Superentrepreneurs en quête de croissance


Édition du 14 Mai 2016

Superentrepreneurs en quête de croissance


Édition du 14 Mai 2016

« Participer à des foires et à d’autres événements m’a permis d’accroître mon réseau dans la communauté latino-américaine », dit Rodrigo Madrid, d’Orongo Web Hosting. [Photo : Jérôme Lavallée]

Rodrigo Madrid, 43 ans, d'origine chilienne, est à la tête d'Orongo Web Hosting, une entreprise technologique créée à Montréal en 2010. Arrivé au Québec à l'âge de six ans avec ses parents, il a effectué toutes ses études dans la province et a entamé sa carrière comme développeur Web dans plusieurs grandes entreprises d'ici. Mais quand il s'est agi de trouver des clients, c'est son réseau hispanophone qui a le mieux fonctionné. Aujourd'hui, seulement le quart de sa clientèle est québécoise. Ses contrats les plus importants sont en Colombie, et le reste de ses clients se trouvent en Amérique latine ou au sein de la communauté hispanophone des États-Unis.

«Au début, je visais la clientèle locale, mais je me suis aperçu que c'était plus facile de m'adresser à des gens qui parlent ma langue. Dès que j'ai traduit tout mon site en espagnol, j'ai remporté beaucoup de succès», explique Rodrigo Madrid.

Clientèle en hausse

C'est son engagement dans la Chambre de commerce latino-américaine du Québec qui lui a mis le pied à l'étrier. «Participer à des foires et à d'autres événements m'a permis d'accroître mon réseau dans cette communauté», dit Rodrigo Madrid.

Il a aussi participé à deux missions commerciales en Colombie et a suivi une formation au Service d'aide aux jeunes entrepreneurs (SAJE), qui propose des programmes adaptés aux futurs entrepreneurs immigrants.

Cette clientèle est en hausse depuis 10 ans. Aujourd'hui , elle représente environ 30 % des clients de l'organisme, selon Hélène Veilleux, directrice de l'équipe Services aux entrepreneurs du SAJE. «Notre mission est d'aider tout entrepreneur. Mais en considérant que les immigrants ont un profil plus entrepreneurial que les autres citoyens, nous avons adapté dès 2008 notre offre destinée à cette clientèle», poursuit la directrice.

L'indice entrepreneurial 2015 de la Fondation de l'entrepreneurship montre que près d'une personne immigrante sur trois souhaite se lancer en affaires au Québec, tandis que cette proportion est d'environ 20 % dans l'ensemble de la population québécoise.

Le SAJE vient d'ailleurs de mettre sur pied une nouvelle formation destinée aux immigrants intitulée «Entreprendre ici». Il s'agit d'un programme d'aide «enrichi avec des conférences d'entrepreneurs d'origine immigrante qui connaissent du succès au Québec», précise la directrice. Les immigrants sont également jumelés avec un conseiller, provenant autant que possible de leur communauté d'origine. «Il faut savoir que 60 % de notre personnel est issu de l'immigration», précise Hélène Veilleux.

Outre un guide d'information sur le démarrage d'entreprise, le SAJE propose également un atelier gratuit d'introduction à la culture d'affaires au Québec. «Son objectif est de sensibiliser les entrepreneurs immigrants à la manière de faire des affaires ici, notamment en ce qui a trait aux relations interpersonnelles, à la manière de négocier et au service à la clientèle», explique Hélène Veilleux. Cet atelier accueille environ 650 participants par an.

Pas habitués à demander de l'aide

Bâtir un réseau est l'un des principaux défis qu'affrontent les immigrants entrepreneurs. Rodrigo Madrid s'est aperçu que le lien de confiance se fait automatiquement quand on parle la même langue. «Il y a une façon bien particulière de faire des affaires dans la communauté latino-américaine : on présente sa famille, on demande des nouvelles des enfants, on préfère le contact en personne plutôt que par téléphone», explique-t-il.

Pour les Latinos-Américains, il n'est pas naturel de demander de l'aide, car dans leurs pays, ils n'ont pas eu l'habitude d'avoir de l'accompagnement ou de faire confiance aux pouvoirs publics. «Il y a donc tout un travail à faire pour les amener à accepter de demander l'aide à laquelle ils ont droit. Si la majorité des entreprises créées par des Latinos-Américains sont petites, c'est en partie à cause de cela», témoigne Ivan Léal, directeur général de la Chambre de commerce latino-américaine du Québec. Pour pallier cette difficulté, l'organisation offre une formation au lancement d'entreprise dont le contenu est adapté aux immigrants en partenariat avec la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

Un autre défi majeur pour les immigrants concerne le financement. C'est ce qui a poussé Filaction, le fonds d'investissement pour le financement des entreprises capitalisé par Fondaction CSN, à créer, en 2008, le Fonds afro-entrepreneurs, puis le Fonds Mosaïque, qui s'adresse aux autres communautés culturelles et en particulier aux Maghrébins et aux Latino-Américains. Les deux fonds sont dotés chacun d'un million de dollars.

Le défi de la croissance

Filaction discute avec le gouvernement provincial pour accroître les fonds alloués à ces programmes afin d'appuyer la croissance de ces entreprises. «Les immigrants lancent très souvent des entreprises dans des domaines à risque comme le commerce ou les services de proximité, des créneaux qui sont peu admissibles aux financements traditionnels», affirme Milder Villegas, directeur général de Filaction.

Les exemples comme celui de Rodrigo Madrid, en affaires dans le domaine technologique, restent rares. Fort d'un réseau stable - ce qui n'est pas toujours le cas dans les pays qu'il dessert - et de prix adaptés au marché latino-américain, M. Madrid prévoit augmenter son activité avec le grand marché des Américains hispanophones, puis accroître sa présence en Amérique latine. Jusqu'ici, l'entreprise a doublé le nombre de ses clients tous les ans depuis sa création, en 2010.

Conscient de l'importance d'accompagner les autres immigrants dans leur parcours entrepreneurial, Rodrigo Madrid donne des conférences.

De nombreux organismes essaient d'aider au mieux les immigrants à entreprendre. «Mais ce qui manque, c'est une structure qui regroupe l'information et qui travaillerait avec l'ensemble des communautés culturelles», affirme Monsef Derraji, pdg du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, un des instigateurs de la plateforme Entreprendre ici. Inaugurée par la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal avec différents partenaires, cette initiative devait être «une porte d'entrée vers toutes les ressources existantes». Un projet mort avec la disparition des CRÉ et que les acteurs du milieu aimeraient voir revivre.

 

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