouskila, président et chef de plateforme de financement participatif CoPower.

Le portail CoPower proposera des projets d'énergie renouvelable. Fin mars, Raphael Bouskila et ses partenaires attachaient les dernières ficelles. CoPower comblera un vide, affirme l'entrepreneur. De gros joueurs comme la Caisse de dépôt et placement du Québec investissent déjà dans le secteur, mais pour les plus petits projets, le financement se fait rare. Ce n'est pas faute d'argent disponible, estime M. Bouskila, mais plutôt faute de structures pour le canaliser. «Les projets d'énergie durable offrent un rendement de 5 à 7 % pendant 20 ans, explique le jeune homme. Plusieurs petits investisseurs aimeraient en profiter. Mais les sommes qu'ils ont à investir s'avèrent trop petites pour les instruments traditionnels.»

Pourquoi un nouvel outil de financement des entreprises?

«Le monde a changé depuis la crise financière de 2008», souligne l'Américain Sherwood Neiss, auteur de Crowdfund Investing for Dummies. En 1994, cet entrepreneur a cofondé FlavorX, inscrite trois ans sur la liste des 500 entreprises à croissance la plus rapide des États-Unis. FlavorX fabrique des saveurs destinées aux médicaments pour enfants. Nommé Entrepreneur de l'année Ernst & Young juste avant de vendre FlavorX en 2007, Sherwood Neiss a voulu se lancer à nouveau en 2010. Malgré ses réalisations et sa réputation, l'entrepreneur a frappé un mur. «Impossible de trouver du financement, raconte-t-il. Depuis la crise, les portes sont fermées à double tour pour les entreprises en démarrage.»

En janvier 2010, Neiss part en croisade. Il réclame la légalisation du financement participatif par achat d'actions. Pour y arriver, il «campe» pendant trois ans à Washington en compagnie de deux autres entrepreneurs, Jason Best et Zak Cassady-Dorion. Les trois amis n'occupent pas Washington en vain. En 2012, le gouvernement américain vote le Jobs Act, un gigantesque programme de relance de l'économie. La section 76-23 de ce programme reconnaît la contribution du financement participatif par achat d'actions à cette relance et la légalise. Il reste à dessiner un cadre, un mandat confié à la Securities & Exchange Commission (SEC). En octobre 2013, la SEC présente une proposition de régime. Plus de 150 commentaires ont été recueillis, dit en entrevue David Blass, avocat en chef de la SEC. Il faut maintenant trier et décider.

Ce sera un exercice d'équilibre, résume David Blass. Il faudra concilier les besoins financiers d'une communauté créatrice qui a beaucoup à offrir à l'économie, les start-ups, et la protection des investisseurs non avertis.

«Nous devons trouver un moyen de ne pas asphyxier le marché naissant du financement participatif par achat d'actions avec des règles trop lourdes, reconnaît Patrick Théorêt, directeur du financement à l'AMF. Mais nous ne voulons pas nous faire dire dans cinq ans "où étiez-vous" ?», parce que nous n'avons pas assez protégé les petits investisseurs.»

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