Des avocates qui se transforment en bâtisseuses


Édition du 11 Avril 2015

Des avocates qui se transforment en bâtisseuses


Édition du 11 Avril 2015

Elles sont neuf. Toutes avocates chez Gowlings Lafleur Henderson, spécialisées dans le litige commercial, la fiscalité, le droit immobilier ou le droit du travail. En septembre dernier, durant une journée, elles ont troqué leur toge contre une truelle pour participer à la construction d'une habitation dans le quartier Saint-Henri de Montréal avec l'association Habitat pour l'humanité. Plusieurs d'entre elles vont renouveler l'expérience ce printemps. Mais cette fois, des clientes devraient également les accompagner.

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Habituellement vêtues d'un tailleur, elles se sont retrouvées sur le chantier en t-shirt et baskets. Ces avocates pas bricoleuses pour deux sous ne se connaissaient que très peu. Quelques explications et consignes de sécurité plus tard, un groupe posait du gypse au plafond, un autre vissait du contreplaqué dans du béton pour accueillir le plancher du sous-sol et le troisième montait un mur de charpente. «Nous nous sommes données à fond dans notre tâche. En tant qu'avocates, nous avons l'habitude de travailler de longues heures, nous sommes déterminées. Là, on ne pouvait pas nous arrêter : nous ne voulions pas prendre nos pauses, et le soir, nous ne voulions pas quitter le chantier», se souvient en riant Suzie Lanthier, avocate associée, spécialisée en litige commercial au cabinet Gowlings Lafleur Henderson.

Avec le programme Les bâtisseuses, qui fait travailler exclusivement des femmes bénévoles durant une dizaine de jours sur un chantier, Suzie Lanthier et ses acolytes ont fait d'une pierre deux coups, puisqu'il s'agit non seulement de bâtir un logement pour des familles dans le besoin, mais aussi de promouvoir la place des femmes dans l'industrie de la construction.

Solidification d'équipe

Ces deux causes tiennent à coeur à l'avocate qui voulait depuis longtemps faire du bénévolat avec Habitat pour l'humanité, dont plusieurs projets se déroulent à l'étranger, mais qui ne trouvait jamais le temps de partir au loin. Avec le projet Les Bâtisseuses, organisé pour la première fois au Québec, non seulement l'activité se déroulait sur une seule journée et à Montréal, mais «c'était du concret : on ne peut pas faire mieux que construire soi-même le logement dans lequel une famille emménagera quelques mois plus tard», explique l'avocate, ravie de son expérience. Au final, deux familles, qui ont dû prouver qu'elles ont des revenus d'emploi mais qu'ils sont insuffisants pour se loger décemment, ont pu accéder à la propriété grâce à un prêt sans intérêt offert par Habitat pour l'humanité.

Le projet a enthousiasmé les neuf avocates. Elles ont fait une collecte de fonds dans leur entreprise et ont amassé 7 700 $. «Au départ, la direction était un peu sceptique, car elle ne pensait pas que suffisamment de mes collègues seraient partantes. Finalement, il a suffi que je sorte de mon bureau et que j'explique le projet pour qu'elles soient toutes d'accord. Par conséquent, l'entreprise nous a soutenues en nous autorisant à faire une campagne de financement, en nous accordant une commandite et en fournissant des t-shirts», énumère Suzie Lanthier.

La participation des avocates au programme Les Bâtisseuses a été médiatisée et a fait le tour du milieu des affaires. Outre la visibilité ainsi offerte au cabinet, celui-ci a pu bénéficier gratuitement d'une activité de consolidation d'équipe (team building), selon l'avocate : «Aujourd'hui, un lien fort s'est créé entre toutes les avocates présentes sur le chantier, qui se croisaient avant sans se connaître vraiment».

L'expérience a été tellement réussie qu'en mai prochain, Suzie Lanthier et plusieurs de ses collègues - «dont l'associée directrice», souligne l'avocate - répéteront l'aventure. «Mais cette fois, on veut que la moitié de l'équipe soit constituée de clientes. Plusieurs ont confirmé leur présence, mais souvent, leur première crainte, c'est de ne pas être capables de faire ce travail», rapporte l'instigatrice. Elle saura bien battre en brèche ces inquiétudes, elle qui s'est acheté un tas d'outils et qui, depuis son expérience de septembre 2014, entreprend de menus travaux chez elle.

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