Québec met le cap sur l'entrepreneuriat


Édition du 25 Février 2017

Québec met le cap sur l'entrepreneuriat


Édition du 25 Février 2017

[Photo: 123rf]

Pour diversifier son économie, Québec mise beaucoup sur la jeunesse. «On sent un réel élan entrepreneurial, notamment dans le secteur technologique, lance Patrice Gilbert, fondateur et pdg de PetalMD. Il y a une grande volonté de lancer de nouvelles entreprises.»

Un effort auquel contribue son entreprise PetalMD, lancée en 2009. Elle emploie désormais une soixantaine de personnes, dont deux en Ontario et deux en Colombie-Britannique. L'entreprise se spécialise dans la gestion du temps et des communications dans le secteur de la santé, offrant notamment ce que le pdg qualifie de «réseau social» d'horaires de médecin. Ce réseau permet aux professionnels de la santé de planifier en temps réel leurs horaires et de communiquer entre eux. Il est utilisé par 31 000 médecins et environ 12 000 autres travailleurs, comme des infirmières, des pharmaciens ou des agents administratifs.

Environ la moitié des ventes de PetalMD se font au Québec, les autres dans le reste du Canada. L'entreprise lorgne les marchés américains et européens, sachant qu'il faut chaque fois s'adapter à un secteur très encadré. «La santé est un domaine fortement politisé, puisque beaucoup de fonds public y sont injectés, confie Patrice Gilbert. Il faut donc s'adapter à chaque juridiction.»

D'anciens entrepreneurs à succès appuient l'entreprise. Louis Têtu, cofondateur de Taleo, préside le conseil d'administration. L'entreprise compte aussi sur le soutien d'anciens de Copernic.

«Les efforts des entrepreneurs technologiques des années 1990 ont fait des petits, explique Patrice Gilbert. Nous espérons que des gens formés chez nous pourront à leur tour créer les futurs fleurons de Québec.»

Dynamisme entrepreneurial

C'est de la musique aux oreilles de Jacques Vidal, directeur de l'entrepreneuriat et du développement régional à la Ville de Québec. Créé en 2016, à la suite de l'abolition du Centre local de développement (CLD), ce poste témoigne de la nouvelle approche de la Ville dans le soutien à l'entrepreneuriat.

Alors que le CLD avait 50 employés, l'équipe de M. Vidal n'en compte que neuf, dont six conseillers aux entreprises. L'approche se veut flexible et axée sur le réseautage avec une soixantaine d'autres organismes de soutien à l'entrepreneuriat.

«Notre mission est de dynamiser l'entrepreneuriat par la sensibilisation, notamment dans les cégeps, les universités et les organismes de jeunes gens d'affaires, d'accompagner et de conseiller les jeunes entrepreneurs, de les diriger vers les bonnes ressources et d'offrir du financement.» Signe du dynamisme entrepreneurial de la région, l'équipe a reçu 700 demandes d'appui au cours de sa première année d'existence et a accompagné 200 entrepreneurs.

La Ville vise les secteurs traditionnellement forts de Québec, comme les sciences de la vie, l'optique-photonique et les technologies de l'information, mais aussi d'autres créneaux jugés stratégiques, comme les technologies propres ou industrielles et l'agroalimentaire. Les entreprises soutenues doivent avoir de zéro à cinq ans d'existence.

Le premier appel de projets a connu un tel succès que l'enveloppe initialement prévue de 400 000 $ a été bonifiée. La Ville a finalement annoncé un investissement dans treize entreprises, pour un total de 625 000 $. Le prochain appel à projet a été lancé, avec une date de tombée pour le 12 avril 2017, et un montant à attribuer de 500 000 $. Cela témoigne, selon M. Vidal, de la vigueur de l'entrepreneuriat à Québec au cours des dernières années.

Passer à l'acte

De son côté, Alain Aubut, président et chef de la direction de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec (CCIQ), soutient que la région dispose d'un énorme potentiel entrepreneurial inexploité. L'Indice entrepreneurial de 2015 pour l'agglomération de Québec montre que les intentions de fonder une entreprise à Québec ont bondi de 9 % en 2013 à 17 % en 2015.

«C'est une belle progression mais, dans les faits, seulement un peu plus de 7 % passeront à l'acte, une proportion restée inchangée depuis 2009, déplore M. Aubut. Il faut donc agir pour que plus d'intentions se concrétisent.»

Pour y arriver, il faudra surmonter quelques défis, dont certains sont propres à Québec. C'est le cas, par exemple, de la pénurie de main-d'oeuvre spécialisée qui touche la ville. Le dynamisme économique de Québec a mené au plein-emploi, et les entreprises peinent parfois à dénicher de nouveaux travailleurs. Autre effet pervers du plein-emploi : les gens qui occupent des postes sécurisés et bien payés sont souvent moins enclins à tout risquer pour se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Enfin, la langue peut devenir un obstacle, les employés parfaitement bilingues étant souvent plus difficiles à trouver.

Alain Aubut souligne également que la fiscalité à Québec peut nuire à certaines jeunes entreprises, à moins qu'elle ne s'accompagne de services pertinents. «L'État doit jouer un rôle de facilitateur plutôt que d'offrir des subventions directes, croit-il. Par exemple, l'initiative Manufacturier innovant du gouvernement québécois, visant à soutenir l'innovation dans les procédés et l'investissement dans les nouvelles technologies, est une bonne idée.»

Le pdg de la CCIQ est plutôt optimiste, d'autant que Québec mise sur plusieurs atouts : l'Université Laval, de nombreux centres de recherche, comme l'Institut national d'optique (INO), le Centre de recherche industrielle du Québec ou l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), et d'incubateurs, comme Entrepreneuriat Laval ou Le Camp.

«La taille relativement modeste de la ville joue aussi pour nous, car elle favorise un rapprochement entre les différents intervenants, lesquels travaillent beaucoup en collégialité, estime-t-il. Nous offrons un excellent éventail de programmes et de services pour aider les entrepreneurs à réussir.»

13: C'est le nombre d'entreprises de Québec qui ont bénéficié d'un investissement total de 625 000 $ de la Ville de Québec dans le cadre d'un premier appel de projet.

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