Femmes en affaires : soyons fiers !


Édition du 14 Janvier 2017

Femmes en affaires : soyons fiers !


Édition du 14 Janvier 2017

[Photo : 123RF/Sergey Nivens]

Et voilà, c'est reparti pour une nouvelle année ! Je vous la souhaite riche en accomplissements, en succès et en belles rencontres.

Avant de tourner notre regard vers l'avenir et de nous lancer corps et âme dans les projets qui nous mobiliseront pour les prochains mois, il convient de faire le point sur les enjeux qui nous tiennent à coeur.

Nous pouvons, bien sûr, dresser le bilan de notre entreprise, de notre parcours comme entrepreneur et de nos bons coups professionnels. Mais pourquoi ne pas aller plus loin en nous félicitant du chemin parcouru par les femmes oeuvrant dans le milieu des affaires ?

En novembre dernier, j'ai eu la chance de faire partie d'une délégation organisée par les Entretiens Jacques Cartier, qui favorisent les échanges entrepreneuriaux, scientifiques et sociaux entre la région Auvergne-Rhônes-Alpes et le Québec. Chaque année, des recteurs, des universitaires et de grosses pointures de différents secteurs sont invités à venir discuter des enjeux qui les animent.

Jamais encore les femmes d'affaires n'avaient été à l'honneur. C'est maintenant chose faite.

Pour la première fois, en 2016, la délégation comptait dans ses rangs des entrepreneures d'exception qui avaient accepté de partager leurs espoirs et leur vision dans le but de s'inspirer et de s'entraider. Comment font-elles des affaires ? Comment les méthodes, les outils et le quotidien de ces femmes québécoises se comparent-ils à la réalité de leurs homologues françaises ?

Pendant plusieurs jours, nous avons multiplié les panels et les discussions, favorisant les rapprochements entre des entreprises aux défis similaires malgré la distance qui nous sépare.

Au-delà de la camaraderie et de la qualité exceptionnelle de ces échanges, un détail m'a frappée. Les titres professionnels de mes collègues françaises étaient accordés au masculin. Les directrices restaient des directeurs. Idem pour les professeurs, les ingénieurs ou les procureurs.

J'ai eu l'impression de revenir vingt ans en arrière. Les femmes d'affaires et entrepreneures françaises ont admis qu'elles avaient encore énormément de difficulté à se faire respecter dans le cadre de leurs activités. Le mépris, les insultes et la condescendance sont le lot de plusieurs, comme si certains collègues avaient encore du mal à les accepter dans leur petit cercle d'initiés, comme si les femmes devaient encore se cacher derrière un homme pour entreprendre.

Quand on se compare, on se console...

On déplore souvent que le rôle des femmes dans le milieu des affaires n'évolue pas assez vite au Québec. On voudrait qu'elles soient davantage représentées au sein de la haute direction des sociétés et des conseils d'administration. On voudrait qu'elles soient mieux rémunérées et qu'elles fassent entendre leur voix avec plus de force et de conviction autour de la table.

Comme vous, je souhaite combattre ces disparités qui n'ont plus leur place dans une société dite égalitaire. J'aimerais toutefois profiter de cette tribune pour mettre l'accent sur des initiatives positives qui visent à améliorer la situation. Et il en existe des tonnes !

En septembre dernier, le gouvernement a injecté 19 millions de dollars dans l'organisme Femmessor pour soutenir les entrepreneures dans la croissance de leur entreprise et pour favoriser l'exportation de leurs produits et services.

En décembre, j'ai aussi fait partie du panel de L'effet A, un organisme québécois visant à propulser l'engagement professionnel des entrepreneures. J'ai assisté aux présentations de femmes ambitieuses et déterminées qui vantaient les mérites de leur compagnie. J'ai rencontré des entrepreneures de chez nous qui n'avaient pas peur de conquérir des territoires autrefois réservés aux hommes, de racheter des compagnies existantes et de s'impliquer dans l'actionnariat. Ces jeunes femmes de coeur et de talent travaillent dur pour faire valoir leurs compétences dans un monde d'hommes.

Il serait faux de dire que le combat est terminé, que la victoire est acquise. Mais quel chemin avons-nous parcouru au Québec ! Chaque fois qu'une entrepreneure remporte une bataille, chaque fois qu'une femme d'affaires obtient un privilège ou fait avancer les négociations, elle sert non seulement son intérêt personnel, mais elle ouvre aussi la voie pour toutes les autres qui suivront.

Si vous défendez votre point auprès d'un directeur de banque et que vous obtenez gain de cause, vous venez de transformer, sans le savoir, son schème de pensées. La prochaine fois qu'une entrepreneure franchira la porte de son bureau avec une requête similaire, ses démarches seront sans doute facilitées.

Bravo à toutes ces femmes qui brisent les dernières barrières, mais n'oublions pas aussi de remercier tous ces hommes québécois qui sont de formidables alliés. J'ai déjà vu des hommes courageux s'interposer parce qu'un autre homme venait de rabaisser une collègue. Merci d'exiger le respect pour les femmes d'affaires et les entrepreneures, que ce soit ici ou dans le cadre de vos relations d'affaires à l'étranger.

Soyons conscients que nous sommes déjà un modèle sur le plan international, et que nous avons le devoir de le rester en nous améliorant.

En 2017, démontrons de la gratitude pour toutes ces femmes qui, jour après jour, se tiennent debout pour changer les choses. Prenons le temps de nous féliciter pour toutes nos avancées, collectives et individuelles, puis retroussons-nous les manches pour mener à bien les prochaines étapes.

Bonne année... et bonnes affaires !

Biographie

Danièle Henkel a fondé son entreprise en 1997, un an après avoir créé et commercialisé le gant Renaissance, distribué partout dans le monde. Mme Henkel a été plusieurs fois récompensée pour ses qualités de visionnaire et son esprit entrepreneurial. Elle est juge dans la téléréalité à caractère entrepreneurial Dans l'oeil du dragon, diffusée à Radio-Canada.

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