Vanguard : une histoire qui fait du bien


Édition du 03 Juin 2017

Vanguard : une histoire qui fait du bien


Édition du 03 Juin 2017

[Photo: 123rf]

Dans sa plus récente lettre aux actionnaires de Berkshire Hathaway, Warren Buffett a écrit que si une statue devait un jour être érigée pour honorer la personne qui a fait le plus de bien aux investisseurs américains, elle devrait être à l'effigie de John (Jack) C. Bogle. Mais qui est donc cet homme ? Alors que nous vivons à l'ère des scandales financiers et des fake news, voici une histoire vraie qui fait du bien.

Né en 1929 au New Jersey, John C. Bogle a vite compris les effets de la Grande Dépression. Ses parents ont dû vendre leur maison et, une fois leurs économies disparues, son père a sombré dans l'alcool et le couple a finalement divorcé.

Heureusement, John avait la bosse des maths... ce qui lui a permis d'obtenir une bourse d'études à la prestigieuse Blair Academy. Il a ensuite été accepté à Princeton University, d'où il a été diplômé magna cum laude en économie en 1951, après avoir terminé sa thèse sur l'industrie des fonds communs, un sujet qui le fascinait déjà.

Dès son premier emploi au Wellington Fund, M. Bogle se distingue et monte rapidement les échelons grâce à son sens de l'initiative et à sa créativité. Il n'hésite pas à forcer les dirigeants de cette société, qui n'offre qu'un fonds, à remettre en question leur modèle d'affaires. Bientôt, il crée un second fonds, dont le succès est immédiat. Il poursuit alors son ascension dans la firme jusqu'à en devenir le président. Malgré cela, M. Bogle est éventuellement congédié à la suite d'une fusion qu'il a approuvée. Reconnaissant sa mauvaise décision, il en tire des enseignements qu'il ne tarde pas à appliquer.

Deux bonnes idées valent mieux qu'une

En 1974, John Bogle a créé The Vanguard Group Inc., à Valley Forge (en Pennsylvanie), en se basant sur le principe suivant : une société de placement doit gérer les fonds qu'elle offre dans l'intérêt supérieur de ses clients.

Dès 1976, Vanguard a offert aux investisseurs américains le premier fonds de placement indiciel : le Vanguard 500 Index Fund. Cette décision de M. Bogle a été influencée par les recherches universitaires d'Eugene Fama et de Paul Samuelson, qui ont depuis reçu le prix Nobel d'économie, ainsi que par celles de Burton Malkiel (auteur du best-seller A Random Walk on Wall Street).

En lançant un produit d'investissement calquant un indice boursier, John Bogle a créé une véritable révolution. Qui plus est, les frais pour offrir un tel placement étant moindres, il a laissé les investisseurs profiter des économies réalisées.

Le modèle d'affaires de Vanguard

Vanguard n'est ni inscrite en Bourse ni détenue par un groupe privé. Comme il n'y a pas d'actionnaires dans la structure mise en place par M. Bogle, il n'y a aucun dividende à verser. Ainsi, la société n'a pas à faire de compromis entre ce qui est bon pour les détenteurs de parts de ses fonds et les actionnaires.

Les propriétaires de la société sont plutôt ses propres fonds communs et ses propres fonds négociés en Bourse (FNB) domiciliés aux États-Unis qui sont, à leur tour, détenus par leurs investisseurs. Ces fonds et ces FNB repassent les économies réalisées à leurs détenteurs de parts, et ce, sous la forme de réductions de frais. Les investisseurs canadiens profitent eux aussi des faibles frais sur ces FNB. Selon Vanguard, cette structure mutuelle unique leur permet d'aligner leurs intérêts sur ceux de leurs investisseurs et donne le ton à la culture, à la philosophie et aux politiques de la firme.

L'impact des fonds indiciels

L'appel de John Bogle pour les produits indiciels a mis 20 ans à se faire entendre mais, depuis, les actifs qui y sont investis croissent à un rythme effarant partout dans le monde.

«Durant les premières années de Vanguard, M. Bogle était souvent la risée de l'industrie financière, se rappelle Warren Buffett. Cela ne l'a pas empêché de continuer à exhorter les investisseurs à se tourner vers les fonds indiciels à très faibles frais. Aujourd'hui, il a la satisfaction d'avoir aidé des millions d'investisseurs à réaliser de bien meilleurs rendements sur leurs épargnes que ce qu'ils auraient obtenu autrement. John Bogle est un héros pour eux et pour moi», conclut M. Buffett.

Grâce à son modèle d'affaires et à son offre de fonds de placement et de FNB, Vanguard a 5 000 milliards d'actifs sous gestion que lui ont confié 20 millions d'investisseurs dans le monde, notamment au Canada (données de février 2017).

John Bogle se définit comme un homme de petite entreprise qui a eu deux bonnes idées. Il ne se doutait certes pas que Vanguard allait devenir un tel colosse. Sa relève est bien en place depuis plus de 15 ans, mais il demeure actif à titre de président du Bogle Financial Markets Research Center.

Sources :

Business Insider, www.businessinsider.com/warren-buffett-praises-vanguards-jack-bogle-in-annual-letter-2017-2

New York Times, «A Mutual Fund Master, Too Worried to Rest», par Jeff Sommer, 11 août 2012

«À propos de Vanguard», Placements Vanguard Canada Inc., février 2017

EXPERTE INVITÉE

Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK), ainsi que planificatrice financière et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L. Elle est l'auteure du livre Votre retraite crie au secours.

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

19/04/2024 | François Normand

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

19/04/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

19/04/2024 | WelcomeSpaces.io

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?