Un financement plus intelligent


Édition du 11 Novembre 2017

Un financement plus intelligent


Édition du 11 Novembre 2017

Les premiers financements de ­Série A qui existent seraient mal connus. C’est une situation que déploraient plusieurs entrepreneurs présents à La ­grande consultation.

Il y a beaucoup d'argent pour l'entrepreneuriat au Québec, mais est-il bien distribué ? Les entrepreneurs n'ont pas seulement besoin de billets verts, mais aussi d'accompagnement pour apprendre à bien les dépenser pour générer de la croissance.

«Il y a énormément d'argent au Québec pour financer l'entrepreneuriat, notamment la Caisse de dépôt et placement du Québec, Investissement Québec et plusieurs programmes fédéraux, provinciaux ou municipaux, lance François Gilbert, PDG d'Anges Québec. Il y a aussi les fonds institutionnels, les anges investisseurs, les fonds de capital de risque étrangers. L'argent est là.»

Comment donc expliquer que certains se cognent tout de même le nez à des portes closes ? Parce que tous les projets ne méritent par d'être financés, répond Christian Perron, directeur général de PME Montréal. «Devons-nous financer tous ceux qui déposent des demandes ? questionne-t-il. Parfois, il faut les protéger en disant non, parce que le projet est mal ficelé ou peu prometteur.»

De l'argent intelligent

Plusieurs entrepreneurs et intervenants mentionnent que l'argent n'est qu'une partie de l'équation. L'autre partie, c'est la formation et l'accompagnement. Or, il y aurait des lacunes sur ce plan. Les entrepreneurs bénéficieraient d'un accès plus large à de la formation en début de parcours pour déterminer les différences entre les sources et les formes de financement et pour apprendre à les négocier. Bien comprendre la différence entre un prêt bancaire, un fonds institutionnel ou un programme public, une subvention, l'équité ou la quasi-équité les aiderait à opter pour la formule qui leur convient.

L'entrepreneur a aussi besoin d'accompagnement pour valider la manière dont il dépense cet argent. «Juste l'argent, ce n'est pas suffisant, il faut du conseil et de la formation, soutient Marc Duhamel, professeur de microéconomique à l'Université du Québec à Trois-Rivières et membre de l'Institut de recherche sur les PME. Avoir accès à des gens capables d'expliquer comment ton entreprise créera de la valeur et générera de la croissance, c'est crucial.»

Marie Eve Prevost, cofondatrice et PDG de MissFresh, a consulté d'autres partenaires pour dénicher son investisseur. «Il faut aller chercher celui qui s'accorde bien avec le projet, croit-elle. Que m'apportera-t-il d'autre que l'appui financier ?»

Marc Obeid, directeur de compte senior de Potloc, donne l'exemple de l'arrivée de Robert Dutton parmi les investisseurs de l'entreprise. En mars dernier, la jeune pousse décrochait 800 000 dollars de financement de plusieurs investisseurs, parmi lesquels l'ex-PDG de Rona. «Nous recherchions de l'argent intelligent afin d'aider la croissance de l'entreprise, explique M. Obeid. En intégrant notre conseil, M. Dutton nous apporte beaucoup de crédibilité et d'expertise en commerce de détail.»

Des trous d'air

Malgré tout l'argent accessible, des poches de sous-financement subsisteraient. Le secteur des technos accaparerait une vaste part des ressources, alors que d'autres, comme le commerce de détail ou l'économie sociale, se contenteraient des miettes.

Il y aurait aussi des trous d'air dans le parcours de financement des entreprises. «Dans toute la chaîne de valeur du financement, il y a des trous, déplore Monsef Derraji, PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec. Par exemple, le financement prédémarrage n'existe à peu près pas au Québec, alors que c'est très utile.»

Emma Williams, directrice de la Maison Notman, note pour sa part qu'il manque de solutions pour les entrepreneurs à la recherche de petites sommes de quelques milliers de dollars au démarrage. Cette situation ne va pas sans conséquence, selon Béatrice Couture, DG d'InnoCité Montréal. «Le financement du démarrage avec de petits montants, ce n'est pas fort, affirme-t-elle. La Banque de développement du Canada, par exemple, ne finance pas vraiment de projets en bas d'un million de dollars. Comme le financement en aide et en prêt est généralement insuffisant, l'entrepreneur doit monter un réseau d'anges et leur offrir de l'équité.»

Pour Gabrielle Langlois, directrice des opérations au Quartier de l'innovation, le financement à l'étape de la croissance serait aussi difficile. Il manquerait des joueurs pour soutenir une entreprise après un premier financement de Série A et ceux qui existent seraient mal connus. Une situation que déploraient plusieurs entrepreneurs présents à La grande consultation.

Autre irritant : la grande disparité entre les formulaires de demande de financement et leur lourdeur. Les entrepreneurs perdent un temps fou à remplir différents formulaires et à fournir les mêmes renseignements sur l'entreprise, ses finances et son plan d'affaires sous des formes différentes et avec des degrés de détail divers. Ils aimeraient pouvoir monter un dossier unique, partagé ensuite aux programmes, fonds, banques et autres investisseurs potentiels.

800 000$

C'est le montant qu'a décroché la jeune pousse Potloc, notamment en ajoutant de la crédibilité à son entreprise avec l'arrivée de Robert Dutton dans son CA.

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