De grands investisseurs au secours de la planète


Édition du 21 Novembre 2015

De grands investisseurs au secours de la planète


Édition du 21 Novembre 2015

Par Diane Bérard

[Photo : Shutterstock]

Les grands investisseurs prennent-ils en considération le risque climatique dans la composition et la gestion de leur portefeuille ? C'est ce que l'Asset Owners Disclosure Project vérifie chaque année depuis 2012.

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Projet-pilote à ses débuts en 2012 en Australie, ce groupe, aujourd'hui établi à Londres, publie un classement annuel des 500 plus grands investisseurs de la planète. On y trouve des gestionnaires de caisses de retraite, des fonds souverains, des compagnies d'assurance, des fondations et des fonds de dotation. Chacun reçoit une cote allant de AAA à X.

Pour l'édition 2015, 9 investisseurs méritent la cote AAA, et 232, la cote X. «La cote X signifie que ces fonds ne posent aucune action pour gérer le risque climatique de leur porteuille, dit Julian Poulter, créateur et pdg de l'Asset Owners Disclosure Project. Ils s'en remettent entièrement au marché pour équilibrer le risque climatique auquel ils sont exposés.»

Lorsque Julian Poulter a entrepris son projet, l'accueil fut plutôt tiède. Il s'en doutait. «La finance est une industrie conservatrice. Mon projet réclamait une transparence que les grands investisseurs n'étaient pas disposés à offrir. Ils ne voulaient pas dévoiler qu'ils ne géraient pas le risque climatique.»

Pourquoi ne le gèrent-ils pas ? «D'abord, par manque d'information, répond M. Poulter. On commence à peine à traduire le changement climatique en risques financiers. Ensuite, par manque de ressources compétentes. Les méthodes d'analyse n'ont pas évolué et on récompense encore les analystes en fonction du court terme. Les risques climatiques, eux, se manifestent à long terme.»

Comment gérer le risque climatique d'un portefeuille ? Vous pouvez investir dans des actifs «propres». Ou réduire votre exposition au carbone. Ou travailler de concert avec les sociétés de votre portefeuille pour les inciter à effectuer la transition vers une stratégie générant peu d'émissions de GES.

Anticiper les changements de réglementation

Désinvestir complètement certains secteurs est-il une bonne stratégie ? Pas nécessairement. On en a discuté le 10 novembre, lors de la seconde édition du Colloque québécois sur l'investissement responsable.

«À partir du moment où on se départit d'un titre, on perd le pouvoir de changer les choses, souligne Barbara Lambert, gestionnaire de portefeuille principale chez Addenda. De plus, mes clients ont des objectifs de rendement à atteindre, et moi, j'ai un indice à battre. Il faut que je diversifie mes investissements.»

Gérer le risque climatique d'un portefeuille implique aussi de tenir compte de la réglementation. «Les investisseurs se rendent compte que les gouvernements tardent à réagir, souligne Julian Poulter. Le jour où ils légiféreront - car cela se produira et les lois viendront probablement du champ gauche -, tout le monde larguera ses actifs «à haut carbone» en même temps. Les valeurs chuteront et tous encaisseront des pertes énormes. Il serait sage de décarboner les portefeuilles avant le passage des lois.»

D'ici la fin de 2015, les gestionnaires d'actifs du monde entier pourront s'exercer à gérer le risque climatique grâce à une nouvelle plateforme européenne. Il s'agit d'une initiative conjointe de la caisse de Retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP), qui concerne 45 000 employeurs cotisants et 4,5 millions de bénéficiaires en France, ainsi que de la société de gestion d'actifs Cedrus et de la plateforme AM League. «Nous voulons inciter les gestionnaires d'actifs à trouver des solutions efficaces de gestion du changement climatique et à donner accès aux investisseurs à ces solutions», explique Pauline Lejay, chargée de mission au RAFP.

Qu'en est-il du Canada ? Les grands investisseurs canadiens gèrent-ils le risque climatique de leur portefeuille ? «Non, répond Julian Poulter. Aucun fonds canadien n'obtient la cote AAA. Cela m'étonne. Votre système de caisse de retraite est sophitistiqué, on s'attendrait à ce qu'il soit proactif et prenne en compte le risque climatique.»

Il ajoute : «Notre classement repose sur deux sources d'information : le sondage qu'on envoie à tous et les informations publiques sur chaque fonds. Depuis que nous avons lancé cette initiative, aucun fonds canadien n'a répondu à notre sondage. Pour les classer, nous devons nous contenter des informations disponibles.»

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Suivez Diane Bérard sur Twitter @diane_berard

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