Entrevue n°235: Ayah Bdeir, fondatrice, littleBits

Offert par Les Affaires


Édition du 14 Février 2015

Entrevue n°235: Ayah Bdeir, fondatrice, littleBits

Offert par Les Affaires


Édition du 14 Février 2015

Par Diane Bérard
D.B. - Parlez-nous de votre produit. À quoi ressemble-t-il ?

A.B. - Il s'agit d'une bibliothèque de 50 circuits imprimés. On pourrait la comparer à la bibliothèque Lego. Toutes les pièces sont préassemblées et s'imbriquent les unes dans les autres grâce à des aimants. Elles permettent de concevoir des systèmes simples qui produisent du son ou de la lumière. Vous pouvez créer votre propre sonnette, par exemple. Mais vous pouvez aussi imaginer des systèmes complexes reliés à Internet, par exemple. Certains entrepreneurs conçoivent leurs prototypes à partir de pièces littleBits. On pourrait comparer les usages de littleBits à ceux des imprimantes 3D : le spectre s'étend des usages personnels aux usages professionnels.

D.B. - Qui est le public cible de littleBits ?

A.B. - Au départ, nos vendions aux parents et aux professeurs. Plus de 3 000 écoles utilisent littleBits. Puis, à mesure que nous avons ajouté des pièces aux fonctions plus sophistiquées, les professionnels et les entrepreneurs se sont intéressés à nos produits.

D.B. - Qu'est-ce que le bitLab ?

A.B. - C'est une sorte de magasin d'applications [application store] pour les créations littleBits. Ceux qui utilisent nos produits peuvent afficher leurs créations sur le bitLab. Ils doivent présenter leur invention dans une vidéo de 90 secondes. Le public vote pour celles qu'il préfère. Les produits qui reçoivent plus de 1 000 votes en 45 jours passent à l'étape suivante. Un comité évalue ceux qui seront fabriqués par littleBits. Nous versons 10 % des ventes à l'inventeur.

D.B. - littleBits s'inscrit dans le «maker's movement». De quoi s'agit-il ?

A.B. - Le «maker's movement» est une réaction à la dématérialisation des choses. Il répond aussi à un désir de fabriquer, de créer ce que l'on utilise plutôt que d'acheter ce que d'autres ont fait. Ce mouvement s'incarne dans plusieurs domaines : la cuisine, les médias, la technologie, le secteur manufacturier, etc. Il possède ses publications et ses expositions. En ce moment, on compte plus de 1 000 «maker's fairs» dans le monde. Le Maker's magazine a parlé de moi il y a 10 ans, dans sa première édition. À cette époque, littleBits n'existait même pas. J'en étais à explorer la technologie comme outil pour stimuler la créativité et la compréhension du monde.

D.B. - Quel impact littleBits a-t-il sur le monde des affaires ?

A.B. - J'en vois plusieurs. D'abord, notre produit stimule la créativité et l'innovation pour tous. Si on est plus créatif dans la vie, on sera plus créatif au travail. Ensuite, littleBits réduit les barrières à l'innovation en permettant de fabriquer des prototypes à peu de frais. Pour les PME, cela peut devient un avantage. Enfin, littleBits contribue aux connaissances générales de ses utilisateurs. On n'apprend pas les mathématiques pour devenir comptable, mais bien pour les employer au quotidien et dans notre travail. Aujourd'hui, on devrait appliquer le même raisonnement à la technologie. Des connaissances de base devraient faire partie du coffre à outils des employés. littleBits contribue à ce savoir de base.

D.B. - Après trois ans, littleBits est vendu dans 70 pays. Quel est votre prochain défi ?

A.B. - Gérer la croissance. Je suis constamment en recrutement ! De nombreux pays réclament nos produits. Il faut massifier nos opérations pour répondre à la demande. Mais je dois aussi me consacrer à la recherche de financement. Il faut financer la croissance. Comme entrepreneur, on est souvent tenté d'accepter le premier investisseur qui veut de nous. Il faut résister à cette tentation. L'investisseur est un partenaire, il faut prendre le temps de le choisir. Cela me pose un défi car, en ce moment, je fais face à un enjeu de gestion de temps et de priorités. Je dois aller vite tout en prenant mon temps. Et puis, des concurrents commencent à émerger. Il fallait s'y attendre. Mon entreprise a trois ans, j'ai donc un peu d'avance sur la concurrence. Je dois faire évoluer nos produits, élargir leurs usages, la clientèle cible et le réseau de distribution. Ainsi, depuis novembre 2014, littleBits est vendu dans 2 000 succursales Radio Shack.

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