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Si vous vous retrouvez sur un terrain de golf ces jours-ci, et qu'au lieu de voir des gens vêtus de chandails polos, bâtons à la main, ils portent plutôt des cuissards et sont montés sur des deux roues, vous n'avez pas la berlue : les cyclistes ont envahi les terrains de golf pour leurs activités «extra-routes».
«Les clubs de golf sont bien contents de nous voir arriver !» dit Gilles Dionne, président de l'ACDA, l'Association cycliste pour le développement des affaires. Il fait ici référence à la crise qui secoue l'industrie du golf, en perte de vitesse (20 % moins de rondes jouées au Québec en 2013).
Tous les mercredis, durant la belle saison, ce courtier hypothécaire organise une randonnée dans la région de Montréal, qui se termine par un apéro, le plus souvent dans le décor champêtre d'un club de golf. L'association a vu le jour il y a 17 ans, et avait trois membres. Elle en compte aujourd'hui 350, professionnels et gens d'affaires, qui ont troqué - ou qui n'ont jamais connu - le 18 trous pour avaler les kilomètres. Et surtout, pour réseauter.
«Nous sommes une microchambre de commerce, dit Gilles Dionne. Mais au lieu de conférences ou de petits-déjeuners, on roule en vélo.»
Question d'époque, tout d'abord : le vélo, un sport actif et écolo, correspond en tout point aux valeurs des gens d'affaires modernes.
Puis, question pratique. «Un tournoi de golf mobilise une journée entière, dit Gilles Dionne, au cours de laquelle on échange avec trois autres personnes au maximum. En vélo, on pédale en groupe, et on peut en changer autant de fois qu'on veut. La randonnée débute seulement à 13 h 30, ce qui permet de faire une demi- journée de travail au bureau. On peut prendre ses messages entre 16 h et 17 h, avant l'apéro, qui se termine autour de 20 h.» La gestion du temps, précieux, est donc assurée.
Bottin enrichi
L'après-midi sur la route sert de mise en bouche, mais c'est à l'apéro que ça se passe.
«C'est du réseautage subtil et informel», dit Guylaine Mailloux, kinésiologue et coordonnatrice au groupe Olympe, spécialiste dans la santé au travail. Le fait d'avoir sous la main tous ces entrepreneurs et ces décideurs déjà convertis aux vertus de la mise en forme, c'est du bonbon. Elle a déjà concrétisé trois contrats lors d'activités de réseautage en vélo, notamment l'aménagement d'un gym. «Au cocktail, on ne parle pas directement d'affaires, mais on échange nos coordonnées. Le contact plus formel se fait par la suite», dit de son côté Pierre Malo, directeur développement chez First Capital Asset Management. Il travaille dans le secteur de l'immobilier commercial et en gestion de centres commerciaux. Et il puise abondamment dans le bottin de l'ACDA, dont le moteur de recherche a été raffiné, lorsqu'il cherche des financiers, des architectes ou des entrepreneurs en construction.
L'afflux de tous ces professionnels aisés a changé l'ACDA. «Il y a un gros budget dans le parking ! dit Gilles Dionne. Dans la voiture... et sur le toit de la voiture !»
Le prix d'un vélo de route oscille entre 1 500 et 15 000 $. Et les cuissards, le t-shirt et les souliers ne sont pas compris.
«Le vélo remplace le golf, mais on est en train de revenir à la culture du golf», dit Gilles Dionne, soit un penchant pour le glamour et le paraître.
Le vélo, victime de son succès ? En tout cas, pour en avoir en affaires, il est de bon ton, désormais, de pédaler !
