Faut-il une loi Buy Canadian ?

Publié le 14/03/2009 à 00:00

Faut-il une loi Buy Canadian ?

Publié le 14/03/2009 à 00:00

Par François Normand

Au Canada, une PME sur deux a des réflexes protectionnistes exacerbés par la récession : 53 % d'entre elles souhaitent que le Canada maintienne les barrières commerciales qui limitent l'importation de certains produits, révèle le Business Monitor 2008, un sondage réalisé récemment par TNS Canadian Facts pour UPS, le géant mondial de la messagerie.

Le protectionnisme n'est donc pas l'apanage des Américains. Faudrait-il les imiter au point d'adopter une loi Buy Canadian calquée sur la loi Buy American ?

Même s'ils sont le bastion du capitalisme et du libéralisme économique, les États-Unis comptent plusieurs lois protectionnistes, comme la Buy American Act, qui a défrayé les manchettes en février.

Selon cette loi, toute marchandise utilisée par le gouvernement fédéral doit être fabriquée aux États-Unis avec des produits locaux. Nos voisins ont aussi une loi Buy America qui s'applique au transport en commun et aux infrastructures.

Le Canada doit faire comme ses partenaires

Selon Jean-Michel Laurin, vice-président, politiques d'affaires mondiales, des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, le pays devrait se doter d'une loi semblable.

"La plupart des économies industrialisées ont ce genre de politique, rappelle-t-il. Le Canada devrait faire de même : pas pour être protectionniste, mais pour harmoniser ses politiques avec celles de ses partenaires commerciaux."

Selon lui, une loi "Achetez canadien" pourrait prévoir un pourcentage de contenu local. Elle ne serait qu'un des critères de sélection d'un appel d'offres, au même titre que le prix, la qualité du produit ou l'échéance.

"Les entreprises canadiennes ne seraient pas avantagées. La faveur irait seulement à celles qui auraient une présence au pays, et ce, peu importe leur nationalité."

Un frein à la reprise

La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, estime que ce genre de politique peut être "tout à fait acceptable" dans certains cas précis, par exemple, pour des contrats locaux.

Mais elle précise que la CSN est contre l'adoption d'une loi qui systématiserait cette pratique à tous les appels d'offres gouvernementaux.

"Si tous les pays se mettaient à faire ça dans le contexte actuel, ce serait une mesure de ralentissement plutôt que de relance économique", dit Mme Carbonneau.

Si la CSN a souvent critiqué la mondialisation des marchés dans le passé, ce n'est pas, précise la syndicaliste, dans une perspective protectionniste, mais pour dénoncer le manque de protections sociales et de mesures pour protéger l'environnement.

Le Canada ne fait pas le poids

Pour sa part, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), qui représente des PME canadiennes, estime que le Canada a beaucoup plus à perdre qu'à gagner.

"Le Canada est une petite économie ouverte sur le monde qui n'a pas la force des États-Unis pour se permettre une telle loi", dit Simon Prévost, vice-président pour le Québec de la FCEI.

Selon lui, nos entreprises ont largement profité des accords de libre-échange, surtout avec les États-Unis, et il faut donc poursuivre dans cette direction.

francois.normand@transcontinental.ca

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