Entrevue: Howard Warren Buffett, directeur, Fondation Howard G. Buffett

Publié le 24/12/2012 à 00:00

Entrevue: Howard Warren Buffett, directeur, Fondation Howard G. Buffett

Publié le 24/12/2012 à 00:00

Par Diane Bérard

D.B. - Est-ce une organisation aussi inefficace que l'estiment les gens d'affaires ?

H.W.B. - Vous brossez un portrait réducteur de l'opinion des gens d'affaires. Le gouvernement offre des services que les gens d'affaires apprécient (un système judiciaire sain et des mécanismes de respect de contrats) et d'autres qu'ils détestent (une réglementation et une taxation lourdes). Cela dit, toute personne d'affaires sensée reconnaîtra qu'elle recourt fréquemment aux services des villes, des États et des pays pour que ses affaires tournent. Et que ces services ne pourraient exister sans taxes ni règlements. Toutefois, les gens d'affaires peuvent ne pas être d'accord avec le niveau de taxes qu'ils paient, l'usage par le gouvernement de l'argent des taxes ou la réglementation qui dicte ce que les entreprises peuvent faire et ne pas faire.

D.B. - Vous étiez à Davos. Le thème de cette année était «La grande transformation». Le capitalisme a-t-il un futur ?

H.W.B. - Oui. Mais, comme tous les modèles économiques, il doit évoluer. Et ce, parce des contraintes et des restrictions sont apparues dans le système. Le changement est en cours, et il apparaît là où on ne s'y attendrait pas. Par exemple, les jeunes diplômés qui arrivent sur le marché du travail attendent de leurs employeurs qu'ils fassent le bien, en plus de produire des biens. C'est tout un changement, comparativement aux attentes des employés il y a 10 ou 20 ans.

D.B. - Vous considérez-vous davantage comme le produit de votre génération ou comme le petit-fils de Warren Buffett ?

H.W.B. - Les deux ont influencé à parts égales ma façon de voir le monde et ce que je suis devenu. J'ai grandi en voyant mon père parcourir le monde pour mener les actions phil-anthropiques de la Fondation Howard G. Buffett. Et j'ai très vite compris que ces actions étaient possibles grâce à la générosité de mon grand-père et au dévouement de mon père à améliorer l'état du monde le plus efficacement possible. Mes pairs aussi m'ont façonné. Je suis entouré d'entrepreneurs sociaux qui m'inspirent et me communiquent leur énergie.

D.B. - Qu'avez-vous en commun avec votre illustre grand-père ?

H.W.B. - Nous partageons le même type d'humour, bien qu'il soit plus doué que moi pour faire rire les gens ! Et nous sommes tous deux des penseurs analytiques. Mon côté analytique se manifeste dans tous les aspects de ma vie : le chemin que je choisis d'emprunter, la façon dont j'organise mes réunions et mon travail pour passer plus de temps avec ma femme... Cela se traduit aussi par les outils que j'utilise. Mon BlackBerry, par exemple, est configuré pour une efficacité maximale. Mes capacités analytiques s'avèrent précieuses aussi dans la conduite des relations interpersonnelles, surtout lorsque je dois gérer des conflits.

«Le modèle des organisations caritatives ne tient pas compte du fait que l'acheteur et le consommateur ne sont pas les mêmes personnes. Le consommateur, lui, est le bénéficiaire de l'aide. En affaires, si les consommateurs n'aiment pas votre produit, ils cessent de l'acheter. Les consommateurs des organisations caritatives, eux, ne peuvent cesser de consommer l'aide que vous leur donnez.»

LE CONTEXTE

La crise financière a accru le rôle des philanthropes qui prennent souvent le relais des États. Mais les nouveaux philanthropes ne se contentent pas de signer des chèques. Guidés par leurs réflexes d'affaires, ils exigent une philanthropie efficace.

SAVIEZ-VOUS QUE...

Howard Warren Buffett possède une ferme de 400 acres à Tekamah, dans le Nebraska.

*****************************************************

Chaque semaine dans le journal Les Affaires, notre journaliste Diane Bérard réalise une entrevue avec une personne bien en vue ou une star montante de la scène économique mondiale. Pour la période des Fêtes, nous publions 10 des meilleurs entretiens menés par notre reporter.

À la une

Il faut concentrer les investissements en R-D, dit le Conseil de l’innovation du Québec

24/04/2024 | Emmanuel Martinez

L’État devrait davantage concentrer les investissements en R-D dans certains secteurs, selon le Conseil de l’innovation.

Repreneuriat: des employés au rendez-vous

23/04/2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Le taux de survie des coopératives est bien meilleur que celui des entreprises privées.

De nouvelles règles fiscales favorisent le repreneuriat familial

Édition du 10 Avril 2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Elles devraient stimuler le transfert d'entreprise à des proches.