Quatre investisseurs partagent leurs bons... et moins bons coups


Édition du 23 Septembre 2017

Quatre investisseurs partagent leurs bons... et moins bons coups


Édition du 23 Septembre 2017

Par Alain McKenna

Qu'est-ce qui définit le succès d'un investisseur ? Le rendement ? La création d'emplois ? L'expertise ? Un peu tout ça... avec, parfois, quelques échecs en cours de route. Par leurs bons (et moins bons) coups, voici comment quatre investisseurs d'ici ont su créer leur propre définition du succès en affaires.

André Petitclerc, Vice-président aux comptes majeurs, Investissement Québec

Le bon coup

Newtrade Technologies

En 2002, en pleine crise des technos, Expedia, qui développe un site où comparer les prix des diverses offres de vols aériens et de forfaits voyage, met la main sur Newtrade Technologies, une entreprise de Montréal lancée par Benoit Jolin et Frédéric Lalonde, deux entrepreneurs aidés par Investissement Desjardins et Innovatech du Grand Montréal. Quinze ans plus tard, André Petitclerc se souvient encore de cette transaction comme d'un de ses bons coups. «On a obtenu un rendement six fois supérieur à l'investissement», dit-il, rappelant que Benoit Jolin dirige toujours l'équipe d'Expedia installée dans le Vieux- Montréal, tandis qu'Investissement Québec fait partie des investisseurs ayant confié 82 millions de dollars (M$) à Hopper en décembre dernier. Hopper est une jeune entreprise fondée par Frédéric Lalonde.

Le moins bon coup

«Deux négatifs ne font pas un positif»

M. Petitclerc ne veut pas froisser d'anciens partenaires d'affaires, mais il tire plusieurs leçons d'un investissement dont il croyait pouvoir tirer des synergies en jumelant deux entreprises en difficulté. «Deux négatifs ne font pas un positif, ça fait juste empirer la situation, se rappelle-t-il. Pour que ça marche, il faut une bonne entente entre les actionnaires sur la stratégie à adopter et il faut avoir confiance dans la vision de l'entrepreneur. Sinon, ça risque fort de ne pas fonctionner...»

La clé du succès pour un investisseur

«Pour nous, ça passe par un développement économique rentable. Ça prend du rendement, mais on doit aussi créer du travail et des sièges sociaux au Québec.»

Chris Arsenault, Associé directeur général, iNovia

Le bon coup

Luxury Retreats

Grâce au fonds iNovia, M. Arsenault a aidé Luxury Retreats depuis ses débuts jusqu'à son acquisition par Airbnb l'hiver dernier pour 200 M$. «C'est tout un rendement !» dit-il. Ça a prouvé une chose : quand on pense à long terme, c'est payant, même à court terme ! «Comme entrepreneur, tu veux te donner toutes les possibilités pour pouvoir gérer la croissance à ta guise. Ça prend de bonnes relations avec les investisseurs, un contrôle adéquat des revenus et des dépenses, et une maîtrise parfaite de tes indicateurs de performance.» Citant également GSOFT, Breather et Lightspeed, trois autres sociétés québécoises à la croissance accélérée, il prédit de belles années aux entrepreneurs québécois. «Les entreprises, les ambitions et les plans d'affaires sont à un niveau supérieur par rapport à ce qu'on voyait il y a cinq ou six ans.»

Le moins bon coup

Beyond the Rack

Ce site de liquidation de fins de gamme pour des marques de luxe a connu un essor fulgurant dès ses premiers instants en 2008, mais sa chute à partir de 2012 a été tout aussi abrupte. M. Arsenault a investi dans Beyond the Rack en 2011, alors qu'elle était à son sommet. Le risque demeurait élevé, et l'entreprise l'assumait entièrement. L'entreposage de la marchandise et les prix de liquidation réduisaient ses marges bénéficiaires à presque rien. «On regardait trop la croissance des revenus. On a oublié celle des revenus nets», résume-t-il.

La clé du succès pour un investisseur

«Il faut investir sur le long terme, car, même à court terme, c'est plus payant pour les entrepreneurs. En effet, ils courent alors la chance de recevoir des offres meilleures et plus nombreuses.»

François-Charles Sirois, Président, Télésystème

Le bon coup

Stingray Digital

L'entreprise du secteur musical n'a plus besoin de présentation, mais son succès n'était pas garanti au départ, rappelle M. Sirois. Pour tirer son épingle du jeu dans un créneau qui compte des noms comme Apple, Google et Sony, il a fallu adapter le modèle d'entreprise et procéder à des acquisitions fréquentes, résume-t-il. «Stingray a l'avantage d'avoir un modèle d'entreprise qui repose à la fois sur des clients en entreprises [B2B] et sur des consommateurs [B2C]. Ça aide à amortir le risque.» Éric Boyko, le président-fondateur de Stingray, a aussi su regrouper des partenaires qui partagent une vision précise de l'entreprise, ce qui aide à gérer sa croissance.

Le moins bon coup

Metafoam Technologies

En créant une mousse métallique révolutionnaire composée de nanotubes de carbone, l'entreprise voyait du potentiel partout, des bâtons de hockey incassables aux poutres pour viaduc durables, en passant par les ordinateurs portables ne produisant plus de chaleur. «Au total, je pense qu'on avait 70 déclinaisons de produits», explique M. Sirois. Afin de fournir des fabricants comme Apple, l'entreprise avait même investi dans une usine en Chine avant d'avoir signé une entente formelle ! «On avait trop d'enthousiasme et trop de produits. On ne maîtrisait aucune chaîne de valeur en particulier. C'était très difficile.»

La clé du succès pour un investisseur

«Pour bien investir, il faut se concentrer sur un élément d'impact à la fois. Et ça prend un élément qui permet de grandir globalement tout en contrôlant la chaîne de valeur.»

John Stokes, Cofondateur et associé, Real Ventures

Le bon coup

Element AI

Après avoir vendu Planora à une entreprise d'Atlanta en 2012, Jean-François Gagné, le président, est revenu à Montréal et a rencontré les gens de Real Ventures. Son projet : rapprocher la recherche universitaire et la communauté des start-ups de la métropole. Cela a abouti à la création d'Element AI, qui est déjà, aujourd'hui, un catalyseur pour le secteur de l'intelligence artificielle en Amérique du Nord. «Il reste à voir quel genre de revenus on pourra en tirer», s'interroge John Stokes, qui accorde beaucoup d'importance à l'effet de communauté dans son approche du capital-risque. Alors qu'il voit Breather, dans laquelle Real Ventures est également engagée, comme «prête à aller en Bourse», Element AI semble avoir un rôle différent à ses yeux. «Le succès peut aussi venir de la réputation que ça donne à Montréal, qui attire des investisseurs venant d'aussi loin que la Chine et la Corée.»

Le moins bon coup

Beyond the Rack

John Stokes a été de l'aventure de Beyond the Rack dès le début, en 2008. À l'époque, la culture de la start-up était à peu près inexistante à Montréal. Si cette culture avait été plus développée, ça aurait peut-être aidé l'entreprise à trouver un modèle plus propice à une expansion rapide, notamment pour se démarquer de rivaux américains plus fortunés. Malgré la déconfiture financière, l'homme d'affaires en retient un élément positif important : «Les premières années ont prouvé qu'il était possible de passer de zéro à héros à Montréal, illustre-t-il. Les gens qui ont travaillé pour Beyond the Rack offrent aujourd'hui leur savoir-faire à d'autres entreprises.»

La clé du succès pour un investisseur

«Le succès ne se calcule pas toujours au rendement. Des fois, c'est l'impact qu'un investissement a sur la communauté ou l'industrie dans laquelle se trouve l'entreprise qui peut valoir le coup.»

À la une

Repreneuriat: des employés au rendez-vous

REPRENEURIAT. Le taux de survie des coopératives est bien meilleur que celui des entreprises privées.

La hausse de l'impôt sur le gain en capital rapporterait 1G$, selon Girard

Mis à jour il y a 53 minutes | La Presse Canadienne

C’est ce qu’a indiqué le ministre des Finances, Eric Girard, mardi en commission parlementaire.

Gains en capital: l'AMC demande au gouvernement de reconsidérer les changements

L’augmentation du taux d’inclusion s’appliquerait aux gains en capital supérieurs à 250 000 $ pour les particuliers.