Prospérité, entre l'envie et la honte

Offert par Les Affaires


Édition du 20 Septembre 2014

Prospérité, entre l'envie et la honte

Offert par Les Affaires


Édition du 20 Septembre 2014

Par Robert Dutton

La richesse, ennemie du développement social ?

On présente parfois le développement économique - l'enrichissement d'une collectivité - et le développement social comme des antinomies. Comme si le «partage», la «solidarité» étaient difficilement compatibles avec la création de richesse. Les riches devraient se sentir coupables d'avoir réussi, «causant» ainsi la pauvreté relative des moins nantis ; les nations riches devraient se sentir coupables d'avoir «causé» le sous-développement d'autres nations ; les pays émergents devraient se sentir coupables de se développer en «volant» des emplois aux pays développés ; et tout aussi coupables de se développer sans que tous leurs citoyens s'enrichissent au même rythme.

Vous vous souvenez du slogan «Croissance zéro» ? Cette idée, ou ses variantes, reviennent inlassablement, génération après génération.

Or, le développement social est étroitement lié au développement économique.

Par exemple, l'espérance de vie du petit Québécois à la naissance était de 82 ans en 2013 ; par rapport à 75 ans en 1980 ; et à... 54 ans dans les années 1920. Un progrès proprement spectaculaire, conséquence d'une meilleure éducation, de la progression des sciences de la santé et de l'accès aux soins, de l'hygiène et de meilleures conditions de vie. Toutes des choses indissociables du développement économique. L'exemple russe l'illustre de façon saisissante : les années 1990 ont été des années de déclin économique en Russie. En dollars constants de l'an 2000, le PIB par habitant a décru de 5 800 à 3 900 $, de 1988 à l'an 2000. L'espérance de vie a suivi la même tendance - elle a diminué, de 69 à 64 ans. L'économie russe a ensuite renoué avec la croissance, et le PIB (toujours en dollars constants) est remonté à 6 600 $ en 2011. Parallèlement, l'espérance de vie des Russes a retrouvé son niveau de 1988, à 69 ans.

Certes, le développement économique nous lance des défis en matière de protection de l'environnement. Mais les solutions découlent aussi de ce développement. Toutes les villes occidentales offrent aujourd'hui des milieux de vie plus sains et plus propres qu'ils ne l'étaient au 19e siècle. Ceux qui en doutent peuvent lire, ou relire, Dickens.

Bref, l'enrichissement ne mérite pas le malaise qu'il suscite souvent. Il est porteur de développement social. Surtout lorsque la richesse est créée et utilisée de façon responsable et équitable - ce qui implique partage et solidarité.

Mais la richesse et la prospérité ne se trouvent pas. Elles ne se prélèvent pas. Elles se créent, et elles doivent être créées avant d'être partagées.

Avant de partager la prospérité, il faut faire la prospérité. Et avant de la faire, il faut la vouloir. Et la comprendre. Vouloir et comprendre la prospérité, des thèmes sur lesquels mes chroniques d'automne porteront.

Pendant 20 ans, Robert Dutton a assuré la direction de Rona à titre de président et chef de la direction. Sous sa gouverne, l'entreprise est devenue le plus important distributeur et détaillant canadien de produits de quincaillerie, de rénovation et de jardinage. Aujourd'hui, il accompagne les entrepreneurs- athlètes à l'École d'entrepreneurship de Beauce, où il est le premier entraîneur en résidence.

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