La fin du pétrole ou un monde qui rapetisse

Publié le 11/09/2009 à 13:05

La fin du pétrole ou un monde qui rapetisse

Publié le 11/09/2009 à 13:05

Nous n’avons pas à craindre un tarissement du pétrole dans un avenir rapproché. De toute façon, la planète n’en manquera probablement jamais. Partout dans le monde, des tonnes de pétrole sont emprisonnées dans toutes sortes d’endroits insolites.

À eux seuls, les sables bitumineux du Canada en contiennent quelque 165 milliards de barils. Nous manquons toutefois du type de pétrole que nous avons les moyens de consommer. Or, pour parvenir à faire du Canada et de ses sables bitumineux le Moyen-Orient de l’avenir, les prix du pétrole devront grimper au point où nous serons forcés de réduire notre consommation.

L’approvisionnement traditionnel en pétrole, ce pétrole abondant que nous avons l’habitude de consommer, n’a pas augmenté depuis 2005. Et, chaque année, le tarissement est responsable de la perte d’environ quatre millions de barils par jour. Autrement dit, nous devrons trouver 20 millions de barils de pétrole par jour en nouvel approvisionnement au cours des cinq prochaines années juste pour nous permettre de consommer en 2014 autant de pétrole qu’aujourd’hui.

Mais voilà, l’approvisionnement que nous perdons chaque année est celui du pétrole produit à faibles coûts au Moyen-Orient. Or, il est remplacé par un approvisionnement non traditionnel de pétrole dont l’extraction à partir de sables bitumineux ou de puits creusés en eaux profondes à des milles sous le fond marin pose de grandes difficultés et est très coûteuse.

Dans la prochaine ère des prix du pétrole à trois chiffres, la distance sera exorbitante. Que la marchandise soit expédiée par avion, par bateau, par train ou par camion, nous consommons du pétrole pour la transporter d’une partie du globe où elle est fabriquée à une autre partie où elle est vendue. Sur le plan économique, pareille situation deviendra insensée quand le prix du baril de pétrole dépassera les 100 dollars. Et cela ne tardera pas à rendre tout le concept de la mondialisation aussi désuet que l’industrie de l’automobile à essence d’aujourd’hui.

Nous ne pouvons empêcher les prix du pétrole de dépasser de nouveau les trois chiffres, mais nous pouvons faire beaucoup de choses pour nous assurer que ces hausses de prix n’aient pas sur l’économie des conséquences aussi néfastes que celles qu’elles ont eues dans le passé. L’une des principales consiste à abandonner le modèle d’économie mondiale fondé sur l’énergie et le transport et à revenir à des économies plus locales. D’où la nécessité de revitaliser de nombreux éléments de notre économie que nous croyions inébranlables.

Dans un monde où le prix du pétrole atteint les trois chiffres, l’importance du marché intérieur s’accentuera à mesure que la forte hausse des coûts du transport nous incitera à remplacer les importations de pays lointains par des achats plus locaux. Tout, de la fabrication de l’acier à la production alimentaire, reviendra soudainement aux sources, dans une économie nord-américaine qui sera bientôt forcée de devenir plus autosuffisante dans presque tous les secteurs.

Qui aurait pensé que les prix du pétrole à trois chiffres pouvaient redonner vie à nos secteurs manufacturiers anémiques ou à nos terres agricoles abandonnées? Pourtant, les forces économiques mêmes qui ont poussé ces industries vers de lointaines contrées les ramèneront bientôt au pays. 

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JEFF RUBIN est ex-économiste en chef de la CIBC, conférencier et auteur du livre Why Your World Is About To Get A Whole Lot Smaller. On peut joindre Jeff Rubin à The Sweeney Agency, www.thesweeneyagency.com

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