La Tablée des Chefs poursuit son expansion en déployant cet automne à Vancouver ses programmes de distribution de portions alimentaires auprès des personnes défavorisées et d'ateliers culinaires pour les adolescents.
«J'ai fondé La Tablée des Chefs [en 2002] pour répondre à un enjeu local, le gaspillage alimentaire à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie et dans les hôtels montréalais, dit le chef Jean-François Archambault. Je n'avais aucune prétention nationale ou internationale.»
C'est en participant à un panel d'Ashoka, le plus important regroupement d'entrepreneurs sociaux du monde, qu'il a son épiphanie. Il s'y présente avec ses documents où l'on pouvait lire «La Tablée, le moteur d'implication des chefs cuisiniers et pâtissiers du Québec». On lui demande : «Tu ne veux pas que ton modèle serve de solution à d'autres régions du monde ?»
La question fait son chemin. Et la vie lui envoie des occasions de passer à l'action. En 2009-2010, le modèle de La Tablée est sollicité à la fois par le Mexique et la ville de Calgary. L'entrepreneur entre au Mexique par l'intermédiaire d'une bourse de quatre ans de la fondation américaine ABC. Les portes de Calgary, elles, s'ouvrent grâce à Didier Luneau, ancien chef du Centre Sheraton Montréal et maintenant directeur général du Westin de Calgary.
«Le Mexique décolle plus lentement, reconnaît M. Archambault. Je dois comprendre l'écosystème philanthropique et communautaire et repérer les grandes entreprises dont les objectifs de responsabilité sociale sont arrimés à ceux de La Tablée, et ce, dans un pays dont je ne parle pas la langue.» Mais il persévère. Il sait que ce pays est parfait pour son modèle. «À Mexico, 24 millions de personnes dépendent de l'aide alimentaire, alors que l'on trouve plusieurs grands hôtels où il se fait beaucoup de gaspillage.»
Nombreux partenaires
L'expansion canadienne de La Tablée, elle, pose un autre défi. «Je dois convaincre mes partenaires québécois de faire le saut ailleurs au Canada, explique l'entrepreneur. Je ne veux pas constamment renégocier de nouveaux partenariats. Je veux poursuivre ceux que j'ai déjà développés : Sobey's, Telus, Saputo, etc.» La Tablée possède aussi une franchise en France.
L'appel de Vancouver est venu du Québécois Pascal Tremblay, ex-chef au Cirque du Soleil, qui a géré pendant quatre ans la plus grosse soupe populaire de Vancouver, la First United Church, où l'on sert 1 000 repas par jour.
«Avec Pascal, nous avons convaincu le Fairmont, le Westin Bayshore ainsi que le Rogers Arena de participer à notre projet-pilote de récupération alimentaire. La Tablée envoie aussi ses brigades alimentaires former les jeunes à l'autonomie culinaire dans deux écoles francophones de la banlieue de Vancouver, dit M. Archambault. Et nous travaillons avec le Vancouver Coastal Health [l'équivalent du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec] pour établir un guide d'inspection des aliments que nous récupérons.»
La Tablée des Chefs s'est aussi associée à une vedette de la scène culinaire vancouvéroise, le chef David Hawksworth.
