60 secondes: «Québec doit vite revenir sur sa décision» — Pierre-André Julien, Institut de recherche sur les PME de l’UQTR


Édition du 21 Juin 2014

60 secondes: «Québec doit vite revenir sur sa décision» — Pierre-André Julien, Institut de recherche sur les PME de l’UQTR


Édition du 21 Juin 2014

Pierre-André Julien, de l'Institut de recherche sur les PME de l'UQTR

Jacques Daoust, nouveau ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, a pris la décision d'abolir le programme des gazelles. Qu'en pensez-vous ?

Vous savez (soupir), dans un gouvernement, on ne sait jamais comment ça peut tourner. Ça ne me surprend pas, mais je trouve cela très malheureux. D'une part, parce que c'était un beau projet. Ensuite, parce que, pendant ce temps, d'autres comme la Nouvelle-Zélande, l'Australie, la Hollande, la France et la plupart des pays européens y croient et ont déjà entrepris d'aider leurs gazelles, ces entreprises à fort potentiel de croissance. Ils ont compris que de 40 à 70 % des emplois sont créés par ces gazelles. Ce n'est pas la solution à tous les problèmes économiques, mais c'est une des solutions très efficaces.

Je comprends donc qu'à vos yeux, le nouveau gouvernement a commis une erreur. N'est-ce pas ?

Oui. Exactement. D'autant que ce n'était pas un programme très coûteux par rapport à toutes les subventions qui sont accordées aux entreprises chaque année, en particulier à la grande entreprise, dont la croissance est beaucoup plus lente comparativement aux plus petites et moyennes entreprises. Les gazelles, elles, croissent d'au moins 20 % par année, année après année.

Dans le contexte actuel, où le gouvernement tente de redresser les finances publiques, est-ce que cette décision vous paraît plus acceptable ?

Je comprends le contexte. Le problème est que, pendant qu'on coupe les ailes au programme des gazelles, on ajoute de l'argent à l'exportation et à la R-D ; ce qui n'est pas mauvais... Mais pour créer de l'emploi, les gazelles ont un impact beaucoup plus important. Une aluminerie qu'on aide à gros prix peut créer 500 emplois, alors que 100 gazelles, aidées minimalement, en créent plus de 2 000.

Comment expliquez-vous cette décision, alors ?

Je ne vois que deux façons de l'expliquer. D'abord, c'est toujours plus difficile de couper un programme déjà existant par rapport à un autre qui n'en était qu'à ses balbutiements, comme celui sur les gazelles. Ensuite, il est plus facile de supprimer un programme qui aide une minorité que de risquer de déplaire aux 97 % des autres entreprises qui n'étaient pas visées par un tel programme.

Si on vous accordait deux minutes pour parler au ministre Daoust, que lui diriez-vous ?

Je lui conseillerais de revenir sur sa décision, quitte à limiter le nombre de gazelles à 25 plutôt que 100 par année, comme on l'avait d'abord envisagé. Qu'il tente l'expérience au moins. Il y a trop de travail de fait, trop d'expériences accumulées, trop à perdre en somme pour jeter le bébé avec l'eau du bain.

20 % - Les entreprises qui croissent d’au minimum 20 % par année, pendant au moins trois ans de suite, sont considérées comme des gazelles.
Source : Pierre-André Julien

Pierre-André Julien est professeur émérite à l’Institut de recherche sur les PME de l’UQTR. il a été l’un des premiers à s’intéresser aux PME et au phénomène des gazelles. Spécialiste de réputation internationale, il a cofondé l’Association internationale de recherche en entrepreneuriat et PME, en plus de publier nombre d’ouvrages pour le compte de l’OCDE. Il s’est vu attribuer en 2006 le titre de Chevalier de l’Ordre national du Québec.

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