Neuf ans au Laos

Offert par Les Affaires


Édition du 05 Avril 2014

Neuf ans au Laos

Offert par Les Affaires


Édition du 05 Avril 2014

Par Matthieu Charest

Photo: Bloomberg

À 16 ans, quand Nathalie Pouliot a quitté Chicoutimi, elle savait que c’était pour de bon. « J’ai toujours su que j’allais déménager ailleurs [à l’étranger], confie-t-elle, et je pensais que je m’installerais au Pérou. C’est un pays que j’aime beaucoup. » Mais du rêve à la réalité, il y a parfois plusieurs fuseaux horaires.

La jeune femme s’inscrit au cégep. Ses études lui permettent de décrocher un poste d’agent au recouvrement fiscal, à Revenu Québec. Quant à ses revenus, confortables, ils lui permettent d’acquérir un triplex. À cette époque, elle mène une vie somme toute assez banale.

La suite, pourtant, est extraordinaire.

Une amie lui suggère de visiter Luang Prabang, une ville située au nord du Laos. Elle s’y rend, et c’est le coup de foudre. « Je ne sais toujours pas ce qui m’a fait tomber amoureuse, avoue l’entrepreneure, aujourd’hui âgée de 43 ans. C’est une petite ville où il n’y a pas grand-chose à faire ! »

Les lieux sont toutefois d’une beauté saisissante. La ville figure d’ailleurs sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle y retourne six mois plus tard, cette fois, pour s’y installer. Avec une associée, elle lance une entreprise de vêtements. Mais la relation d’affaires se détériore rapidement et l’aventure tourne au cauchemar. « Je me suis fait avoir, nous révèle-t-elle en entrevue, je devais tout arrêter avant de devenir folle, d’autant que j’avais un enfant. J’ai préféré perdre 40 000 $ et avoir une belle vie... »

Après 3 ans à l’étranger, Nathalie Pouliot se résout à revenir au Québec. Ses cartes de crédit sont dans le rouge. Au moins, elle peut compter sur son emploi dans la fonction publique ; avant son départ, elle avait opté pour un congé sans solde.

Malgré tout, le rêve d’une vie au Laos est omniprésent. Et lorsqu’elle touche un héritage inattendu, elle sait exactement ce qu’elle en fera.

En septembre 2008, elle retourne au Laos et ouvre un restaurant, le Dyen Sabai. Au début, les temps sont durs. Les clients se font rares, et elle doit travailler comme guide touristique pour arrondir les fins de mois.

Puis, la troisième année, des clients lui apprennent que c’est le Lonely Planet qui leur avait indiqué l’adresse. « Les guides touristiques changent tout », explique Nathalie Pouliot. Depuis, la fréquentation ne cesse d’augmenter. Pendant la haute saison, l’établissement emploie désormais jusqu’à 35 Laotiens.

Surfant sur son premier succès, elle acquiert la seule piscine publique de Luang Prabang. Elle rénove l’endroit de fond en comble, en plus d’y ajouter un bar et une cuisine. Baptisé La Pistoche, l’endroit accueille maintenant autant les résidents que les touristes. Il suffit de quelques milliers de kips (la monnaie nationale) pour payer l’entrée, soit à peu près l’équivalent de 2,50 $. Pour les Laotiens, l’accès aux lieux est gratuite, afin de garantir la mixité sociale.

Cette année, le chiffre d’affaires combiné des deux commerces représente près d’un demi-million de dollars.

À l’instar de la Chine ou du Vietnam, le Laos pratique un communisme incohérent. Le pays a entrepris une libéralisation du commerce, mais en réalité, le parti unique garde le plein contrôle. Dans cet État, même si l’entrepreneure paie 30 % d’impôts sur ses ventes et 10 % sur ses profits, elle n’a pas le droit d’être propriétaire des terrains sur lesquels se trouvent ses commerces.

Elle n’est pas citoyenne non plus. Du jour au lendemain, les autorités pourraient décider de l’expulser sans préavis. Ce à quoi Nathalie Pouliot répond : « Bien sûr, il n’y a pas de sécurité ici ! Mais si tu vis dans la peur, tu ne vis pas vraiment. »

Les Affaires s'est penché sur le récit de huit Québécois qui ont choisi de s'exiler pour démarrer une entreprise. Si leurs pays d'adoption respectifs - et leurs parcours - sont parfois aux antipodes, ils partagent tous une audace et une détermination singulière.

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