Plus d'atouts, moins de ressources


Édition du 16 Décembre 2017

Plus d'atouts, moins de ressources


Édition du 16 Décembre 2017

«La plupart des programmes assortis de subventions se terminent à 35ans. Ma soeur et moi avons accéléré notre démarrage pour commencer à 34ans et y accéder», raconte Alexandra Pagé, fondatrice et présidente de Glup.

ENTREPRENDRE À... 35 ANS
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Y a-t-il vraiment un âge pour se lancer en affaires ? Doit-on miser sur l'énergie de la jeunesse ou la sagesse de l'expérience ? Les Affaires se penche sur les réalités entourant la vie d'un entrepreneur à 25 ans, à 35 ans et à 55 ans.

À partir de 35 ans, les ressources d'aide à l'entrepreneuriat se tarissent, mais pas les idées. Ces entrepreneurs ont d'autres atouts, comme de l'expérience de travail et un certain capital pour aider au démarrage.

À 34 ans, Alexandra Pagé fonde Glup, société spécialisée dans la conception et la distribution de vêtements et d'accessoires pour bébés et enfants. L'entreprise s'est d'abord concentrée dans la distribution, avant de démarrer une boutique en ligne en 2012 et, plus récemment, un atelier-boutique à Lachine.

Lorsqu'elle démarre l'entreprise en 2008, Alexandra Pagé comprend vite que le temps presse. «La plupart des programmes assortis de subventions se terminent à 35 ans, souligne-t-elle. Ma soeur et moi avons accéléré notre démarrage pour commencer à 34 ans et y accéder.» Elles ont bénéficié de cours, d'accompagnement et d'une subvention de SAJE Montréal-Centre qui a servi à payer les honoraires d'un comptable. Elles ont aussi remporté le Concours québécois en entrepreneuriat en 2010. En 2014, Mme Pagé rachète les parts de sa soeur et poursuit l'aventure, appuyée notamment par le Réseau M, qui lui fait bénéficier du mentorat. En mars 2017, elle s'envole vers la France avec cet organisme et onze autres entrepreneurs. «En raison de mon âge, je devais payer mon séjour moi-même, alors que les plus jeunes étaient subventionnés, précise-t-elle. Cependant, l'appui du Réseau M pour faire des contacts là-bas a été d'une grande aide.»

Des outils

Si un grand nombre de ressources sont uniquement destinées aux moins de 35 ans, il en existe tout de même pour ceux qui ont dépassé cette limite d'âge. Futurpreneur Canada et Adopte inc. offrent du financement, du mentorat et des outils de soutien aux nouveaux propriétaires d'entreprise de 18-39 ans. Les formations du SAJE, de l'École d'entrepreneurship de Beauce ou encore de l'École des entrepreneurs de Montréal, de même que la boîte à outils de l'entrepreneur de la BDC et de nombreux incubateurs sont accessibles à tous. Les concours comme le Prix Desjardins Entrepreneurs ou Ose entreprendre peuvent aussi propulser une entreprise. Pour les femmes, Femmessor et Compagnie F peuvent se révéler intéressants.

«Les programmes vont évoluer et s'ouvrir aux 35-45 ans, qui représentent un potentiel entrepreneurial fort intéressant», croit Rina Marchand, directrice principale, contenus et innovation à Réseau M. Le plus récent Indice entrepreneurial de Réseau M montre que 27,6 % des 35-49 ans songent à lancer une entreprise et que 14,2 % font des démarches, soit autant que les 18-34 ans. Ils sont les plus nombreux au Québec, proportionnellement, à être propriétaires d'entreprise (9,5 %). Si le financement représente un frein aux démarches entrepreneuriales, la conciliation travail-famille joue aussi énormément à cet âge.

Un bon profil

«J'ai mis quelques années avant d'apprendre à concilier le travail sur l'entreprise et la vie de famille, admet Ian Lafontaine, fondateur du Groupe Axess, spécialisé dans les revêtements de plancher. Même quand j'étais à la maison, je pensais au travail. J'ai dû m'ajuster.» Il a démarré son entreprise en 2012, à l'incubateur industriel de la Société de développement économique de Drummondville, dont le loyer modique lui permettait de garder ses coûts fixes assez bas. Dans ses emplois précédents, il avait touché aux ventes, au marketing, au service à la clientèle, à l'approvisionnement, aux salons professionnels, etc. Cette expérience valait de l'or pour un entrepreneur. Il s'est financé grâce à quelques petits prêts bancaires pour acquérir des équipements. À 31 ans, il avait acquis un certain capital, qui lui servait à vivre sans se payer de salaire et possédait deux immeubles à revenus. «Un des avantages de la trentaine, c'est d'avoir un historique financier à présenter aux banques, dit-il. Je crois qu'elles m'ont prêté surtout sur la base de mon profil et de mes actifs personnels». Groupe Axess enregistre actuellement une croissance annuelle d'environ 35 %. Il fait la moitié de ses revenus au Québec, un peu moins de 30 % dans les autres provinces, 20 % aux États-Unis.

Pour Mme Marchand, les 35-49 ans ont de beaux atouts pour devenir entrepreneurs. Ils sont prêts à passer à l'action rapidement, sont mieux reçus par les banques et les autres bailleurs de fonds et bénéficient d'une bonne expérience de travail et de vie. «Il faut travailler à libérer le potentiel entrepreneurial de cette tranche d'âge», soutient-elle.

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