Entrepreneuriat au féminin : entre mythe et réalité

Offert par Les Affaires


Édition du 03 Décembre 2016

Entrepreneuriat au féminin : entre mythe et réalité

Offert par Les Affaires


Édition du 03 Décembre 2016

[Photo : 123RF/Sergey Nivens]

En ces temps tumultueux, il est parfois bon de se rappeler les perspectives encourageantes de notre économie. L'entrepreneuriat au féminin se porte bien. Depuis les années 2000, les femmes québécoises qui envisagent de se lancer en affaires sont de plus en plus nombreuses. Les résultats du sondage Indice entrepreneurial québécois montrent en effet que 10 % des femmes étaient propriétaires d'une entreprise en 2014, par rapport à 5 % en 2009.

Comme mentor, il me fait toujours plaisir quand ces entrepreneures, actuelles ou en devenir, me communiquent leurs projets, leurs ambitions, leurs rêves. Du même souffle, elles me confient souvent leurs hésitations, leurs doutes, leurs interrogations... La confiance qu'elles me portent me va toujours droit au coeur.

Au fil de mes rencontres et de mes observations sur le terrain, j'ai constaté que le monde des affaires au féminin ne se conjugue pas exactement de la même manière que l'entrepreneuriat au masculin. Malgré le discours véhiculant le principe qu'il n'existe aucune différence entre les hommes et les femmes d'affaires, les entrepreneures semblent ajouter un nouveau visage au modèle traditionnel.

Loin de moi l'idée d'accoler aux hommes et aux femmes des étiquettes rigides. Vous aurez bien compris que je parle de tendances générales, et non de vérités absolues. Dans les faits, il existe autant d'approches entrepreneuriales qu'il y a de chefs aux commandes.

Les entrepreneures sont-elles plus émotives ?

Pour briser le fameux plafond de verre, certaines femmes d'affaires se forgent une carapace impénétrable. Les émotions ne doivent plus faire partie de l'équation. Le coeur est vu comme une faiblesse. On y croit tellement que même nos moeurs en sont teintées. Pour être une femme d'affaires respectée et respectable, on troque notre sourire pour un air grave, on rejette l'affect et l'intuition au profit des chiffres.

Je ne suis pas de celles qui croient que le succès passe par une cuirasse de protection. Bien au contraire. Ce n'est pas parce que je hausse le ton durant une rencontre que je suis dépassée. Ce n'est pas parce que je souris en abordant un sujet chaud que je suis inconsciente des enjeux. Les émotions ne freinent pas la réussite, elles peuvent même favoriser des rapports humains plus sains, authentiques et constructifs.

Les entrepreneures prennent-elles moins de risque ?

En général, je crois que les entrepreneures sont plus prudentes dans la gestion de leurs finances. Depuis des décennies, la femme est responsable des dépenses de la famille - elle traque les rabais, elle se charge des emplettes et de l'inventaire, elle multiplie les ruses pour économiser...

Quand une entrepreneure se lance en affaires, elle conserve cette habitude et soupèse longuement chaque décision, ce qui peut être un avantage... comme un piège !

Les entrepreneures ont des idées fantastiques. Elles élaborent leur plan d'affaires, elles font des recherches pour bien cerner le marché. Le problème survient quand elles réalisent les investissements requis. Elles paniquent, se remettent en question et flirtent avec la possibilité de tout abandonner. La ligne est mince entre analyser et paralyser.

Et si on franchissait cette barrière en osant parler d'argent entre nous, au même titre qu'on parle des enfants, d'environnement ou de boulot ? Pourquoi en avoir honte ? On gagne durement notre argent, grâce à notre expertise, notre savoir, notre labeur. Il est temps de mettre ce sujet sur la table afin de ne plus en avoir peur.

Les entrepreneures sont-elles moins solidaires ?

Les femmes sont naturellement donneuses - de leur temps, de leurs contacts, de leurs conseils, de leur argent... La problématique ? On vit dans une société naturellement «receveuse». Alors que les hommes prennent des décisions assumées et sans culpabilité, les femmes se font siphonner énergie et ressource.

Et si on s'entraidait davantage ? En affaires, on parle souvent du boys' club. Les hommes d'affaires épluchent leur carnet d'adresses pour aider un collègue, ils se passent la balle, ils se valorisent les uns les autres. Ils ne font pas toujours dans la dentelle, mais ils ont le mérite d'être transparents.

Les femmes qui gravitent dans les hautes sphères ne sont pas toujours aussi solidaires. Je rêve du moment où nous aurons un ladys' club !

Recourir à la technique de l'amplification

Une piste de solution concrète pour y arriver ? Quand une femme travaillant à la Maison-Blanche émet une bonne idée dans une réunion, ses collègues féminines la reprennent aussitôt pour la valoriser et donner crédit à son instigatrice. La tactique de l'amplification permet non seulement aux femmes de s'imposer, mais elle les rallie au même objectif : celui de se serrer les coudes !

Les entrepreneures portent des valeurs entrepreneuriales différentes de celles de leurs homologues masculins. Et alors ? Depuis mon premier jour en affaires, j'assume pleinement cette féminité qui ne compromet en rien mes compétences. Je peux négocier, vendre et décider aussi bien que mes collègues, mais je n'aborderai jamais un projet comme un homme, tout simplement parce que je n'en suis pas un. Et c'est tant mieux !

Les statistiques ne se renverseront pas du jour au lendemain, mais le monde des affaires change, un mythe à la fois. Les femmes sont de plus en plus représentées dans des secteurs autrefois réservés aux hommes, que ce soit la science, l'ingénierie, la technologie ou l'informatique. Elles ont compris que la clé est de s'élever les unes les autres, de prendre conscience de la valeur du nous et, surtout, de la valeur de leur différence. Ni meilleures ni pires, elles font simplement les choses... à leur façon !

Biographie

Danièle Henkel a fondé son entreprise en 1997, un an après avoir créé et commercialisé le gant Renaissance, distribué partout dans le monde. Mme Henkel a été plusieurs fois récompensée pour ses qualités de visionnaire et son esprit entrepreneurial. Elle est juge dans la téléréalité à caractère entrepreneurial Dans l'oeil du dragon, diffusée à Radio-Canada.

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