Le modèle coopératif inspire la relève


Édition du 08 Octobre 2016

Le modèle coopératif inspire la relève


Édition du 08 Octobre 2016

[Photo : Shutterstock]

Après plus d'un siècle d'histoire au Québec, le secteur coopératif se démarque par sa stabilité. Les  entreprises coopératives sont deux fois plus nombreuses que les PME à franchir le cap des 10 ans d'existence. Le modèle « un membre, un vote » se renouvelle en courtisant les jeunes entrepreneurs et les sociétés en mal de relève.

Le Québec compte 3 300 coopératives et mutuelles, 8,8 millions de membres, 100 000 emplois et 33 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Les coopératives financières et d'assurances sont sans surprise les plus prolifiques, comptant 16 milliards de revenus et 7,5 millions de membres en 2014, selon le Conseil québécois de la coopération et mutualité (CQCM).

Les 1 300 coopératives d'habitation représentent à elles seules 45 % des coopératives non-financières actives. La coopérative de consommateurs demeure le modèle le plus répandu, mais l'intérêt est croissant pour la coopérative de solidarité, qui regroupe producteurs, travailleurs et consommateurs. En 2015, des 91 nouvelles coopératives non-financières, la moitié étaient des coopératives de solidarité, note la Direction de l'entrepreneuriat collectif du ministère québécois de l'Économie.

« De plus en plus de jeunes convoitent l'entrepreneuriat, et la formule coopérative les intéresse parce qu'elle permet un partage du risque, de l'investissement, des connaissances et des efforts », constate Luc Audebrand, professeur en management à l'Université Laval et titulaire de la Chaire de leadership en gestion de coopératives.

Pour les jeunes entrepreneurs aujourd'hui, la nature juridique de leur entreprise est vue comme une valeur, ajoute-t-il. « La fin devient aussi importante que les moyens, un changement en faveur de l'option coopérative. »

À l'instar des écoles de gestion au Québec, l'Université Laval a fondé en 2012 un centre d'étude pour sensibiliser ses étudiants à ce modèle d'affaires. « Le Québec se trouve dans le top trois des plus beaux écosystèmes d'économie coopérative au monde. Même si les chiffres démontrent que ça fonctionne, le concept est encore méconnu. Malgré nos efforts, une grande partie des finissants n'ont pas les connaissances suffisantes pour bien distinguer la coopérative des modèles conventionnels. »

Une enquête de Statistiques Canada montre qu'entre 2012 et 2014, 75 % des coopératives ont affiché une croissance annuelle positive, contre 70 % des PME au pays. « Le modèle coopératif mobilise une partie significative du monde économique », confirme Éric Brat, chercheur à l'Institut international des coopératives Alphonse-et-Dorimène-Desjardins, à HEC-Montréal. « L'innovation est depuis toujours au centre des coopératives, puisqu'elles se sont historiquement développées autour de clientèles mal desservies. »

De nouveaux secteurs se regroupent en coopératives : l'architecture, le transport collectif, les microbrasseries, certains métiers comme celui d'électricien, ou encore les énergies renouvelables, comme la Coop Carbone à Montréal, sont du nombre.

La librairie Pantoute, à Québec, participe quant à elle à une tendance : le repreneuriat collectif. « Des employés un peu partout reprennent les entreprises où ils travaillent sous forme de coopératives », relate Éric Brat. Il s'agit d'une alternative pertinente aux enjeux de relève qui frapperont les entreprises québécoises dans la prochaine décennie.

« La coopérative est une entreprise »

Il reste encore du travail à faire pour que la coopérative soit traitée comme un contributeur à l'économie, dans la psyché collective et celle du monde des affaires, estime Luc Audebrand.

« On oppose toujours les piliers public et privé dans les débats, sans impliquer le pilier collectif. Pourtant, des initiatives conséquentes voient le jour. En santé, par exemple, des coopératives offrent des services à domicile et même des cliniques, comme Sabsa, en basse-ville de Québec. »

Les entreprises coopératives ont leur part de blâme, ajoute-t-il : « Elles doivent afficher leurs différences, mais aussi participer davantage au dialogue sur l'économie globale, en adhérant par exemple aux chambres de commerce. »

Le CQCM a établi ses objectifs pour 2020 : 20 000 nouveaux emplois coopératifs et mutualistes nets au Québec, et une croissance annuelle de 7 %, pour atteindre 45 milliards de dollars. La moitié de cette croissance passera par les grandes coopératives et mutuelles, comme Desjardins, Agropur et La Coop fédérée. Les coopératives non-financières devraient quant à elles générer plus de la moitié des nouveaux emplois projetés.

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