Le bitcoin pourrait bien voler au secours de l'industrie minière. C'est en tout cas ce qu'espère une petite société d'exploration de Vancouver qui a décidé de se servir de cette monnaie virtuelle pour ses transactions.
Alix Resources a déjà entraîné un sous- traitant dans son aventure : la société Ridge Resources, qui a accepté d'être payée en bitcoins pour les études géologiques qu'elle s'apprête à faire sur le gisement de tungstène d'Alix Resources, en Colombie-Britannique.
«Nous avons choisi d'utiliser le bitcoin, parce que nous croyons que sa valeur va augmenter, explique le pdg d'Alix Resources, Michael England. Il pourrait donc nous aider à réduire nos coûts. Car, si j'achète pour 20 000 $ de travaux en bitcoins et que la valeur de la monnaie double, j'en aurai pour 40 000 $», explique-t-il. En plus de posséder une propriété en Colombie-Britannique, Alix détient les titres d'un site minier en Arizona et d'un autre en Alaska. En 2014, la société prévoit effectuer 750 000 $ de travaux, dont elle espère que le quart sera payé en bitcoins.
«Nous allons devenir la première minière au Canada à fonctionner avec des bitcoins, s'exclame Michael England, en précisant que c'est son fils de 25 ans, un adepte du bitcoin, qui lui en a donné l'idée. Nous manifestons ainsi notre culture d'innovation dans un secteur plutôt conservateur», ajoute-t-il.
Alix Resources compte également lancer sa propre Bourse d'échange de bitcoins plutôt que d'utiliser Cavirtex, l'une des deux Bourses établies au Canada. Michael England a déjà trouvé son fournisseur de logiciel, mais il se heurte pour l'instant au TSX-V, où est inscrit le titre d'Alix Resources. Si le TSX-V estime que la nature des activités de la minière change, cette dernière pourrait devenir non conforme.
Une monnaie qui monte
Chose certaine, depuis qu'Alix Resources a pris sa décision, la valeur du bitcoin a plus que doublé ; elle a franchi la barre des 1 000 dollars américains à la fin de novembre. Un bitcoin valait 13 $ US en janvier 2013. L'engouement et les usages se multiplient. La devise est acceptée dans plusieurs commerces très divers, allant d'un restaurant indien à Vancouver à un cabinet de dentiste au Royaume-Uni. À Chypre, l'université de Nicosie accepte le bitcoin pour les frais d'inscription et les droits de scolarité, devenant la première institution universitaire du monde à le faire. Virgin Galactic l'accepte aussi pour ses futurs voyages dans l'espace.
Le président fondateur de Virgin, Sir Richard Branson, a qualifié la devise de «brillante idée». Selon une enquête du quotidien britannique The Guardian, on peut aussi louer des chambres d'hôtel en Lituanie ou au Brésil et régler avec des bitcoins. Aux États-Unis, pour le Vendredi fou (Black Friday, jour de magasinage de l'Action de grâces) plus de 200 détaillants se sont inscrits à un site Web d'achats en bitcoins (BitcoinBlackFriday.com). Cet été, l'Allemagne a officiellement reconnu la devise virtuelle comme monnaie (ce qui lui donne le droit de taxer les transactions). Et le fait qu'on ait discuté de la devise lors d'audiences du Congrès américain, en novembre, a accru sa popularité.
Certains experts prédisent que le bitcoin remplacera l'or comme monnaie refuge, parce qu'il est plus démocratique, mais plusieurs demeurent sceptiques, car ils craignent que le bitcoin ne soit qu'une mode ou ne serve au blanchiment d'argent.
