Entrevue n°260 : Ron Cao, associé directeur, Lightspeed Venture Partners China


Édition du 26 Septembre 2015

Entrevue n°260 : Ron Cao, associé directeur, Lightspeed Venture Partners China


Édition du 26 Septembre 2015

Par Diane Bérard

«L'entrepreneuriat chinois se professionnalise et avec lui, le capital de risque»- Ron Cao, associé directeur, Lightspeed Venture Partners China.

Ron Cao est un pionnier du capital de risque chinois. En 2006, Lightspeed Venture Partners, un capital-risqueur de la Silicon Valley, l'a mandaté pour ouvrir un bureau à Shanghai. Les premières années ont été difficiles. Depuis, le secteur s'est développé. Le portefeuille de Lightspeed China compte une trentaine d'investissements. J'ai rencontré Ron Cao au Forum économique mondial à Dalian, en Chine.

Diane Bérard - Vous êtes capital-risqueur en Chine. Êtes-vous nombreux dans ce domaine ?

RON CAO - En 2006, lorsque j'ai démarré le bureau chinois de Lightspeed Venture Partners, je me sentais bien seul. À cette époque, une poignée de firmes proposaient du capital de risque. Et les fonds d'investissement privés n'étaient pas légion. Et puis, tout le monde était généraliste. Aucun investisseur n'offrait d'expertise particulière en fonction du stade de développement de l'entreprise ou de son secteur d'activité. Aujourd'hui, notre industrie a gagné de nombreux acteurs et a atteint un certain niveau de maturité et de spécialisation. On trouve, entre autres, des investisseurs spécialisés en santé et en technologie.

D.B. - Quelle est la spécialité de Lightspeed China ?

R.C. - Nous finançons les entreprises technos chinoises en démarrage. À nos débuts, nous étions une filiale de Lightspeed US. Depuis 2011, nous avons développé une structure de financement indépendante. En plus de notre bureau de Shanghai, nous avons ajouté un bureau à Beijing.

D.B. - Comment se sont déroulées les premières années de Lightspeed China ?

R.C. - Elles ont été difficiles. Le rôle de pionnier n'est pas nécessairement simple. Vous êtes le premier, pour le meilleur et pour le pire. En 2006, la croissance phénoménale de la Chine nous dictait qu'il fallait occuper le territoire du capital de risque. Nous avons plongé. Mais notre argent est arrivé avant les projets de qualité. Ce n'est pas parce que la Chine connaissait une croissance de 10 % qu'elle regorgeait d'entrepreneurs doués. L'économie roulait presque toute seule grâce aux commandes de l'Occident.

D.B. - Et quelle est la situation aujourd'hui ?

R.C. - Tous les indicateurs se sont améliorés. La Chine comprend de nombreux entrepreneurs aguerris. Ceux-ci développent des modèles d'entreprise élaborés. Ils connaissent la technologie. Sans compter que la population en général aussi se convertit rapidement à la technologie. Ce qui accroît les occasions d'affaires pour les développeurs. Et, par conséquent, les occasions d'investissement pour nous. Et puis, comme l'offre et la demande se multiplient, il est plus facile de revendre ses parts lorsqu'on veut passer à autre chose. Bref, ma vie est beaucoup plus facile qu'en 2006 !

D.B. - Vous êtes de ces Chinois élevés entre la Chine et les États-Unis. Quelle est votre histoire ?

R.C. - Je suis né en Chine, à Shanghai. Quand j'avais 10 ans, ma famille a déménagé sur la côte est américaine. Au secondaire, j'ai étudié à Boston. Puis, j'ai décroché un diplôme en génie informatique du Massachusetts Institute of Technology (MIT). J'ai d'abord travaillé dans la grande entreprise. J'étais au marketing chez Intel. Ensuite, je me suis essayé à l'entrepreneuriat avant de décider que mon truc, c'était l'investissement.

D.B. - Vous avez travaillé à la Silicon Valley pour KLM Capital, un des plus importants capital-risqueurs technos américains. Quelle comparaison faites-vous entre le secteur de l'investissement techno américain et celui de la Chine ?

R.C. - Aux États-Unis, les acteurs Internet attirent beaucoup l'attention. Les Snapchat, Twitter et compagnie font constamment les manchettes. Mais, à part quelques exceptions, les rendements les plus importants proviennent encore d'un sous-secteur beaucoup moins sexy, celui des technologies de l'information (TI) pour l'entreprise. Ce secteur comprend, entre autres, les services de centres de données, d'infonuagique et les technologies d'entreposage de données. En Chine, c'est le contraire. Les applications pour consommateurs se développent plus vite et offrent un meilleur rendement aux investisseurs que les services TI aux entreprises.

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