Les jeunes font plus confiance à l'armée qu'aux médias

Publié le 15/09/2017 à 11:36

Les jeunes font plus confiance à l'armée qu'aux médias

Publié le 15/09/2017 à 11:36

Par François Remy

INFOGRAPHIE. L’armée, la police et même les banques obtiennent davantage de crédit que les médias aux yeux des «enfants du web». Un nouveau clou dans le cercueil des groupes de presse?

«Les jeunes articulent une vision claire du monde dans lequel ils veulent vivre: un monde où les valeurs de justesse, d’égalité, d’intégrité et de responsabilité sont la base d’un contrat universel de développement inclusif», affirme Cobus de Swardt, gestionnaire dirigeant de Transparency International. Mais derrière ce postulat emphatique, quelle place occupent alors dans ce «contrat» des médias apparemment décriés de toutes parts? Quels autres jugements la jeunesse porte sur ce secteur d'activités dont on annonce la mort financière chaque mois?

Un peu plus de 30% des 18-35 ans considèrent que les médias sont honnêtes et justes, ressort-il de l'étude annuelle des Global Shapers, dont nous vous parlions récemment sous l'angle du rapport des jeunes au travail. Bilan faiblard à première vue.

Surtout que plus de 45% avouent au contraire s’en méfier sérieusement. Et l’émergence des «fake news», des «infaux» lors de l’élection américaine de 2016, n’explique pas à elle seule cette tendance lourde auprès de la génération montante.

Ce niveau de défiance se montre comparable à celui envers les banques (45,3%), les grandes entreprises ou les gouvernements.

Cela reflèterait, selon les auteurs de l'étude, le fait que la jeunesse s’inquiète de la corruption au sens large. Pourtant, ces jeunes des quatre coins du globe se montrent moins opposés à la police, à l’armée ou à la justice (32,3%).

Et ils portent en haute estime les institutions académiques (63,8% de confiance en leur équité), leurs employeurs (54,1%) et les organisations internationales (52,2%).

À noter toutefois que l’Europe et l’Amérique du Nord affichent dans l’ensemble la plus grande confiance envers les médias.

Moutons du web?

La viralité de certains contenus sur internet renvoie parfois une image d'un jeune qui gobe tout et partage sans réfléchir. Pourtant, d'après les étonnants résultats des Global Shapers, le jeune se voudrait prudent en ligne et jugerait rigoureusement la fiabilité de ce qu'il y voit passer.

Priorité ainsi aux sites certifiés (61,8%) pour assoeir la crédibilité d'une information. Les marques médiatiques interviennent de façon importante ensuite puisque le caractère fiable est mesuré selon la réputation de l'éditeur (53,6%). Ou, en troisième lieu, si le contenu est partagé par des experts (48,4%).

Cela signifierait que la génération d’internet prend soin de vérifier les sources d’informations qu’elle consomme. Surprenant n'est-ce pas?

D'ailleurs, 49,5% déclarent n’avoir jamais partagé d’article ou de contenu qui s’est avéré par la suite appartenir à la légion des fausses nouvelles.

Quatrième pouvoir?

Lorsqu’on demande à la génération du web quel est le plus important facteur contribuant à l’autonomisation (empowerment) de la jeunesse, les réponses varient fortement d’une région à l’autre du globe.

En Europe, des médias sans censure gouvernementale se hissent malgré tout en troisième choix avec 32,7%. Tandis que ce pourcentage grimpe à 45,9% en Asie-Pacifique, soit la première condition là-bas.

En Amérique du Nord, les médias d’information «libres» seraient le deuxième moteur d’émancipation (43,9%). Et ce, après l’accès à internet (44,0%) et juste avant un écosystème propice aux start-up et à l’entrepreneuriat (40,3%).

Le journalisme garderait un rôle sociétal? Des médias indépendants et un internet libre paraissent essentiels aux jeunes pour leur émancipation. Mais cette nécessité s'exprime qu'à la seule condition du caractère factuel et digne de confiance de l’information.

Hyperconnectés car hyperdistants?

Enfin, quand on naît en même temps que de nouveaux outils de communication, il n’est pas étonnant de voir ceux-ci façonner nos relations et la société dans son ensemble.

À l’ère du numérique, l’interaction en ligne semble on ne peut plus commode. Mais malgré la profusion technologique, «le face à face reste la forme de communication la plus importante, l’engagement social requérant encore une présence physique», notent les rapporteurs.

Cela dit, vu le temps croissant passé sur internet, on assiste à une explosion de la consommation d’infos. Notamment sur les réseaux sociaux, troisième moyen de communication le plus fréquent de 18 à 35 ans.

Constat alarmant cependant, le pourcentage de confiance ressort ridiculement bas: seul 1,3 % des répondants assure croire les nouvelles glanées sur les médias sociaux, 28,2% reconnaissant ne pas vraiment prendre toutes ces infos au sérieux.

En synthèse, tout l'enjeu des groupes médias serait de retrouver un incitant pour le journalisme de qualité sur les réseaux sociaux et se désolidariser financièrement de l'atomisation des contenus par les plateformes technologiques. Ces plateformes devant rester des outils pour atteindre l'audience et non remplir les coffres.

 

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